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Loto Édition
13 août 2023

Les flammèches du diable

les_flammeches_du_diable-457527-264-432Je poursuis, dans un total désordre, ma découverte de la carrière du personnage du commissaire Lucien Poirel de Jean Mazarin (un pseudonyme de René-Charles Rey, né en 1934).

René-Charles Rey a la particularité d’avoir écrit pour les deux plus grandes collections de romans policiers : « Série Noire » des éditions Gallimard (sous le pseudonyme de Emmanuel Errer) et « Spécial-Police » des éditions Fleuve Noir (sous le pseudonyme de Jean Mazarin).

Pour le second éditeur, il écrira également des romans pour les collections « Espionnage », « Anticipation » et même « Angoisse ».

Enfin, pour les mêmes éditions Fleuve Noir, il alimentera la collection « Gore » sous le pseudonyme de Charles Nécrorian.

Le commissaire Lucien Poirel est un personnage qui apparaît en 1946 dans « La morte du petit matin » et qui vivra au moins 8 enquêtes.

L’auteur a également développé d’autres personnages récurrents comme Frankie-Pat Puntacallo, Max Bichon, Julien Jendrejeski, Escope Mazonetta.

« Les flammèches du diable » a été publié en 1977.

Les flammèches du diable :

Ça commence mal pour Poirel.
Mis en congé forcé par le divisionnaire, l’enfant terrible de la P.J. décide de retourner dans son village natal, au fin fond de l’Ardèche.
Là-bas, si le pays n’a pas changé, semblant toujours vivre à un rythme séculaire, il se passe de drôles de choses. Les granges flambent comme des allumettes.
Mais les vieilles légendes reviennent vite en mémoire, mêlées à cette aversion qu’on a pour les étrangers qui envahissent les hameaux abandonnés par leurs habitants.
Pour Poirel, le retour au pays sera brutal et ses vacances vont débuter en fanfare, surtout quand son imagination commence à battre la campagne.

Après sa précédente enquête, bien Lucien Poirel est officieusement mis au vert et ses supérieurs lui demandent de prendre un congé. Il profite alors pour retourner dans le village de sa jeunesse, au fin fond de l’Ardèche, pour aller se recueillir sur la tombe de ses parents et revoir ses anciens camarades.

Mais, quand il arrive, il apprend qu’une série d’incendies de granges est en cours et que les esprits s’échauffent au village, notamment à l’encontre d’une communauté de hippies ayant racheté une vieille demeure au-dessus du village…

Je retrouve donc le commissaire Lucien Poirel en dehors de ses affectations, en congé dans son village natal.

Alors qu’il pensait se reposer en retrouvant des amis, il se retrouve au beau milieu d’une hystérie croissante autour d’incendies de granges, les vieux évoquant le diable, les autres accusant des hippies ayant racheté une maison sur les collines.

Si le village est resté le même, les gens ont forcément vieilli en 20 ans, mais certaines choses ont changé avec l’arrivée d’étrangers rachetant les maisons en ruines pour les réhabiliter luxueusement, et ceux ayant racheté le café-restaurant-hôtel du village.

Jean Mazarin, à travers ce court roman, aborde plusieurs sujets. La nostalgie du passé… la désertification des villages par les jeunes allant chercher du travail ailleurs, et leur remplacement par les étrangers avides de vieilles pierres et qui s’installent en étalant leur argent. La contradiction entre les croyances du passé : le diable, les malédictions… et celle du présent (de l’époque), ceux qui vivent autrement sont forcément suspects. (ici, les hippies).

Lucien Poirel, d’entrée de jeu, a l’impression qu’on se moque de lui. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Il ne sait pas, mais son instinct est en éveil. Et le lecteur suit les évènements avec la même appréhension. Il sait, comme l’enquêteur, que ces incendies cachent autre chose, que certains personnages pourtant non pointés du doigt par les villageois ont des comportements suspects…

Le tout est mené avec concision, mais avec une plume alerte et on se rend compte alors qu’il ne faut pas toujours grand-chose pour faire un bon roman policier. Une bonne plume, un personnage qui tient la route sans prendre trop de place, et le lecteur se laisse porter, car, les craintes d’hier sont celles d’aujourd’hui, seules les communautés changent. Les peurs d’hiers sont celles d’aujourd’hui, à propos de la désertification, de monter à la ville chercher du travail, de la crainte de perdre l’identité d’un village à force de vendre les murs à des étrangers. La bêtise d’hier est celle d’aujourd’hui, la peur, l’intolérance engendrant pour seule réponse la violence.

On suit donc avec plaisir cette aventure qui serait presque bucolique, pouvant juste être irrité que toutes les étrangères du village semblent vouloir mettre Poirel dans leur lit… s’il n’y avait pas une justification à tout cela…

Au final, un très bon petit roman empreint de nostalgie, de la langueur estivale, et des craintes d’hier et d’aujourd’hui.

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