La Brigade des 5 - Volume 2 : Les Pisteurs

J’ai une passion immodérée pour la littérature populaire policière et notamment pour celle fasciculaire et les formats courts équivalents (textes de 10 000 à 20 000 mots).

De plus, cette passion est doublée d’une autre, celle des personnages récurrents.

Aussi, quand une collection décide de regrouper 5 récits courts de personnages récurrents de la littérature populaire policière, comment pourrais-je passer à côté ?

C’est la vocation de la collection « La Brigade des 5 » de « OXYMORON Éditions ».

Déjà, en soi, l’idée me plaît forcément…

Mais, après un premier volume surnommé « Les pionniers », regroupant une aventure de 5 des premiers enquêteurs ou criminels de la littérature populaire de langue anglophone (oui, même si l’on doit le roman policier à l’écrivain français Émile Gaboriau, le genre, notamment le récit policier court fut démocratisé par les Anglais et les Américains), me permettant de retrouver Sherlock Holmes, Nick Carter, La Machine à Penser ou Le vieil homme dans le coin et de découvrir le cambrioleur Arthur J. Raffles, j’étais conquis.

Aussi ce fut avec un grand plaisir que je reconstituais l’édifice du Volume 2 intitulé « Les Pisteurs » et mettant en scène parmi les premiers enquêteurs ou criminels récurrents de la littérature populaire française.

Du fait de récit court, il fallait bien s’attendre à l’absence du pourtant incontournable Rouletabille.

Mais le reste avait de quoi séduire avec des héros classiques et d’autres, moins connus.

La Brigade des 5 – Volume 2 : Les Pisteurs :

5 personnages récurrents de la littérature populaire/5 récits :

— Arsène Lupin/Le 7 de cœur

— Allan Dickson/L’alibi

— Marc Jordan/Le satyre de La Villedieu

— Toto Fouinard/Le tueur d’enfants

— Florac et La Glu/L’empreinte fatale

La Brigade des 5 se reconstitue donc en France avec, pour commencer, et fort logiquement, le gentleman cambrioleur Arsène Lupin et son aventure « Le 7 de cœur ».

Ce premier choix est judicieux tant dans le choix du héros que celui du récit puisque c’est dans celui-ci qu’Arsène Lupin rencontre celui qui sera son historiographe même si cette aventure n’est pas la toute première publiée du personnage.

On y retrouve à la fois la plume de Maurice Leblanc et la façon qu’Arsène Lupin a toujours ou presque de se présenter sous d’autres oripeaux que les siens et son intelligence, sa perspicacité, mais également sa façon de se jouer un peu de tout le monde.

De plus, « Le 7 de cœur » met en scène des enjeux historiques ou géopolitiques comme souvent dans les aventures d’Arsène Lupin.

Je finirai par évoquer un texte d’une taille approchant celle des fascicules, donc collant parfaitement à la politique éditoriale de la collection.

Si Allan Dickson n’est pas le personnage le plus utilisé par son auteur, Arnould Galopin, une de ses aventures constitue pourtant un « classique », pour ceux qui vont un peu plus loin que les évidentes lectures : « La ténébreuse affaire de Greenpark » aussi nommé « Le crime de Greenpark ».

Pourtant, rares sont les lecteurs ayant eu vent de toutes les aventures du personnage et, notamment, de celles, plus concises, parues dans un magazine dans la première décennie des années 1900.

C’est le cas de « L’Alibi », la toute première enquête menée sur papier par le détective américain Allan Dickson…

D’un format très court, on ne s’étonnera pas que l’intrigue soit faible et que la résolution de celle-ci soit simple et linéaire.

Pour autant, elle forme un témoignage intéressant sur un personnage que l’on pouvait penser rare (au mieux, le lecteur lambda connaît, en plus du roman précité, « L’homme au complet gris ») et dont on ignorait qu’il fut présent dans des formats très courts…

Le troisième membre de la Brigade est malheureusement méconnu bien que je vous en ai déjà parlé : Marc Jordan.

Marc Jordan est un détective français marchant sur les traces de son homologue américain Nick Carter. Ses aventures furent calquées, tant dans le genre que dans le format fasciculaire sur celles de Nick Carter et furent publiées dans la foulée du succès des traductions des aventures de Nick Carter en France.

De plus, les aventures de Marc Jordan furent l’occasion pour l’éditeur Ferenczi de se lancer à la fois dans le genre policier et dans le format fasciculaire, deux particularités qui firent son succès pendant plus d’un demi-siècle.

On retrouve donc dans les aventures de Marc Jordan les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans celles de Nick Carter.

Pendant que Rouletabille avait un immense succès, un autre très jeune enquêteur (probablement plus jeune que Rouletabille) fit son apparition : Toto Fouinard.

Moins agaçant que son homologue et plus sympathique, Toto Fouinard, né de la plume de l’écrivain Jules Lermina, vécut douze aventures.

Il est, pour moi, l’un des plus attachants héros récurrents de la littérature populaire et, surtout, celui par lequel j’ai découvert cette littérature fasciculaire dont je suis tombé éperdument amoureux.

Florac et La Glu sont probablement des personnages encore moins connus que Toto Fouinard et pour cause, on retrouve leurs aventures mélangées à plus de 200 titres de la collection fasciculaire « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi (encore eux).

Si le rapport Maître/élève n’est pas nouveau dans le récit policier (même pour l’époque) ce duo diffère un peu du fait de l’humour apporté par la gouaille de La Glu.

Du coup, leurs aventures, sans être exceptionnelles, se révèlent toujours plaisantes à lire (et je les ai d’ailleurs déjà toutes évoquées).

Au final, un second volume dont les héros sont un peu moins connus que dans le prédécent (à part Arsène Lupin), mais qui sont réellement des précurseurs, en France, des récits courts de la littérature populaire.