Je poursuis ma découverte de la collection fasciculaire « Collection Rouge » des éditions Janicot, une collection de plus de 200 fascicules parus entre 1943 et 1944.
Dans le lot, on y retrouve des textes signés par des auteurs déjà rencontrés ailleurs (Jean des Marchenelles, Léon Groc voire Maurice Lambert), mais également et surtout des auteurs ayant réservé la quasi-entièreté de leur production pour cette collection (Lucien van des Haeghes, Frédéric Sipline, Nevers-Séverin et… E. L. Richard).
E. L. Richard, ou Élie Richard (1885-1976) est un journaliste, écrivain, éditeur et poète à qui l'on doit, dans ladite collection, 7 titres mettant en scène le brigadier puis commissaire Rombal. Mais, pour la « Collection Rouge », Élie Richard a également écrit des récits indépendants dont : « Allô ! Allô ! le mort vous parle », co-écrit avec Saint-Pierre (probablement pas l'Apôtre), un fascicule de 32 pages publié en 1944 aux éditions Janicot.
Quant au co-auteur Saint-Pierre, autant vous dire que je ne sais qui se cache derrière ce pseudonyme
ALLO ! ALLO ! LE MORT VOUS PARLE
Hélène Deluyne, cantatrice célèbre, est hantée par le souvenir de son ancien amant, le peintre Roland Fourestier, décédé il y a plusieurs années.
À chaque moment important de sa vie, elle reçoit des messages cruels et des cadeaux macabres signés de son nom, semant le trouble et la peur dans son existence.
Est-elle victime d'un esprit vengeur ou d'une machination orchestrée par une main invisible ?
Hélène Deluyne est une cantatrice célèbre qui doit beaucoup à feu son mentor et amant le peintre Roland Fourestier, décédé des années auparavant.
Alors qu'Hélène remporte un grand succès avec l'Opéra créé pour elle, elle reçoit un énorme bouquet de violettes (fleurs que détestait le peintre) accompagné d'un mot désobligeant écrit de la main de... Roland Fourestier.
Comment cela est-il possible alors que le peintre est mort depuis longtemps ?
C'est la question qui hantera Hélène au fur et à mesure de la réception des différentes missives similaires.
Hélène Deluyne va alors s'enfoncer dans une déprime et un rejet de la vie dont vont tenter de l'extirper le jeune compositeur Juste Adrien et son maître d'armes...
Que dire de ce récit de 12 000 mots ?
Déjà que je peux lui faire le reproche que j'ai déjà fait quelques fois à d'autres récits indépendants de la « Collection Rouge », c'est qu'il n'y a pas réellement de héros dans cette histoire.
En effet, si le personnage principal est bien Hélène Deluyne, elle n'est jamais proactive dans l'histoire et se contente de subir.
Les autres personnages sont, eux, souvent de passage, dans la vie de la cantatrice et dans l'histoire, exceptés le compositeur et son maître d'armes.
Car ce sont eux qui vont chercher la solution, mais, même s'ils deviennent les " enquêteurs officiels " du récit, ils n'en sont pas pour autant les héros.
Si ce sont bien leurs actions qui vont décanter l'intrigue, ce sera plus par hasard que par une réelle volonté de pousser l'investigation jusqu'au bout.
On reprochera également les motivations du ou des " corbeaux " qui, franchement, peuvent prêter à sourire.
De plus, jamais ne seront réellement expliquées les méthodes utilisées pour se faire passer pour le peintre décédé...
Et que dire de la fin ? Le récit s'arrête abruptement, comme si les auteurs avaient été contraints d'achever l'histoire faute de place (ce qui n'est pas le cas)...
Au final, un récit pas inintéressant, mais qui souffre de plusieurs problèmes qui l'empêche d'être vraiment prenant et marquant.
J'ai longtemps côtoyé les auteurs de la Catalogne Nord et, quand je tombe sur un roman policier écrit par l'un de ces auteurs ou publié par un de ces éditeurs, je n'hésite guère à le lire...
Déjà, parce que je m'intéresse au travail de ces petits ou moyens éditeurs.
Ensuite, parce que je ne doute pas que les auteurs moins connus écrivent parfois des romans plus intéressants que leurs célèbres confrères (« L'ombre du Ratel » de Pierre Euzet ou « Le diable des Pyrénées » d'Alexandre Léoty, par exemple).
Enfin, parce que, souvent, les intrigues de ces romans se déroulent dans ma région et j'aime bien visualiser les scènes de jeu des personnages.
Parmi ces éditeurs de par chez moi, deux sortent du lot et par la taille de leurs catalogues, par le fait qu'ils disposent de collections policières : T.D.O. Éditions et Les Presses Littéraires.
Le premier est un éditeur que j'ai vu grandir, le second... son cas est plus complexe.
En effet, Les Presses Littéraires est à la fois un imprimeur, un éditeur à compte d'éditeur et un éditeur à compte d'auteurs et qui pose, parfois, son logo sur des livres autoédités dont il a la charge d'impression.
Difficile, dès lors, de savoir sur quoi on va tomber quand on se plonge dans un livre sortant de sa presse.
Cependant, « L'ombre du Ratel » de Pierre Euzet m'a démontré que l'on pouvait tomber sur un bon, voire un très bon roman policier.
Comme, en plus, j'aime les personnages récurrents, quand je suis tombé par hasard sur « Mensonge en Catalogne » de Christian Gau, publié en 2022 aux Presses Littéraires, tout semblait réuni pour me séduire.
D'abord, ce roman est le premier opus d'une série mettant en scène Valérie Daguès du SRPJ de Perpignan.
Ensuite, bah, forcément, l'histoire se déroule à Perpignan et ses alentours.
Enfin, il est publié par un éditeur que je connais.
Donc, je me lançais dans la lecture de « Mensonge en Catalogne ».
Pour information, l'auteur, Christian Gay, est un ancien OPJ de la gendarmerie...
Mensonge en Catalogne :
Valérie Daguès est capitaine au Service Régional de Police Judiciaire de Perpignan. En remontant un énorme trafic de stupéfiants, elle va découvrir un monde où le jeu entre les apparences et la vérité devient un art. Immergés dans ce poker menteur, la policière et son groupe vont être contraints d’accepter les règles de l’environnement dans lequel ils évoluent. Pour cela, il va leur falloir jouer avec le code de procédure pénale, voire « l’aménager ». Centre de désaccord éthique, certaines méthodes policières peuvent paraître inacceptables aux bien pensants, car la fin ne justifie pas toujours les moyens ! Les acteurs de cette fiction vont tenter de rééquilibrer les forces en présence pour avoir une chance de triompher, car certains milieux restent habituellement hors d’atteinte. Cependant, quand toutes les règles ont été bannies, la recherche de la vérité et le triomphe du bien peuvent-ils justifier certains écarts dans la forme ? Chacun d’entre nous doit y réfléchir, selon sa propre conscience ! Quitte à sacrifier les apparences, ce polar vous aidera peut-être à vous faire une idée du goût amer qu’a parfois la vérité…
Valérie Daguès est capitaine du SRPJ de Perpignan. Elle est chargée, par son chef, de mettre un terme à une filière de trafic de stupéfiants qui remonte du cannabis du sud de l'Espagne vers Perpignan. Mais cette filière est dirigée par un homme surnommé " Le Juste ", qui multiplie les précautions pour éviter à la fois la police et les concurrents...
Alors, « Mensonge en Catalogne » est-il une bonne pioche ?
Je dois bien avouer que j'ai failli arrêter ma lecture très rapidement.
Déjà, le roman pâti de deux chapitres liminaires qui, non seulement ne sont pas très intéressants, mais qui, en plus, sont rébarbatifs et retardent l'entrée dans l'histoire.
Il s'agit de l'avant-propos de l'auteur et d'une préface écrite par une journaliste.
J'ai bien conscience que le but de ces textes est d'expliquer aux lecteurs que ce qu'il va lire est empreint de réalisme, mais, franchement, on s'en fout un peu...
Bref.
Le roman débute enfin... par un chapitre présentant Abdel Le Juste et son ami d'enfance Jean, les deux têtes du trafic...
Et, là... aïe encore.
Style plat, dialogues qui sonnent creux, défauts de ponctuation...
Je suis fortement tenté de refermer le bouquin et de passer à un autre...
Mais je décide de persister encore un peu.
Le chapitre 2 présente, lui, la capitaine Valérie Daguès et son équipe...
Je ne vais pas vous dire qu'alors le style de l'auteur devient flamboyant, ce serait mentir.
Cependant, la volonté de réalisme de Christian Gau le pousse à décortiquer un peu le travail des policiers, d'expliquer les procédures et cela rehausse immédiatement l'intérêt.
Dès lors, j'entre dans le roman et les défauts suscités deviennent plus digestes.
Certes, le roman est truffé (le terme est peut-être un peu fort, quoique) de fautes, de coquilles.
Oui, les dialogues sonnent parfois creux.
Malheureusement, la plume de l'auteur est un peu trop " journalistique ", un terme que j'utilise pour définir un style qui présente les faits, mais avec un peu de fadeur, sans chercher (ou pouvoir) apporter un petit plus au texte, aux phrases, aux dialogues.
Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on a l'impression de lire un rapport de procédure (je n'en ai jamais lu), mais c'est un peu la sensation.
En clair, volontairement ou non, consciemment ou pas, l'auteur privilégie le fond sur la forme...
Heureusement, le fond est suffisamment intéressant pour capter l'attention malgré un manque de forme.
En effet, l'intrigue (exceptée la fin qui m'a un peu fait grincer des dents) ferait une excellente série un peu à la « Overdose » d'Olivier Marchal (mais en mieux, du moins pour l'histoire).
Car l'auteur s'attarde à la fois sur les méthodes des policiers et sur celles des trafiquants et, d'un bout à l'autre, difficile de se détacher des uns ou des autres.
Bien évidemment, il y a les bons (les policiers) et les mauvais (les trafiquants), mais le personnage d'Abdel n'est pas manichéen et n'est jamais détestable.
Certes, c'est un trafiquant, mais son surnom, " Le Juste ", n'est pas usurpé et son code d'honneur parvient à le rendre sympathique a minima.
De l'autre côté, on évite les flics alcooliques (enfin, presque), dépressifs, violents, ou autres clichés du genre.
L'auteur alterne alors entre les deux camps, s'attardant parfois sur l'équipe d'Abdel préparant son prochain go-slow (un go-fast, mais qui va lentement), ou cherchant à éliminer des concurrents aux dents longues. D'autres fois, l'auteur nous conte les agissements de l'équipe de Valérie Daguès afin de faire un flag sur Abdel et son gang.
Mais, si d'un côté il y a les méchants et de l'autre les gentils, jamais l'auteur ne semble juger ses personnages et se contente (toujours dans son style un peu journalistique) de nous conter leurs faits et gestes.
En plus, le roman nous permet de visiter les alentours de Perpignan, dont on reconnaît certains lieux pour peu qu'on y soit déjà passé, ainsi que le nord de l'Espagne (La Jonquera, Perthus...).
Au final, malgré un style plat, de nombreuses coquilles et fautes et, surtout, une ponctuation anarchique, l'auteur parvient à nous captiver grâce à une intrigue intéressante, un exposé des procédures policières et des méthodes des trafiquants et des personnages pas trop manichéens.
Je poursuis ma découverte de la « Collection Rouge » des éditions Janicot, une collection de plus d'une centaine de fascicules de 32 pages, double colonne, publiée entre 1943 et 1944.
Et, à travers elle, je me familiarise avec la plume d'un certain Nevers-Séverin, auteur du titre du jour, « L'énigme du bal Tabarin ».
Pour rappel, Nevers-Séverin, de son vrai nom Jean-Louis Bouquet (1898-1978) est un scénariste, réalisateur et écrivain assez prolifique, principalement connu pour ses récits fantastiques.
Mais, sous le pseudonyme de Nevers-Séverin et pour le compte des éditions Janicot et sa « Collection Rouge », il s'essaya au genre policier à travers 3 séries de 5 titres chacune.
J'avais déjà évoqué celle mettant en scène « Doum, reporter », c'est-à-dire le journaliste Paul Dumviller.
J'ai également abordé récemment un opus de la série « Les mystères de Montmartre », avec l'excellent titre « Vingt hommes aux abois ».
Il faut savoir que, contrairement à la série « Doum, reporter » ou « Jean Laventure » (la troisième), « Les mystères de Montmartre » est composée de cinq titres indépendants mettant en scène des personnages différents et seulement reliés par le fait que les intrigues se déroulent à Montmartre (et qu'il est fait référence, dans chaque opus, à un des précédents titres).
Ainsi, on peut lire chacun des « Mystères » indépendamment des autres.
Si « Vingt hommes aux abois » s'était avéré un excellent récit, qu'en est-il de « L'énigme du bal Tabarin » ? C'est ce que nous allons voir tout de suite...
L’ÉNIGME DU BAL TABARIN
Lily Thermidor, danseuse étoile au bal Tabarin, est promise à un brillant avenir grâce à ses fiançailles avec le riche joaillier Valentin Dax.
Mais un danger mystérieux vient assombrir son bonheur. Un homme étrange à la barbe noire l'observe chaque soir à travers ses jumelles.
En soi, cet agissement ne serait pas inquiétant si, après une représentation, l'individu n'avait laissé derrière lui, par mégarde, un carnet brun contenant une liste de noms d'artistes féminines... et leurs dates de décès...
Lily Thermidor a tout pour être heureuse. Elle est danseuse dans un spectacle à succès et elle va bientôt se marier avec un jeune et riche joaillier dont elle est amoureuse.
Mais, ces derniers soirs, lors des représentations, elle ne peut s'empêcher d'être inquiétée par l'attitude d'un spectateur qui, chaque fois, l'observe longuement à la jumelle.
Quand celui-ci oublie, dans sa loge, un carnet, l'occasion est trop belle d'en savoir plus sur le bonhomme. Seulement, les seules inscriptions que les pages contiennent sont les noms, les adresses d'artistes féminines... ainsi que leurs dates de décès.
L'inquiétude de Lily Thermidor est à son paroxysme quand elle constate que le dernier nom de la liste est le sien...
Je dois bien l'avouer, je n'avais pas toujours été enthousiasmé par les lectures des aventures de Paul Dumviller.
Pourtant, il faut dire que, la plupart du temps, l'auteur trempait sa plume dans une ambiance fantastique qui fit son " succès ".
Aussi, il fut fort étonnant que je préférasse très largement le premier récit de Mystère de Montmartre que j'avais lu, puisque celui-ci s'inscrivait purement dans le genre policier sans jamais s'approcher du genre fantastique.
Exception qui confirme la règle ? Il ne semble pas, car cette lecture d'un second mystère de Montmartre m'a également enthousiasmé.
Alors, si je dois être totalement honnête, cette lecture m'a surtout enthousiasmé par le fait que, cette fois-ci, je n'ai senti venir le rebondissement final que très très tardivement, ce qui est rarement le cas dans les récits fasciculaires.
En effet, ces récits s'adressaient à des lecteurs peut coutumiers du genre policier pour n'en lire pas à longueur de journée et, surtout, pour ne pas y être confrontés sans cesse par le biais du cinéma et des séries télévisées comme c'est notre cas de puis des années et les auteurs de l'époque pouvaient plus facilement berner le lecteur, le surprendre, qu'il ne le fait avec ceux d'aujourd'hui.
Pourtant, là, je n'ai vu venir la révélation qu'à la dernière seconde, juste avant qu'elle soit révélée, ce qui a forcément renforcé mon plaisir de lecture.
Mais ce n'est pas pour autant que tout ce qui a précédé s'est avéré mauvais.
Au contraire, le scénario même de l'intrigue est à la fois mystérieux et machiavélique, et tout cela en seulement 18 000, un exploit...
Car l'idée de base est réellement intéressante. Cette histoire de monomaniaque qui semble exterminer les artistes et note leurs noms, adresses et dates de décès sur un carnet. L'enquête sommaire qui permet de découvrir, justement, que toutes les femmes inscrites dans ce carnet sont mortes aux dates précisées. La tension montante, la peur de Lily croissante...
Tout cela est vraiment passionnant à l'échelle du récit fasciculaire, un format, dans lequel, généralement, l'auteur n'a pas la place de poser une ambiance et de la faire devenir pesante.
Il faut dire qu'encore une fois, Nevers-Séverin pousse les murs du format en proposant un texte dépassant 18000 mots là où ses confrères se contentent de 12 000 au mieux, 10 000 en général et parfois moins.
Le lecteur suit donc avec intérêt cette lutte entre une future victime et son futur bourreau sans jamais s'attendre à ce qu'il va se passer par la suite.
Il faut vraiment arriver proche du dénouement pour comprendre et se dire que l'auteur nous a bien bernés.
Bref, vous comprendrez que, remis dans le contexte du format fasciculaire, ce récit brille à la fois par son style, la plume de l'auteur et son intrigue...
Au final, Nevers-Séverin démontre qu'il est possible de surprendre les lecteurs d'aujourd'hui avec un récit fasciculaire d'hier, quasiment un exploit.
Dans la littérature populaire policière fasciculaire (que de " r "), il y a quelques collections que j'apprécie tout particulièrement.
Parmi celles-ci, l'une des toutes premières : « Le Roman Policier » aux éditions Ferenczi, publiée à partir de 1916 et dont toutes les couvertures furent illustrées par le génial Gil Baer.
Je citerai, toujours chez Ferenczi (le principal pourvoyeur de fascicules policiers de l'époque), la collection « Police et Mystère » dans les années 1930.
Celle qui m'intéresse aujourd'hui est la « Collection Rouge » des éditions Janicot qui, entre 1943 et 1945, publièrent plus d'une centaine de titres.
Dans celle-ci, on retrouve des auteurs ayant bourlingué de collection en collection, d'éditeur en éditeur.
Mais on y découvre également quelques auteurs qui n'ont pas ou peu œuvré dans d'autres collections.
C'est le cas de Never-Séverin, un pseudonyme de Jean-Louis Bouquet (1898-1978) un scénariste, réalisateur, écrivain assez prolifique.
En tant qu'auteur, il est principalement connu pour ses ouvrages fantastiques.
Mais il s'est également essayé au genre policier, notamment sous le pseudonyme précité, et uniquement pour la Collection Rouge des éditions Janicot.
En effet, pour cette collection, il livrera trois séries de 5 titres chacune :
- « Doum reporter » que j'ai déjà évoqué dans d'autres chroniques.
- « Jean Laventure ».
- « Les Mystères de Montmartre ».
Le titre du jour fait partie de cette série et est même celui qui clôt celle-ci.
Heureusement, les titres semblent pouvoir se lire indépendamment.
« Vingt hommes aux abois » est donc un titre publié en 1944 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot sous la forme d'un fascicule de 32 pages double-colonne.
VINGT HOMMES AUX ABOIS
Lucien Dumont, un jeune provincial plein d'ambition, arrive à Paris avec le rêve d'y trouver une bonne situation.
Mais la capitale se révèle bien plus dangereuse qu'il ne l'imaginait.
Après une rencontre fortuite avec Josette Descoins, une charmante ouvreuse du Cirque Médrano et son frère Pépé, Lucien se retrouve malgré lui plongé dans l'univers sombre d'un redoutable consortium criminel qui terrifie Montmartre...
Lucien Dumont quitte sa province pour Paris afin d'y trouver un bon boulot. Mais, en passant devant le cirque Médrano, il est témoin de l'agression de Josette par un homme. Il décide alors de s'en mêler et, avec l'aide de Pépé, le frère de la jeune femme arrivé entre temps, il met en fuite l'agresseur. Pépé et Josette invitent alors Lucien pour le remercier de son geste.
Pépé, apprenant que Lucien cherche une situation, décide de lui mettre le pied à l'étrier et va le mettre en contact avec un dangereux gang qui terrifie Montmartre.
Seulement, Lucien est un honnête homme, mais, face à un revolver et des menaces, il n'a d'autre choix que d'accepter la proposition...
Nevers-Séverin nous convie au succès et à la chute d'un consortium criminel qui terrifie Montmartre par ses braquages ou ses rackets.
Pour ce faire, il nous présente divers personnages dont Lucien Dumont, un jeune provincial honnête et naïf qui va faire une bonne et une mauvaise rencontre le même soir (Josette et son frère) et se retrouver alors aux prises avec le fameux gang.
En parallèle, on assiste au ras le bol des commerçants, à leurs craintes, également, parfois à leur résignation.
Le gang est bien organisé en multiples cellules dont chacune ignore l'identité des membres de l'autre.
Devant l'incapacité de la police à démanteler le gang, plus rien ne semble pouvoir mettre un terme à ses agissements... et pourtant...
Si Jean-Louis Bouquet semblait préférer œuvrer dans le genre fantastique, force est de reconnaître qu'il se débrouillait plutôt pas mal également dans le genre policier.
En effet, on suit avec un grand intérêt le récit, les mésaventures de Lucien, celles de Pépé, les activités du gang...
Bien qu'on se doute rapidement de la révélation finale qui va mettre à mal le gang, on n'en prend pas moins plaisir à cette lecture tant l'auteur maîtrise à la fois son récit, sa narration, ses personnages que le format.
Au final, un bon, voire un très bon fascicule policier qui donne envie d'en découvrir plus sur « Les mystères de Montmartre » même si les textes de l'époque sont difficiles à trouver.
J'ai découvert récemment la série « Flic de choc » de Serge Jacquemard, une série de 43 titres publiés à partir de 1981.
Ayant un minimum apprécié le premier épisode « Gangs Chinois sur Paris », j'ai décidé d'enchaîner avec le second opus, « R.N. 86, reine du viol ».
Pour rappel, Serge Jacquemard (1928-2006) fut un des piliers des éditions Fleuve Noir grâce à sa forte production pour les collections « Spécial Police » et « Espionnage ».
Enfin, le troisième épisode de la série a été adapté au cinéma en 1983, sous le titre « Flics de choc », avec Pierre Massimi, Chantal Nobel et Jean-Luc Moreau dans les rôles principaux.
R.N. 86, reine du viol :
Le score était lourd au tableau d'affichage pour le Grand Violeur de la R.N. 86. Dans la période comprise entre le 30 juin et le 9 août, il avait assassiné douze personnes et en avait violé six ! Six femmes, six imprudentes, qui avaient passé une nuit de leurs vacances dans leur voiture garée sur le bas-côté d'une des Nationales les plus dangereuses de France. Il fallait stopper le carnage. Le commissaire Jacques Beauclair et les membres du Groupe IV de la Brigade Antigangs, dont une femme, Wanda Roumanoff, avaient pour mission de tendre avec d'autres policiers un piège machiavélique au criminel qu'ils étaient chargés de pourchasser... Le Grand Violeur de la R.N. 86 était coriace ? Tant mieux ! Un gibier de choix pour Flic de Choc !
Une série de viols suivis de meurtres a lieu en plein été sur les parkings et lieux déserts le long de la R.N. 86.
L'équipe du commissaire Beauclair est envoyée sur place pour aider la gendarmerie à arrêter le tueur en se positionnant, la nuit, à des endroits susceptibles d'attirer l'assassin.
Mais il s'en passe de belles, le long de la R.N. 86 et pas que des viols et des meurtres...
On retrouve donc toute l'équipe du Groupe IV, composée du commissaire Jacques Beauclair, du taciturne Philippe Audray, du beau parleur Gratien Scordia, de F.T.N. enfant de la Dass et ancien Para et de la belle et redoutable Wanda Roumanoff.
Serge Jacquemard nous convie donc à une nouvelle enquête de ses personnages et il ne change pas de style.
Mais l'homme était malin (ou fourbe, ou fainéant, ou pressé), car, quand on enchaîne les deux premiers opus on constate rapidement que l'auteur a repris à la virgule près la présentation de chacun de ses personnages.
C'est tout de même un peu gênant qu'il n'ait pas pris la peine réécrire a minima ces passages.
Bref.
Serge Jacquemard privilégie, cette fois encore, l'action à la réflexion et le lecteur ne doit pas s'attendre à une enquête semée d'indices guidant les policiers dans un méandre de questionnement.
Non, l'intrigue est très linéaire et un seul indice suffit à remonter la piste du coupable.
D'ailleurs, l'auteur se rend compte que cette seule résolution des viols-meurtres ne suffirait pas à remplir un nombre de pages suffisant alors, il rajoute quelques péripéties au fil des diverses soirées passées à traquer le violeur.
Malheureusement, le scénario mis en place ne permet jamais d'utiliser les différentes aptitudes des membres du groupe où chacun à son caractère, ses capacités et son utilité.
Ainsi, Audray, Scordia et FTN passent au second plan laissant la vedette à Beauclair et à Wanda (qui sont en couple depuis le premier opus).
On pourra aussi tiquer sur certaines motivations du coupable ainsi que son obsession à demeurer sur la R.N. 86.
Mais si on n'est pas trop difficile, on admettra que l'ensemble se lit agréablement, et ce, d'autant plus qu'il s'agit d'un petit roman.
Au final, malgré une intrigue mince comme du papier à cigarette et qui ne permet pas de mettre en valeur chaque membre du Groupe IV, ce roman est suffisamment agréable à lire pour donner envie de découvrir l'opus suivant... mais peut-être pas tout de suite.
Dans le monde de la littérature fasciculaire, comme dans celui des romans, il existe divers genres d'écrivains.
Les vieux de la vieille, les bons faiseurs, les tâcherons, les audacieux, les talentueux, ceux qui ont eu une production immense et ceux qui n'ont livré que quelques titres.
C'est dans cette dernière catégorie que pourrait se placer l'écrivain du jour : Élie Richard.
Élie Richard, né en 1885 et mort, selon Wikipédia (dont je me méfie toujours des informations en matière de littérature populaire), en 1976, fut un journaliste, éditeur et poète.
En ce qui concerne la paralittérature si chère à mon cœur, il écrivit notamment quelques contes pour la rubrique « Les Mille et un Matins » du journal le matin ainsi que quelques fascicules policiers.
Ces derniers furent principalement dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot en 1944.
C'est d'ailleurs là que l'on retrouve les 7 aventures de son commissaire Rombal.
Mais, pour ladite collection, Élie Richard a également écrit quelques récits indépendants, dont le titre du jour : « La sorcière de Belcastel ».
Ce titre fut publié sous la forme d'un fascicule de 32 pages dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot en 1944.
LA SORCIÈRE À BELCASTEL
Jef mène une existence paisible au sein du village où il s’est installé des années auparavant.
Devenu charpentier, il s'est rapidement établi en couple avec la tenancière de l'auberge. Une enfant est née de cette union et Jef n'a jamais été aussi heureux et épanoui qu'auprès de ses deux « femmes ».
Mais, lors d'une foire, une gitane débarque et l'attitude de Jef change du tout au tout.
Son sourire disparaît, il semble sans cesse sur le qui-vive, il n'a plus goût à rien.
Est-il victime d'un sort de la part de la Romanichelle ? Ou bien la raison de ce bouleversement est-elle à mettre sur le compte du mystérieux passé de Jef ?
Jef est un homme heureux. Il y a quinze ans, trimardeur, il est arrivé dans un petit village et s'y est installé. Il a trouvé une épouse en la personne de la belle tenancière du village avec laquelle il a eu une petite fille.
Mais tout change quand débarque une romanichelle qui semble connaître Jef. Ce dernier devient alors craintif, sans cesse sur le qui-vive et quand la gitane est absente, alors, Jef se renfrogne et semble n'avoir plus goût à rien.
Au point que La Belle, son épouse, pense qu'il est victime d'un sort de la part de la gitane.
Pourtant, la raison de ce changement semble plus profonde et provenir du mystérieux passé de Jef.
Bon, que dire de ce récit de 15 700 mots ?
Déjà, que de policier, il n'a pas grand-chose à voir même si le sujet central de l'intrigue est un meurtre.
Mais Élie Richard semble peu se soucier du genre dans lequel son récit doit s'inscrire et préfère s'attarder sur la vie de Jef, de la Belle, sur les problèmes des gens de la campagne, trempant d'ailleurs sa plume dans la terre et dans la sueur.
Le style est volontairement plus rocailleux, comme s'il était conté par la voix gutturale d'un paysan. On y sent le poids du travail, de la sueur.
L'auteur se concentre alors sur Jef, son changement d'attitude, sa neurasthénie, tout en laissant planer l'ombre d'un dramatique mystère dans le passé du personnage sans jamais, dans un premier temps, jeter la lumière sur celui-ci.
Vient alors l'heure des confidences auprès de son épouse (et du lecteur) qui permet de tout comprendre.
Et, alors que tout semble se résoudre, l'auteur décide de relancer son récit avec un dramatique rebondissement.
Dès lors, on se demande où il veut en venir, ce qu'apporte ce supplément au texte... sans pour autant que la lecture de celui-ci soit indigente, bien au contraire.
Puis vient brutalement la fin qui tombe comme celle d'un conte de quelques centaines de mots, comme ceux qu'il a pu écrire dans les journaux. Sauf que ce parti pris surprend, choque, dans un récit bien plus long.
Au final, Élie Richard nous livre un récit s'intéressant plus à l'état d'esprit, au bonheur, au malheur, à la pression du passé, à la folie, qu'a l'aspect policier inhérent à la collection dans laquelle le titre s'inscrit. Et, malgré tout, il parvient à maintenir le plaisir de lecture, grâce à une plume particulière qui change de celles que l'on est habitué à découvrir dans la littérature fasciculaire.
Dans le monde du fascicule policier français, il y a quelques collections que j'affectionne tout particulièrement.
Parmi celles-ci, « Le Roman Policier » à partir de 1916, publiées par les éditions Ferenczi... sa grande sœur, au début des années 1930, « Police et mystère » et... « La collection Rouge » des éditions Janicot à partir de 1943.
C'est dans cette dernière collection que l'on peut découvrir le titre du jour : « Les sœurs tragiques » signé Léon Groc.
C'est le 51e titre de la collection, un fascicule de 32 pages contenant un récit de presque 14 000 mots, publié en 1944.
L'illustration de couverture est signée L. Levoir.
Léon Groc (1882 - 1956) est un journaliste, grand reporter, et écrivain français dont la production fit les beaux jours de la littérature populaire à travers des récits fantastiques, d'aventures et policiers et des récits patriotiques.
À noter que Léon Groc, en plus de ses romans, est l'auteur d'une mini série fasciculaire policière de 8 titres de 24 pages : « Stan Kipper, le Roi des Détectives ».
L'auteur avait donc dépassé la soixantaine au moment de la publication de ce récit.
LES SŒURS TRAGIQUES
Lorsque son fiancé, André Roche, ne donne plus de nouvelles alors qu'il effectue une mission en tant qu'ingénieur à Bordeaux, Claudine Grandelle s'inquiète et, accompagnée par sa mère, se rend sur place pour en savoir plus.
Là-bas, elle apprend que son amoureux s'est enfui avec la jeune sœur de sa logeuse et la paie des ouvriers de l'usine.
Refusant de croire à ces accusations, Claudine décide de mener son enquête.
Elle sera aidée en cela par Prosper Furet, un ami de son père, qu'elle a rencontré par hasard. Celui-ci, commissaire de police à la retraite, va se prendre au jeu et tout faire pour redonner le sourire à sa « cliente »...
André, un jeune ingénieur quitte Paris et sa fiancée Claudine pour aller faire une mission à Bordeaux. Il est logé sur place chez les Touraine, l'aînée, vieille et dévouée à des œuvres pour les orphelins et la cadette, plus jeune, plus jolie...
Les quinze premiers jours, André envoie des lettres quotidiennement. Mais, quand plus aucun courrier n'arrive pendant la quinzaine suivante, Claudine s'inquiète et décide de se rendre à Talence (le village près de Bordeaux où réside son fiancé), accompagnée par sa mère, afin d'obtenir des nouvelles.
Mais chez les sœurs Touraine, elle apprend de la part de l'aîné qu'André s'est enfui avec sa sœur et qu'il est soupçonné d'avoir volé la paie des ouvriers de l'usine.
Claudine, ne croyant pas à ces accusations, décide de mener son enquête.
À Bordeaux, elle rencontre un vieil ami de son père, un ancien policier à la retraite, auquel elle raconte ses malheurs. Dès lors, le retraité va reprendre du service pour trouver des réponses en espérant redonner le sourire à la jeune femme...
On ne présente plus Léon Groc... si ?
Bon, il faut savoir que l'auteur a de l'expérience, autant dans l'écriture de romans (policier, science-fiction, aventures...) qu'en matière de fascicules...
On retrouve donc toute la maîtrise de la plume de l'auteur et ce d'autant plus qu'il se situe, là, vers la fin de sa carrière (à plus de 60 ans).
On notera qu'il profite au maximum de la latitude du format fasciculaire de 32 pages en étendant son texte jusqu'à quasiment 14000 mots là où d'autres titres de la même collection proposent des récits de moins de 10 000 mots.
On sent dès les premières phrases que l'auteur a du métier et qu'il maîtrise à la fois le genre et le format.
En effet, le récit (pour un récit fasciculaire) est rapidement prenant et demeure intéressant jusqu'au bout même si le lecteur averti, habitué aux récits policiers, aura deviné avant le policier une partie de la vérité.
Je reproche parfois aux auteurs de récits fasciculaires, de ne pas nous proposer de personnage fort, de héros omniprésent auquel s'attacher.
C'est pourtant le cas ici puisque l'on suit d'abord les mésaventures de Claudine et de sa mère puis ensuite, en alternance, les agissements de Claudine et ceux de Furet.
On constate alors qu'aucun des deux personnages ne se détache réellement et que les deux auront de l'importance dans la résolution de l'affaire.
Pour autant, cela ne nuit pas au plaisir de lecture, contrairement aux cas que je dénonce parfois.
Au final, un petit récit policier fort agréable mené avec talent et professionnalisme par un auteur arrivé à maturité.
J'ai beau ne lire que des récits policiers, être un passionné des personnages récurrents, ne m'être cantonné quasi exclusivement, ces dernières années, aux auteurs de langue française, cela ne m'empêche pas d'avoir grosses lacunes en la matière.
La preuve en est avec la série « Flic de choc » de Serge Jacquemard, une série de 43 romans publiés à partir de 1981, dont le troisième opus a été adapté au cinéma en 1983 par le père de Vincent Dessagnat (le copain de Michaël Youn), adaptation avec Chantal Nobel et Jean-Luc Moreau que j'avais pourtant vu jadis.
En effet, cette série m'était jusqu'alors inconnue, même de nom.
Il a fallu un hasard pour que je tombe sur les premiers épisodes et, curieux, comme toujours lorsque j'apprends l'existence de personnages récurrents dans la littérature policière, je me mette à tâche pour découvrir et la plume de l'auteur et ses héros et héroïnes.
C'est donc ce que je fis en débutant par la premier épisode : « Gangs chinois sur Paris », sorti, donc, en 1981.
Quant à Serge Jacquemard (1928-2006), bien qu'il fut un auteur prolifique, pilier des éditions Fleuve Noir et de la collection « Spécial Police » et « Espionnage », il semble bien que ce roman constitue ma première rencontre avec sa plume.
Gangs chinois sur Paris :
Action rapide, brutale, efficace, à l'américaine, coups de commando, interventions coups-de-poing, tirs fulgurants et millimétrés, tels sont les impératifs du Groupe IV de la dirigé par le commissaire Jacques Beauclair pour contrer les hors-la-loi qui leur font face. Dans leurs holsters de hanche, à la lisière de leur gilet pare-balles, leurs deux pistolets sont prêts à jaillir et tous, de Beauclair à Audray, son adjoint, en passant par Wanda Roumanoff, l'aristocrate russe, Scordia, le Pied-Noir niçois, et F.T.N., l'ancien para, savent placer une balle à cent mètres dans un allume-cigare. Cette fois, leurs cibles sont constituées par les membres d'un gang de qui exploitent les tenanciers chinois de sex-shops et de restaurants parisiens. Dans une embuscade, ces racketteurs ont tué deux policiers de la Brigade Anti-Gangs. Un légitime désir de vengeance anime Beauclair et ses subordonnés. La longue traque commence. Mais que viennent faire soudain dans le schéma ces Américains et ces cent otages bloqués dans le Centre National Georges Pompidou sur le plateau Beaubourg ?
Le commissaire divisionnaire de la BRI Tanguy Leguennec, surnommé " Le Mammouth " pour sa finesse ou " N'a-qu'un-œil " pour le fait qu'il a un œil de verre, est en colère. Certains de ses hommes (et une femme) se sont fait descendre dans un restaurant chinois lors d'une intervention dont le but était de démanteler une bande de racketteurs ayant déjà abattu trois tenanciers récalcitrants chinois de Sex-Shop.
Aussi, il décide d'envoyer une deuxième équipe pour gérer l'affaire, celle du commissaire Jacques Beauclair, composée de lui-même, du taciturne Philippe Audray, du beau parleur Gratien Scordia, de F.T.N. enfant de la Dass et ancien Para.
Pour l'occasion, et pour remplace le membre féminin de son équipe parti en congé maternité, Beauclair sélectionne parmi diverses candidate Wanda Roumanoff, experte en tir et en arts martiaux.
Ils vont alors tous se lancer sur les traces d'un gang de chinois qui semble préparer un coup bien plus rémunérateur qu'une simple histoire de rackets...
Bon, que dire de ce roman ?
On se trouve là devant un classique récit de bande (bande de flics, donc) avec chacun des membres ayant sa spécificité et son caractère.
Entre le chef, Beauclair, finalement le plus passe-partout de l'équipe, Audray, qui ne cesse de se curer les dents avec une aiguille, taciturne à souhait, Scordia, hâbleur, intelligent, souple, fort, F.T.N. brute au grand cœur ayant adopté une flopée d'orphelin et Wanda, l'atout charme, au caractère bien trempé et au tir précis... le lecteur découvre une large palette (mais peu originale) de personnages.
Bien évidemment, quand on se lance dans une telle série, difficile de faire dans l'original, d'autant que ce n'est pas ce que désire l'éditeur, il faut se contenter de maintenir l'intérêt des lecteurs et leur donner envie de lire les épisodes suivants.
En ce sens, Serge Jacquemard fait ce qu'il faut, usant d'une plume dénuée d'artifice sans pour autant se révéler fade, et en proposant une intrigue linéaire offrant son lot d'action, à défaut de réalisme.
Car il faut bien avouer que si on se penche un peu sur le plan des racketteurs, un moment, on est en droit de penser qu'ils en font beaucoup pour un résultat qui aurait pu être obtenu bien plus facilement et à moindre renfort de moyens.
Bref.
L'auteur use de principes qui seront utilisés avec succès, deux ans plus tard, dans la série télévisée " L'agence tous risques " à savoir une équipe menée par un chef charismatique et où chaque membre est rapidement identifiable par son physique, son caractère et son utilité dans le groupe.
Serge Jacquemard, de plus, propose ponctue son récit de diverses scènes d'action, notamment de fusillades, afin que le lecteur ne s'ennuie jamais et il faut bien avouer qu'il y parvient, car, en effet, le lecteur que je suis ne s'est pas ennuyé.
Pour autant, il faut bien avouer que ce roman ne parvient pas à franchir ce simple cap de " lecture agréable ", la faute à une intrigue plus fine, plus subtile, plus travaillée, à des personnages un peu trop manichéens, et certaines ficelles un peu trop grosses pour être crédibles.
Peut-être cela s'arrangera-t-il dans les opus suivant. Qui sait ? Peut-être moi si je décide de poursuivre ma lecture de la série, ce qui n'est pas certain tant j'ai de lacune en matière de littérature policière à combler.
Au final, un premier épisode engageant qui a les défauts de ses qualités, à savoir des personnages identifiables et différenciés, mais qui manquent de subtilités.
Jean des Marchenelles, de son vrai nom Jean Dancoine (1913-1995), fut un auteur de littérature populaire fasciculaire, ainsi qu'un directeur de collection, un éditeur et un auteur de théâtre.
À part quelques autres éléments biographiques avancés par le spécialiste de la littérature populaire Daniel Compère, comme son mariage en 1937, on ne sait pas grand-chose du bonhomme.
Personnellement, la seule chose qui m'intéresse chez un auteur, c'est sa production et, en la matière, je connais quelque peu l'écrivain pour avoir lu plusieurs aventures de son personnage récurrent, le détective Francis Bayard.
Celles-ci ont principalement été publiées sous la forme de fascicules de 32 pages, mais il est également le héros de quelques romans.
Bref, Jean des Marchenelles est un auteur que je prends toujours plaisir à lire et c'est ce que j'ai une nouvelle fois fait avec « Le sourire de Satan », un fascicule policier de 32 pages publié en 1943 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot (collection que j'ai souvent évoquée).
Il est d'ailleurs à noter que Jean des Marchenelles a ouvert ladite collection en en signant les 4 premiers titres.
LE SOURIRE DE SATAN
Un homme étrange arrive à Avallon pour y rencontrer le père Armand, propriétaire de la toile « Le Sourire de Satan », un tableau signé Rembrandt.
Bien que le père Armand refuse obstinément de vendre son trésor, il accepte de recevoir l'acheteur.
À l'heure du rendez-vous, c'est un policier qui se présente... il est à la recherche d'un escroc se faisant passer pour un antiquaire...
Le père Armand, gravement malade après une attaque d'apoplexie, n'a qu'un seul bonheur : celui de contempler sa belle collection dont la plus belle pièce est " Le sourire de Satan " un tableau de Rembrandt.
Quand Napoléon Spinelli, un antiquaire intéressé par la toile, demande à rencontre le père Armand, celui-ci, bien que refusant de vendre son trésor, accepte de le recevoir chez lui.
Mais, à l'heure du rendez-vous, personne ne se pointe.
Quand, soudain, on frappe à sa porte, c'est un policier qui se présente. Celui-ci est à la recherche d'un escroc se faisant passer pour un antiquaire et veut s'assurer que le Rembrandt n'a pas été volé...
Jean des Marchenelles nous convie à un petit récit policier (8900 mots) dans lequel il est question de tableau de valeur, d'escroc se faisant passer pour un antiquaire, de peintre, de policier et d'une jeune fille, la nièce du père Armand.
D'ailleurs, il est amusant de noter que les deux derniers titres de Jean des Marchenelles que j'ai lus évoquent une nièce vivant avec son oncle. Fut-ce son cas ? je ne le sais pas, mais peu importe.
On a également le droit à une petite romance - on commence à être habitué - mais très légère.
En si peu d'espace, difficile pour l'auteur de proposer une intrigue complexe, mais, pourtant, il parvient à surprendre un peu le lecteur tant celui-ci avait vu ou cru voir venir les choses.
Rien d'extraordinaire, non, mais réussir à surprendre le lecteur dans un format si contraignant, ce n'est déjà pas si mal.
Pour le reste, encore une fois, Jean des Marchenelles évite de nous proposer un véritable héros (comme dans « La nièce du fraudeur », ma précédente lecture de l'auteur).
Pas de super policier ou super détective, pas de personnage omniprésent, c'est donc une histoire dans laquelle on ne s'attache guère à un des protagonistes d'autant que l'on n’a pas vraiment le temps de faire leur connaissance (format court oblige).
Malgré tout, la lecture est plaisante, mais il manque soit un personnage fort, soit un peu d'humour, comme l'auteur pouvait en user parfois, pour rehausser l'ensemble.
Au final, un tout petit récit policier agréable à lire, mais qui ne marquera pas les esprits.
Jean des Marchenelles, de son vrai nom Jean Dancoine (1913-1995), fut un auteur de littérature populaire fasciculaire, ainsi qu'un directeur de collection, un éditeur et un auteur de théâtre.
À part quelques autres éléments biographiques avancés par le spécialiste de la littérature populaire Daniel Compère, comme son mariage en 1937, on ne sait pas grand-chose du bonhomme.
Personnellement, je connais Jean des Marchenelles par l'intermédiaire de ses fascicules policiers, notamment ceux mettant en scène le détective Francis Bayard, dont certains frisent l'excellence dans le domaine du fascicule policier pour ses qualités de plume, de narration ainsi que d'intrigue.
Bref, Jean des Marchenelles est un auteur que je prends toujours plaisir à lire et c'est ce que j'ai une nouvelle fois fait avec « La nièce du fraudeur », un fascicule policier de 32 pages publié en 1943 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot (collection que j'ai souvent évoquée).
Il est d'ailleurs à noter que Jean des Marchenelles a ouvert ladite collection en en signant les 4 premiers titres.
LA NIÈCE DU FRAUDEUR
Hélène Lepoutre, une jeune femme de 18 ans, vit sous la tutelle de son vieil oncle Théodore.
Quand celui-ci lui fait des avances un peu trop pressantes, elle décide de s'enfuir pour trouver refuge chez son autre oncle Oscar, un fraudeur vivant en marge de la société dans une cabane délabrée au bout d'un petit village.
Quelques jours plus tard, Théodore Lepoutre est retrouvé inconscient, victime d'un empoisonnement à l'arsenic...
Hélène, une jeune femme de 18 ans, vit sous la tutelle de son oncle, le vieux Théodore Lepoutre. Mais, quand ce dernier se montre un peu trop empressé à son égard, elle décide de fuir pour trouver refuge chez le frère de celui-ci, son oncle Oscar, un être rustre vivant chichement dans une cabane au bout d'un petit village.
Richard Dublin, un journaliste sans le sou ayant connu Hélène durant des cours de dessin et s'étant rendu compte tardivement de ses sentiments envers elle, bien décidé à la retrouver, se rend, un soir, chez l'oncle Théodore. Trouvant porte ouverte, il pénètre chez le vieil homme et le trouve mort à sa table...
Ici, point de Francis Bayard, point de détective, point même de meurtre...
Jean des Marchenelles nous propose un récit alternant entre récit sentimental (un jeune homme énamouré recherchant sa belle) et un récit policier (un homme a été victime d'empoisonnement).
Mais l'auteur ne nous propose ni véritable héros (pas de personnage omniprésent résolvant tout) ni même de véritable enquêteur (puisque les policiers pataugent).
On retrouve cependant une constante dans les récits de l'auteur, ceux-ci se déroulent très souvent dans le Nord.
Pour ce qui est du récit en lui-même, celui-ci ne révolutionnera pas le genre ni même n'accédera au statut de " meilleur récit " de l'auteur.
On se trouve face à une histoire gentillette, contée de façon, gentillette, avec une fin gentillette, qui s'inscrit plus dans le style de ce qu'il s'écrivait dans les années 1930 que dans les années 1940 (qui avaient vu émerger le roman noir).
Est-ce une volonté de l'auteur ? Ou bien un récit sorti d'un tiroir afin de faire le nombre (si j'ai bon souvenir, les contrats chez Janicot pour la " Collection Rouge ", se signaient sur plusieurs titres), difficile de le dire.
Toujours est-il que ce n'est pas à travers ce court récit de 12000 mots que l'on pourra se rendre compte du potentiel et du talent de Jean Dancoine.
Au final, un petit récit sentimentalo-policier gentillet, mais vite oubliable.
Parfois, un titre, une couverture, vous donne envie de lire un roman sans rien savoir sur l'auteur ni sur les personnages.
Et, parfois, ce choix arbitraire vous donne raison, vous offre un bon moment de lecture et vous permet de découvrir un auteur... des personnages... voire un éditeur.
Mais, d'autre fois, ne pas succomber à l'impulsion du moment, vous renseigner quelque peu sur l'ouvrage, l'auteur, l'éditeur... peut vous éviter des déconvenues...
Une chose est certaine, si j'avais pris quelques secondes pour mener une petite recherche, un élément, au moins, m'aurait mis la puce à l'oreille.
En effet, ne serait-ce qu'en me renseignant sur l'éditeur, Le Lys Bleu Éditions, j'aurais appris qu'il s'agissait d'un éditeur à compte d'auteurs déguisé en éditeur à compte participatif.
Car, Le Lys Bleu Éditions l'avoue sur son site, oblige ses auteurs à acheter 40 exemplaires de son roman (soi-disant pour l'inciter à participer activement à la promotion de ses ouvrages comme si un auteur " amateur " n'avait aucune envie de promouvoir ses romans).
Même avec 30 % de remise (dixit l'éditeur), cela représente une somme de 400 euros, ce qui n'est rien si l'éditeur fait son travail d'éditeur, mais peut déjà être un bon apport si l'éditeur se contente de faire imprimer le texte reçu sans vraiment s'investir professionnellement dans la réécriture, la correction... dudit texte.
Et, malheureusement pour le lecteur (et pour Alain Annouchi, l'auteur), il semblerait bien que l'éditeur ne se soit pas foulé pour faire corriger le texte.
J'en veux pour preuve les deux grosses fautes (et je peux vous assurer que je ne les recherche pas et donc que j'ai dû en louper quelques-unes) dès les premiers paragraphes.
J'en veux pour preuve la ponctuation totalement anarchique avec une absence de point quand il en faudrait, des virgules la plupart du temps oubliées et, même, des virgules quand il n'en faudrait pas.
J'en veux pour preuve les multiples répétitions inutiles.
J'en veux pour preuve, le synopsis publié avant le texte et racontant la quasi-entièreté de l'histoire.
J'en veux enfin pour preuve le style de l'auteur qui s'apparente plus à un rapport de police (il s'agit d'un ancien policier) qu'à un roman policier.
Je pourrais ajouter des critiques sur l'intrigue elle-même, mais, n'ayant pas dépassé le quart du roman (et encore, en me forçant grandement) je ne serais pas en capacité de la juger.
Face à de telles lacunes littéraires, difficile alors de penser que l'éditeur ait fait, même a minima, son travail d'éditeur, ce qui laisse à penser que l'achat des 40 exemplaires sert directement à payer l'imprimeur... surtout si vous êtes ledit imprimeur (je ne sais pas si c'est le cas pour Le Lys Bleu Éditions, mais c'est souvent le cas pour les éditions à compte d'auteur)... surtout si vous annoncez n'imprimer, au départ, que 300 exemplaires... et surtout si vous ne le faites finalement pas, vous contentant d'imprimer à la demande (ce qui est facile si vous êtes l'imprimeur).
Bref, toujours est-il que, pour un éditeur annonçant investir 3000 euros par ouvrage, les 2500 à 2700 euros restants ne sont pas investis dans la correction des manuscrits. ? Alors, où ? Mystère et boule de pétanque (qui sont plus difficiles à digérer que les boules de gomme).
Toujours est-il que, dans sa forme actuelle, « L'inspecteur Lekbir ne renonce jamais : le tueur à l'encens » est totalement indigeste.
Ce roman aurait-il pu être meilleur ? Avec une simple correction orthographique, une correction syntaxique, un travail sur la ponctuation... indéniablement oui.
Aurait-il alors été un bon roman ? Impossible à dire dans l'état et parce que je ne suis pas allé au bout de ma lecture.
Cependant, entendons-nous bien (et je le répète à chaque fois que j'aborde l'édition à compte d'auteurs ou à compte participatif), je n'ai rien, strictement rien, contre les éditions à compte d'auteurs ou à compte participatif.
Je ne me vois pas, en tant qu'écrivain ou en tant qu'éditeur comme un Don Quichotte luttant contre les moulins de l'édition.
Je considère que toutes les sortes d'éditions peuvent et doivent exister (de l'auto-édition à l'édition à compte d'éditeur en passant par le compte d'auteurs et le compte participatif).
De plus, j'estime que chaque mode d'édition à son intérêt et, surtout, peut être judicieux pour certains auteurs, dans certains cas...
Ma seule critique porte alors sur le travail effectué versus le travail promis.
Si on vous promet de ne pas vous faire payer, on ne vous fait pas payer.
Si on vous promet une correction de votre texte, on le corrige.
Si on vous promet d'imprimer 300 exemplaires de votre livre, on imprime 300 exemplaires de votre livre.
À partir de là, tout me va.
Mais, sérieusement, proposer, en l'état, un ouvrage aux lecteurs, c'est non seulement se foutre de la gueule de l'auteur, mais également et surtout du lecteur.
Parce que l'auteur, lui, sera content de tenir son ouvrage en main (enfin... ses 40 exemplaires), et sera peut-être moins critique sur le contenu.
Tandis que le lecteur, lui, ne pourra qu'être déçu, ce que je fus...
Bref, je vais éviter de m'attarder plus sur ma critique du livre que celui que j'ai passé à le lire.
Au final, « L'inspecteur Lekbir ne renonce jamais : le tueur à l'encens » est peut-être un bon rapport de police, mais sûrement pas un bon roman policier la faute à une totale absence du travail de l'éditeur sur le texte... et peut-être pour d'autres raisons encore.
Passionné à l'excès par la littérature populaire policière fasciculaire de la première moitié du siècle dernier, j'ai l'habitude d'apprécier la plume d'auteurs que personne ne connaît ou presque.
Si je suis parfois étonné de l'anonymat (actuel ou permanent) de certains écrivains, certains cas me choquent au plus haut point.
Ainsi, tenez ! Comment est-il possible qu'à présent, la plume d'Albert Boissière ne soit pas reconnue à la hauteur de celle d'un Maurice Leblanc, qu'elle surclasse à tout point de vue ?
Mystère !
Mais, quand ce phénomène touche des écrivains contemporains, pire, des écrivains encore en activité, alors... j'en reste bouche bée.
Parmi ces derniers, je citerai volontiers Jean-Baptiste Ferrero dont je dévore chacun des romans mettant en scène son détective récurrent et alter ego Thomas Fiera.
Mais un autre nom me vient rapidement à l'esprit, d'autant plus aujourd'hui alors que je viens de dévorer l'un de ses romans : Jean-Pierre Ribat.
Jean-Pierre Ribat, né en 1961 à Toulouse, est avant tout un médecin généraliste devenu médecin urgentiste à Mantes-La-Jolie. Également médecin urgentiste, il a été témoin des pires drames dont les résultats du tremblement de terre en Haïti.
Probablement fut-ce pour lui une bonne thérapie que de coucher ses ressentis sur le papier et quoi de mieux, pour cela, de créer le personnage d'un médecin urgentiste à Mantes-La-Jolie, Marcel Fortesse, à qui il va arriver tout un tas d'aventures qui vont à chaque fois tirer vers le genre policier.
Marcel Fortesse, n'en doutons pas, est l'alter ego de l'auteur, celui-ci se projetant indéniablement dans son personnage, ce que font tous les auteurs, mais là l'identification est évidente et maximale.
Mais les romans de Jean-Pierre Ribat ne sont pas que des romans policiers, chaque aventure étant prétexte, à l'auteur, d'évoquer ses patients, la mort, les naissances, l'amour, le tout avec humour... parfois celui du désespoir. Car il vaut toujours mieux rire que pleurer, rire de quelque chose avant d'avoir à en pleurer, Jean-Pierre Ribat use de l'humour comme une arme de défense contre la vie, contre la mort.
Les romans de Jean-Pierre Ribat (du moins les 6 lus jusqu'à présent... il me manque encore le dernier) sont emplis d'humanité, de douceur, de tolérance, d'humour, d'amour, d'espoir... bref, de tout ce qui fait un bon médecin.
Et bon médecin, je ne doute pas que Jean-Pierre Ribat en soit un.
Mais bon écrivain, de cela, j'en suis certain ! la preuve, je viens de dévorer son sixième roman : « Le souffleur de braises ».
C'est bien simple, les romans de Jean-Pierre Ribat ne souffrent que de trois gros problèmes :
1) Ils ne sont pas assez nombreux.
2) Ils sont desservis par une couverture assez moche créée par son éditeur, les éditions Thot.
3) Les derniers romans n'existent pas en numérique et je suis donc obligé de passer par la version papier, que j'imprime ensuite, que j'OCRise, pour enfin pouvoir m'en délecter, dans mon lit, sur ma liseuse... ce qui fait beaucoup de travail pour lire un livre, c'est dire si j'aime les romans de Jean-Pierre Ribat...
« Le souffleur de braises » est donc la sixième aventure du médecin Marcel Fortesse. Le roman de 216 pages est paru en 2021.
Et je vais vous en dire quelques mots.
Le souffleur de braises :
Alors que la police de Mantes-la-Jolie devient miraculeusement la spécialiste hors catégorie des interpellations en flagrant délit, le docteur (et futur grand-père) Marcel Fortesse est appelé pour constater le décès d’un général à la retraite. Une chose en entraînant une autre, Marcel (d’un naturel curieux) met la main sur une correspondance entre un soldat et sa bien-aimée pendant la guerre d’Algérie. Sous les mots d’amour se cachent les souvenirs d’un passé violent. Un rappel de l’Histoire qui risque de provoquer pas mal de remous. Autour de Marcel, comme souvent, s’agite une faune insolite : un avocat dépressif employé comme caissier de supermarché, un informaticien habillé en dragqueen, une vieille Manouche aux portes du trépas et Lila, sa chérie, sa walkyrie armée d’une fourche.
Marcel Fortesse est appelé pour constater le décès d'un ancien militaire ayant sévi durant la guerre d'Algérie, poussant ses hommes à torturer l'ennemi.
Marcel ne va pas tarder à faire connaissance avec le fils de la victime, un membre de la DGSI qui pourrait bien être une pire ordure que son père.
La curiosité aidant, Marcel tombe sur la correspondance de la victime, jetant la lumière sur des années d'horreur, mais également sur la naissance d'un enfant qu'il a eu avec une jeune Algérienne...
En partant à la recherche de l'enfant illégitime, Marcel Fortesse va se lancer dans une aventure qui mettra la vie des siens en péril...
Comme déjà dit, un roman de Jean-Pierre Ribat n'est pas qu'un roman policier. S'il y a toujours des actes criminels que Marcel Fortesse tentera de réparer, l'auteur enveloppe toujours ses histoires d'un voile de conte.
Des personnages totalement ubuesques, des situations extraordinaires, des actes parfois fantastiques... l'auteur ne cherche jamais la crudité de la réalité, préférant vivre dans un monde un peu parallèle où les méchants demeurent, certes, très très méchants, mais où les gentils revêtent une tenue d'innocence, de bienveillance, de tolérance et ce quelle que soient leurs origines, leurs âges, leurs conditions de vie.
Des salauds, certes, il y en a, mais des anges également, les actes de ceux-ci contrebalançant largement les conséquences de ceux des autres.
Bref, lire un roman de Jean-Pierre Ribat, c'est entrer dans un monde ressemblant au nôtre, à celui de l'auteur, un monde où les horreurs existent toujours, mais où la bonté et plus évidente, plus voyante, plus démonstrative, plus présente.
Arrêtons là ce panégyrique un peu générique pour entrer un peu plus dans ce roman.
Le sujet central de celui-ci est bien évidemment les atrocités qui ont été commises en Algérie (et celles qui s'y déroulent encore).
Si l'intrigue tourne autour de l'Histoire, celle-ci ne prend jamais le pas sur l'univers Ribatien... Fortessien...
On est avant tout dans un roman de Jean-Pierre Ribat, dans une aventure de Marcel Fortesse.
En parallèle, Marcel Fortesse évoque la toute prochaine naissance de son petit-fils Malo, qui doit arriver dans les prochains jours.
J'ai constaté une évolution dans la plume de Jean-Pierre Ribat au cours des aventures de Marcel Fortesse.
En effet, comment ne pas remarqué que, dans les trois derniers romans, l'auteur s'essaie à des principes de narrations qu'il n'utilisait pas (ou je n'en ai pas souvenir) dans les premiers.
C'est avant tout deux principes narratifs que l'auteur emploie :
- La narration alternée (passé-présent ; intrigues parallèles)
- La narration épistolaire (lettres, articles de journaux...)
Parfois, Jean-Pierre Ribat mélange les deux et, si vous me connaissiez mieux, vous sauriez que ce sont des procédés narratifs que je goûte peu.
Heureusement, tout cela est compensé par la bienveillance, l'humour, la plume de l'auteur...
« Le souffleur de braises » ne fait pas exception à la règle des deux précédents ouvrages puisque l'auteur nous propose des articles de journaux, des lettres datant de la guerre d'Algérie, de lettres que Marcel Fortesse écrit à son petit-fils Malo alors que celui-ci n'est pas encore né...
Mais, pourtant, ici, le procédé m'a moins gêné que de coutume, probablement trop pris que j'étais dans l'histoire.
Car l'histoire, comme toujours chez Ribat, est emplie d'humanisme, d'humour, de tolérance, de bienveillance, d'espoir...
Quand on côtoie Marcel Fortesse, on a envie de faire sa connaissance et, par extension, de faire celle de l'auteur qui doit être ce que l'on appelle " un bon gars ".
Plus encore, on a envie de savoir à quel point Jean-Pierre se projette dans Marcel.
Le décès de sa mère dans les premiers romans entre-t-il en résonnance avec celui de la mère de l'auteur ?
La naissance de Malo dans le dernier roman est-il inspiré par celle d'un réel petit-fils ?
Nul doute qu'il y a beaucoup d'autobiographie dans les romans de Jean-Pierre Ribat, tant dans la vie de son personnage que dans les histoires de ses patients... d'ailleurs, il me semble que certains patients du docteur Ribat se reconnaissent dans ceux du docteur Fortesse.
Bref, lire un roman de Jean-Pierre Ribat est une expérience unique, car le personnage est unique, mais également l'ambiance, la plume, l'humour.
Ainsi, difficile d'expliquer ce qu'est un roman de Jean-Pierre Ribat, il faut en lire un pour le savoir... et si on en lit un, on lira forcément les autres... et ce, bien qu'ils souffrent de trois problèmes principaux à savoir qu'ils sont trop peu nombreux, qu'ils sont vêtus d'une couverture qui ne les met pas en valeur et qu'ils n'existent pas en numérique.
Au final, « Le souffleur de braises » renaît avec les qualités des premiers romans de l'auteur tout en usant de certains procédés des deux précédents sans que cela ne nuise à la lecture, bien au contraire. En clair, un excellent roman, un auteur bien moins connu qu'il ne le mérite.
Le vaste monde de la littérature populaire fasciculaire de la première moitié du siècle dernier, même en le restreignant au genre policier, contient un nombre incalculable de collections provenant des catalogues d'énormément d'éditeurs.
Dans le lot, des collections contenant des centaines de titres (« Police et Mystère », « Mon Roman Policier », des éditions Ferenczi ; « Allô Police » des éditions A.B.C..., par exemple), mais également d'autres plus éphémères, dont on peut, pour certaines, compter le nombre de titres sur les doigts de la main d'un ouvrier ayant perdu quelques phalanges dans une machine-outil.
Dans le lot, j'ai déjà évoqué les collections « Trois As », des éditions Chantal ou « Vidocq » des éditions André Bonne.
Depuis peu, c'est à la collection « La Silhouette » que je m'intéresse, une collection de 11 fascicules de 32 pages publiés en 1945 et qui n'a ni un genre ni un titre défini.
En effet, question intitulé, elle n'en avait pas et « La Silhouette » est le surnom que lui ont donné les aficionados de cette paralittérature du fait qu'une silhouette apparaît sur chaque couverture.
Quant au genre, si l'ensemble des titres s'adonnent au récit policier, celui qui ouvre la collection tend, lui, plutôt vers l'aventure et un autre, vers le récit sentimental.
Les auteurs sont divers et pour la plupart méconnus, voire inconnus, sauf Georges Fronval qui clôt la collection et, à la rigueur, Léon Valbert, qui signe 4 titres.
Et ce Léon Valbert (1867-1947) est l'auteur du titre du jour : « Le mort qui se venge », un fascicule de 32 pages paru en 1945 et 6e titre de la collection.
LE MORT QUI SE VENGE
La mort soudaine du célèbre toxicologue, le docteur Gardemont, plonge le Tout-Paris dans le deuil. Mais l'atmosphère solennelle de ses funérailles est brisée par une révélation fracassante : le savant aurait été empoisonné !
C'est en tout cas ce qu'avance une lettre de dénonciation posthume reçue par le procureur.
L'enquête, menée par le juge Gachelard, se focalise rapidement sur le cercle intime du défunt : sa jeune épouse Sophie, son assistant dévoué Noël Cadogan et son neveu Jacques Hortival, aux prises avec des problèmes financiers...
Le docteur Gardemont, éminent scientifique à l'origine de la découverte d'un mystérieux poison a trouvé la mort à la suite d'une lente maladie.
Mais quand, le jour des obsèques, le procureur reçoit un courrier... émanant dudit docteur, pour accuser sa jeune femme et l'amant de celle-ci d'avoir fomenté son empoisonnement, avec, justement, le poison qu'il a découvert, celui-ci décide de surseoir à l'enterrement pour faire pratiquer une autopsie.
L'empoisonnement confirmé, vient alors le moment de trouver qui est l'instigateur de l'assassinat. La femme ? Son amant ? Le neveu, potentiel héritier ? Le valet de chambre ? La cuisinière ? L'infirmière ?
Les révélations vont alors se succéder portant la suspicion de la justice des uns aux autres.
Bon, jusqu'à présent, Léon Valbert était l'auteur qui s'en sortait le mieux, dans le genre policier, dans la première partie de cette collection.
En effet, ses deux premiers récits étaient agréables à lire et cela ne pouvait qu'augurer le meilleur pour ce récit dont le titre était déjà prometteur.
Alors, Léon Valbert a-t-il tenu ses promesses ?
Oui et non, serais-je tenté de dire.
Oui, dans l'ensemble, puisque ce récit de 12 000 mots coche un peu toutes les cases d'un bon fascicule policier : style agréable, intrigue pas déplaisante, nombreux suspects, rebondissements multiples...
Non, pour ceux qui, comme moi, sont un peu allergiques à certains procédés narratifs.
En effet, ce récit est truffé littéralement de passages épistoliers (et je ne suis pas un fan du procédé). Oraison funèbre, lettre de dénonciation, passage de testament, articles de journaux, confessions écrites, tous les prétextes sont bons pour insérer les mots écrits par un tiers.
Si je comprends l'intérêt du procédé qui permet de conter avec précision et concision certains détails, je n'en suis pas pour autant fan et, quand ce procédé est utilisé à outrance, alors, cela a la fâcheuse tendance à me faire sortir de ma lecture... ce qui se produisit immanquablement.
On peut ajouter à cela le fait qu'il n'y a, dans ce récit, aucun " héros " auquel s'attacher.
Car, pas de grand policier, de détective de génie ou d'une tierce personne utilisant ses dons pour découvrir la vérité.
Il y a bien un juge d'instruction, mais celui-ci, finalement, ne sert pas à grand-chose dans l'histoire.
Du coup, procédé irritant, manque d'affects, et bien, malgré les autres cases cochées, cela suffit à diminuer fortement mon intérêt pour ce récit qui, sans doute, satisfera largement d'autres lecteurs moins phobiques du procédé incriminé ou qui n'ont pas besoin de s'attacher à des personnages.
Au final, un récit au titre prometteur mais qui s'avère décevant, la faute à des choix narratifs contestables et à l'absence d'un héros charismatique.
Max-André Dazergues est un auteur de littérature populaire dont j'ai tardé à découvrir la plume alors que je connaissais le nom depuis des années.
De son vrai nom André Compère (1903-1963), Max-André Dazergues a énormément travaillé pour la littérature fasciculaire, que ce soit dans les genres policier, aventure, sentimental ou science-fiction...
Habitant Lyon, il fut ami avec Frédéric Dard et participa à lui mettre le pied à l'étrier.
Si ma première rencontre avec la plume de MAD fut une bonne surprise, les deux autres titres de lui que j'ai lus m'avaient quelque peu déçu.
Qu'en sera-t-il de « Un drame au dancing » ?
Nous allons le voir tout de suite.
« Un drame au dancing » est un fascicule de 64 pages publié en 1932 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi.
Un drame au dancing :
La « Coccinelle », un dancing réputé de Montmartre vit la crise, les clients préférant aller à Montparnasse.
Ginette Courtois, une jeune pianiste de l'établissement, parvient à convaincre son amie Pépée de convaincre son riche amant sud-américain, de venir dépenser son argent à la « Coccinelle ».
C'est alors que le drame arriva...
C'est la crise à Montmartre depuis que Montparnasse est devenu " The place to be ", l'endroit où il faut être...
La Coccinelle, un dancing de Montmartre, n'a plus le succès d'antan. Plus personne ne vient voir Ginette, la jeune pianiste qui attirait tant de monde il n'y a pas encore longtemps et le patron peine à payer ses employés.
Aussi, quand Ginette rencontre son amie Pépée dans un grand magasin, en compagnie de son riche souteneur, elle la convainc de venir le soir, tous les deux, à la « Coccinelle ».
Seulement, le soir, un drame arrive...
Bon, que dire de ce récit ?
Déjà que j'ai eu l'impression, à la lecture, que celui-ci était la réécriture d'un texte prévu, à l'origine, pour un autre projet qu'un récit policier.
En effet, le « drame » du récit n'arrive qu'à la moitié du fascicule, la première partie était totalement dédiée à évoquer la crise des dancings à Montmartre et le succès naissant de Montparnasse.
Ainsi, le récit s'étire à évoquer les problèmes financiers de la Coccinelle, l'impossibilité pour le patron de payer ses employés, les difficultés des employés de subvenir à leurs besoins et l'espoir des uns et des autres de voir les choses changer et de retrouver le succès d'antan.
Ce n'est pas inintéressant, ce n'est pas mal écrit, mais ce n'est surtout pas ce qu'on attend d'un récit policier, encore moins quand il s'agit d'un fascicule policier qui, par essence, se doit de faire dans la concision pour espérer placer une intrigue correcte.
Du coup, pas réellement la place pour l'intrigue et, il faut bien l'avouer, l'enquête sera vite bâclée par l'auteur, ne laissant pas le temps aux lecteurs de douter de la probité des uns et des autres.
D'ailleurs, inutile de chercher la dextérité, l'intelligence, la clairvoyance, la perspicacité ou quelque autre talent de la part du policier chargé de l'enquête puisque le résultat lui tombera tout cru ou presque dans le bec (forcément, pas le temps de tergiverser).
Là encore (parce que j'avais déjà fait cette remarque pour un autre titre de l'auteur) pas vraiment de " héros " auquel s'attacher.
D'ailleurs, pour un fascicule, les personnages sont trop nombreux, malgré un cadre resserré.
Au final, un récit policier qui tarde à devenir policier et qui peine à séduire de par son intrigue qui passe au second plan.
Michèle Nicolaï, de son vrai nom Sandrine Bluette Brazier (1905-1950) est une femme de lettres et journaliste née en Suisse.
En tant que journaliste, elle collabora avec des magazines de coquins.
En tant qu'auteur, elle écrivit principalement des récits sentimentaux et un roman érotique.
Mais, à partir de 1939, elle s'essaya quelques fois au récit policier.
C'est à travers ce dernier prisme que j'ai découvert l'auteur, sa plume, et ses pseudonymes (Michèle Nicolaï, Nicole Moran et Jean-Marie Laroche).
Le titre du jour, « Un cadavre encombrant » est signé Jean-Marie Laroche et est paru sous la forme d'un fascicule de 16 pages, double colonne, en 1939 dans la collection « Police Roman » des éditions Offenstadt.
UN CADAVRE ENCOMBRANT
Jacques Renier, chauffeur de taxi, voit sa vie basculer lorsqu'il découvre un passager assassiné dans sa voiture. Paniqué, il prend la fuite, entraînant avec lui le corps dans le but de s'en débarrasser.
Mais ce mauvais réflexe va pousser Jacques à s’enfoncer dans une spirale de mensonges et d’illusions qui le conduira au bord du précipice...
Jacques Renier est un fils de bonne famille qui s'est vu couper les vivres par son riche oncle. Obligé de subvenir à ses besoins, il est devenu chauffeur de taxi. Un soir, alors qu'il vient de charger un client à la gare, dans les embouteillages, il entend deux détonations. Plus tard, il se rend compte que son client est mort à l'arrière de son taxi. Paniqué, ayant peur d'être suspecté, il décide de se débarrasser du corps, pensant que personne ne cherchera après lui avant longtemps. Mais, dans les vêtements, il découvre que celui-ci a fait réserver une chambre dans un hôtel chic. Alors, il décide de prendre sa place le temps d'une nuit afin que personne ne s'inquiète de la disparition de son client...
Voilà un petit récit policier (9 000 mots) qui part d'un postulat de base fort intéressant. Un chauffeur de taxi charge un client, dans les embouteillages, des détonations qu'il prend pour les pétarades d'un moteur, plus loin, quand il s'adresse à son client, pas de réponse. Dans son rétro, il ne voit personne. Il s'arrête, descend, ouvre la portière arrière et découvre son client, mort, une balle dans la tête. Un agent s'approche. Paniqué, il remonte dans son véhicule et démarre. Que faire ? Aller au commissariat ? Alors qu'il s'est déjà passé du temps, qu'il a fui un agent ? s'est risqué d'être suspecté. Le client débarque de Saïgon, personne ne l'a vu le charger... et s'il se débarrassait du corps... le temps qu'on s'inquiète de sa disparition, il ne serait plus inquiété. Sauf, qu'une fois jeté dans l'eau, il découvre, dans les vêtements du mort, une réservation pour une chambre d'hôtel dans un palace. S'il ne vient pas, le personnel va se poser des questions... il décide alors de prendre sa place, correspondant peu ou prou à la description du client, afin de passer la nuit dans l'hôtel et de prétexter, ensuite, un départ...
L'auteur nous plonge totalement dans la Loi de Murphy, chère à nombre de séries et de films, celle qui veut que le héros, quand il fait un choix pour arranger une situation périlleuse, ne fait que s'enfoncer encore plus profondément dans les ennuis.
Et c'est ce qu'il arrive à Jacques Renier puisqu'à partir d'un mauvais choix, celui de fuir devant l'agent de police, tous les autres à venir vont le plonger encore plus dans les problèmes.
Malheureusement, le format forçant à la concision, difficile de développer parfaitement ce parti pris et il faut bien à l'auteur verser dans la facilité afin que les choses se résolvent dans le temps imparti.
Après, donc, une première partie fort intéressante, on assiste alors à une seconde qui verse dans la facilité afin de permettre au héros de retrouver l'assassin et de parvenir à s'innocenter.
Malgré cela, il faut bien avouer que le récit est agréable à lire et que l'auteur ne trempe pas trop sa plume dans l'eau de rose, défaut qu'elle a tendance à avoir sous la plume de Michèle Nicolaï, mais moins sous celle de Jean-Marie Laroche.
Au final, un petit récit policier qui part sur des bases prometteuses mais qui, du fait de sa concision, ne tient malheureusement pas toutes ses promesses.
Je poursuis ma découverte de la production policière de Michèle Nicolaï (1905-1950), une femme de lettres et journaliste née en Suisse.
Celle-ci écrivit des articles pour des magazines coquins, au moins un roman érotique, des récits sentimentaux et s'essaya même aux récits policiers...
Parmi ces derniers, « Un mort de trop » fut publié sous la forme d'un fascicule de 32 pages, dans la collection « Police-Express » des éditions A.B.C. en 1942. Il est signé d'un des pseudonymes de l'auteur : Nicole Moran.
UN MORT DE TROP
Un tueur invisible sème la terreur à Paris, laissant derrière lui une série de victimes apparemment sans lien. Chaque mort porte la même marque sinistre : une minuscule piqûre à la nuque, réalisée avec une précision mortelle.
La police, désemparée, est incapable de trouver le moindre indice.
Face à l'incompétence des autorités, le public réclame l'intervention de Xavier Turlut, le célèbre détective amateur au génie analytique.
Aidé de sa fidèle collaboratrice Olga, il se lance dans une course contre la montre pour démasquer le criminel avant qu'il frappe à nouveau.
Xavier Turlut est un détective qui aime résoudre les plus grandes énigmes, mais qui déteste quitter son bureau. Heureusement, il a pour collaboratrice la jeune Olga qu'il envoie ici et là chercher les indices dont il a besoin.
Alors qu'Olga se rend au bureau par métro, elle assiste au malaise d'un passager qui s'écroule, mort. Un médecin présent sur place constate une minuscule trace de piqûre à la nuque de la victime. Nul doute, celui-ci vient d'être empoisonné au milieu de la foule.
Quand Olga raconte son aventure à son patron, celui-ci l'assure que d'autres victimes vont suivre... ce qui ne tarde pas à arriver.
Le commissaire Legris, devant son incapacité à résoudre l'affaire, fait appel à Xavier Turlut qui finit par accepter de l'aider...
Avec ce titre, je découvre Michèle Nicolaï sous son pseudonyme de Nicole Moran et le moins que l'on puisse dire est que l'auteur parvenait à changer de style en fonction de son pseudonyme.
Effectivement, jusqu'ici, les récits policiers signés Michèle Nicolaï versaient également dans le récit sentimental. Celui que j'ai lu, signé Jean-Marie Laroche, lui, évitait totalement les considérations du cœur et omettait même totalement les personnages féminins.
Quant à celui-ci, signé Nicole Moran, si l'un des personnages principaux, si ce n'est le principal, est bien une femme, femme très admirative de son patron, les questions sentimentales sont également totalement écartées.
Bref, on découvre donc Xavier Turlut, un détective qui privilégie les énigmes mathématiques, mais qui se voit contraint de résoudre une énigme criminelle, même s'il prend son temps pour cela.
Du fait de la concision du texte (9 100 mots), l'intrigue ne peut pas aller bien loin et il faut vite résoudre l'enquête.
Aussi, c'est sur une simple idée du détective que tout va se décanter.
Mais Xavier Turlut va se contenter de rester en retrait et laisser tout le boulot à la jeune Olga.
C'est donc une intrigue simple qui nous est proposée servie par une plume simple, mais efficace, qui permet au lecteur de passer un petit moment de lecture sympathique.
Au final, pas un récit qui révolutionnera le genre ni le format, mais qui remplit son office en divertissant le lecteur pendant presqu'une heure.
Max-André Dazergues est un auteur dont je connais le nom depuis longtemps, mais dont j'ai tardé à découvrir la plume.
Ayant comblé ce manque récemment, je poursuis, depuis ma découverte en me plongeant dans divers titres de l'auteur.
Pour rappel, Max-André Dazergues, de son vrai nom André Ernest Compère (1903-1963), fut un auteur majeur de la littérature populaire et plus précisément de la littérature fasciculaire pour laquelle il œuvra dans les différents genres à la mode à son époque : sentimental, policier, aventures, jeunesse et science-fiction.
Max-André Dazergues, habitant Lyon, fut ami avec Frédéric Dard, qu'il aida à se lancer dans le métier d'écrivain.
Max-André Dazergues écrivit pour diverses collections des éditions Ferenczi, dans la collection « Le Verrou », dont le titre du jour est tiré.
« La mort à double face » est en effet un fascicule de 96 pages publié en 1953 dans cette fameuse collection.
La mort à double face :
Nickie, entraîneuse d'un bar, accepte, après son service, d'accompagner un client aviné, mais généreux chez une connaissance à lui, la comtesse de Gardines. Mais, sur place, ils aperçoivent deux hommes sortirent de chez la comtesse, semblant transporter un corps. Le client est alors violemment agressé par le duo et se retrouve à l'hôpital.
Quand la police débarque chez la comtesse, ils ont la surprise de la retrouver morte chez elle.
Mais alors ? Qui a été enlevé ?...
Nickie est entraîneuse au Nox-Bar. Un soir, un client aviné, mais généreux et pas trop mal sur lui, insiste pour emmener Nickie voir une femme qu'il connaît.
D'abord réticente, Nickie finit par accepter la proposition, mais devant le domicile de ladite femme, son client se fait agresser par deux hommes en train de transporter un corps et finit à l'hôpital dans le coaltar.
Seulement, un peu plus tard, on découvre la comtesse de Gardines - la femme en question - morte, chez elle.
Si la comtesse est morte chez elle, alors, quelle était l'identité du corps emporté ?
C'est l'inspecteur Chauffier qui sera chargé de résoudre ce problème...
Bon, que dire de ce court roman ?
Déjà que l'intrigue est bien compliquée pour pas grand-chose. Que l'enchaînement des évènements est difficilement crédible. Et qu'aucun personnage ne se démarque et donc que le lecteur ne trouve personne à qui s'attacher.
Partant de là, il est impossible de prendre un réel plaisir à cette lecture, car on a bien du mal à comprendre les motivations des uns et des autres.
Pourquoi le client insiste aussi lourdement pour amener Nickie chez la baronne ? Certes, la chose est expliquée par le personnage en cours de route, mais, vraiment, dur de croire à cette justification. De même les raisons du meurtre de la comtesse ou celles de l'enlèvement.
D'autant que, pour que l'illusion soit parfaite, il faut que des évènements pourtant sans rapport les uns aux autres se produisent quasi simultanément...
Bref, une intrigue peu intéressante et qui n'est pas même servie par la plume d'un auteur que l'on sait capable de poser une ambiance, mais qui, ici, ne le fait pas.
S'attardant trop, au départ, sur la lubie de ce client aviné, MAD perd le lecteur et a bien du mal, par la suite, à le récupérer, d'autant que ni l'histoire ni les personnages ne donnent particulièrement envie d'en savoir plus.
Dommage.
Reste la couverture signée Georges Sogny, un grand illustrateur de son époque qui travailla énormément pour les éditions Ferenczi.
Au final, un récit et des personnages peu intéressant, une intrigue bancale... pas grand-chose à retenir de ce court roman policier.
Je poursuis ma découverte de la production policière de l'auteur Michèle Nicolaï (1905-1950), une des rares femmes de lettres francophones (elle est née en Suisse) à s'être exercé au genre policier avant la fin des années 1950.
Michèle Nicolaï est principalement connue pour ses récits sentimentaux et même quelques récits érotiques ainsi que pour avoir collaboré avec des magazines de charmes en tant que journaliste.
Le titre du jour, « Alfred Hubart joue et gagne » est un fascicule de 32 pages a été publié en 1942 dans la collection « Allo Police » des éditions A.B.C.. Il fut signé d'un pseudonyme de l'auteur : Jean-Marie Laroche.
ALFRED HUBART JOUE ET GAGNE
Alfred Hubart est un aventurier se cachant sous l'identité du baron d'Ambroise. Un soir, alors qu'il revient chez lui au volant de son véhicule de sport, il aperçoit une voiture roulant à tombeau ouvert devant lui. Tandis qu’il se rapproche d'elle, les passagers de l'auto jettent un lourd paquet sur la route.
Alfred Hubart, grâce à ses réflexes, parvient à éviter le choc et, une fois à l'arrêt, il se précipite pour voir ce qu'il a bien failli écraser.
Sa surprise est grande quand il constate qu'il s'agit du corps d'un vieil homme qui respire encore...
Alfred Hubart est un sportif et un aventurier, aussi, quand, sur la route, de nuit, il aperçoit, devant lui, une voiture qui roule vite, il cherche à faire la course, mais, quand il s'approche trop, les passagers du véhicule de devant jettent, devant lui, un lourd paquet qu'il peine à éviter.
Curieux de savoir ce dont se sont délestés ses concurrents, Alfred s'approche du colis et constate qu'il s'agit en fait d'un vieil homme qui respire encore. Ce dernier balbutie quelques mots à propos d'une invention permettant la transmutation de l'or.
Alfred décide d'amener la victime à l'hôpital et, quand il en repart, quelqu'un tire sur le vieillard...
Voilà un titre dont j'aurai eu bien du mal à accorder la paternité (maternité ?) à Michèle Nicolaï si je n'avais su que Jean-Marie Laroche était un de ses pseudonymes.
En effet, les précédents titres policiers de l'auteur, qu'ils soient signés Michèle Nicolaï ou Nicole Moran, avaient tous, en eux, une part de récit sentimental.
Ici, point du tout. Les affaires de cœur sont totalement délaissées pour se concentrer uniquement sur le genre policier et, ou, surtout, aventures.
Car, Alfred Hubart est un aventurier, qui, aidé par son secrétaire, Max Colona, alias Doc et son serviteur Annamite, alias Jap (Sic), il se cache sous l'identité du baron d'Ambroise pour des raisons que l'on ignore, mais qui évoque d'autres personnages du genre tels Jack Desly de Claude Ascain et consorts.
D'ailleurs, Alfred Hubart a beaucoup de Jack Desly dans les aventures sont parues ans auparavant dans une collection des éditions Ferenczi.
Que ce soit le fait de se cacher sous une identité notable, d'avoir un serviteur Annamite qui pratique le Jiu-Jitsu, d'aimer se lancer dans des aventures...
Mais, si on pousse plus loin, même le système narratif fait penser à un épisode d'une série comme pouvait l'être celle mettant en scène Jack Desly, tant certaines choses ne semblent pas évoquées dans ce récit comme si elles l'avaient déjà été dans d'autres.
Ainsi, le nom de la bonne muette Léocadie est mis en avant pour qualifier un personnage qui ne parle pas alors que la bonne ne nous a pas encore été présentée (comme si on devait déjà la connaître).
Le passé d'Alfred Hubart et ses comparses, passé forcément en dehors de la loi, est lui également évoqué à la toute fin, comme si le lecteur devait déjà savoir qu'Alfred Hubart était un aventurier qui œuvrait du mauvais côté de la barrière...
Et cette sensation d'épisode dure toute la lecture (du moins pour ceux qui sont habitués aux codes de la littérature fasciculaire de l'époque).
D'ailleurs, ce titre se lit comme un épisode de Jack Desly, apportant les mêmes éléments, les mêmes ressentis, l'humour en moins.
Pourtant, je ne trouve pas trace du personnage ailleurs, ni dans d'autres récits qui seraient autant d'épisodes ni même dans un récit plus long qui aurait été réécrit, dont on aurait coupé des bouts pour le faire rentrer dans un format fasciculaire, ce qui pourrait également expliquer ce sentiment et, surtout, ces non-dits.
Au final, un récit agréable, qui en rappelle d'autres, mais surtout pas ceux signés par des pseudonymes féminins de l'auteur...
J'ai récemment fait mon mea culpa pour m'excuser d'une énormité que j'avais pu avancer dans mes chroniques en disant que je ne voyais pas d'autres femmes de lettres francophones s'étant essayées au récit policier avant le milieu des années 1950, excepté Juliette Lermina-Flandres, Myriam Dou ou Juliette Pary.
J'avais omis, pour une raison incompréhensible, Renée Dunan et l'auteur du jour : Michèle Nicolaï.
Car Michèle Nicolaï (1905-1950), bien que spécialisée dans les récits sentimentaux, s'est plusieurs fois confrontée au genre policier, que ce soit sous son nom ou sous les pseudonymes de Nicole Moran et Jean-Marie Laroche.
Et si je connaissais depuis longtemps le titre « Mon premier crime » pour l'avoir croisé dans la collection « La Main Blanche », je n'avais pas été chercher plus loin.
Or, à part ce titre-là, Michèle Nicolaï a écrit au moins 7 autres courts récits d'environ 10 000 mots plus un roman.
Du coup, je me suis lancé dans la découverte des titres de l'auteur que je pouvais trouver.
Le titre du jour, « Je vous tuerai... » a été publié en 1941 dans le magazine « Police-Roman ».
JE VOUS TUERAI
Lionel Katford, célèbre auteur de romans policiers, est un homme à qui tout réussit.
Mais un jour, une lettre anonyme lui annonçant « JE VOUS TUERAI », vient briser sa quiétude.
D'abord incrédule, Lionel est rapidement confronté à la réalité de la menace. Des appels téléphoniques anonymes, des messages laissés dans sa voiture... l'étau se resserre.
Il se tourne alors vers l'inspecteur Ellis de Scotland Yard, pour obtenir protection.
Lionel Katford, célèbre écrivain de romans policiers, voit sa vie basculer quand il reçoit un message anonyme glissé sous sa porte lui annonçant : « Je vous tuerai ».
Pensant d'abord à une mauvaise plaisanterie, il ne tarde pas à prendre la menace au sérieux quand un appel anonyme le condamne dans les mêmes termes.
Se sentant alors traqué, Lionel Katford ne voit pas d'autre solution que de demander la protection de Scotland Yard...
Je retrouve donc pour la deuxième fois la plume de Michèle Nicolaï à travers un petit récit policier (à peine plus de 10 000 mots) tirant un peu vers le récit noir.
On y rencontre un écrivain à succès qui, du jour au lendemain, bascule dans le doute, la peur et la crainte de mourir. Mais qui peut bien vouloir sa mort ? il serait incapable de le dire et cela le mine peut-être encore plus que la menace proprement dite.
Ne sachant d'où peut venir le coup, il ne peut s'y préparer et l'inspecteur Ellis le comprend bien puisqu'il lui conseille de se méfier de tout et de tous.
On retrouve dans le texte le goût de Michèle Nicolaï pour les récits sentimentaux puisqu'en plus des déboires de Lionel Katford, l'auteur nous offre également un début de romance entre Ellis et une journaliste.
Si l'intrigue, simple, tient la route durant tout le récit (il s'agit uniquement de menaces), elle prend malheureusement du plomb dans l'aile quand il est besoin d'avancer un mobile et de le justifier. En effet, difficile de croire à celui-ci, tant du côté de la motivation du tueur, que de la raison de sa rancœur, d'autant que le geste à l'origine de cette haine est lui-même difficilement crédible.
Mais nous sommes dans un récit fasciculaire (même si publié dans un magazine) et il faut bien consentir à ce genre de facilités qui permettent aux auteurs de respecter les contraintes d'un format court et d'une écriture rapide.
Au final, un récit pas désagréable à lire et qui souffre principalement des défauts inhérents au format court...
Il y a peu, je découvrais la plume de Max-André Dazergues, un auteur de littérature populaire fasciculaire que j'attendais depuis longtemps de découvrir en amassant les titres achetés ici ou là.
Pourquoi attendre si longtemps ? Probablement parce que je voulais faire sa connaissance via sa série sur « Le Bossu ».
Mais, si le bonhomme eut une production conséquente, on ne trouve pas forcément tous les titres que l'on désirerait (la littérature fasciculaire se perd... heureusement que certains se consacrent à sa sauvegarde).
Aussi, à force d'attendre, je décidais de rencontrer l'auteur à travers un autre récit, récit que j'appréciais fortement et qui me donna envie de poursuivre ma découverte.
C'est ce que je fis donc avec le titre du jour : « La guinguette aux orties ».
Pourquoi ce titre-là ? Pourquoi pas.
Probablement parce que la couverture m'a plu (comme beaucoup de fascicules de la collection « Le Glaive »).
Sûrement parce que le format n'est plus tout à fait celui d'un fascicule (134 pages).
« La guinguette aux orties » est donc un petit livre de 134 pages publié dans la collection « Le Glaive » écrit entre avril et mai 1944 à Lyon (oui, M.A.D., tout comme Simenon, dont il fut soupçonné un temps d'être un pseudonyme, a noté l'endroit et l'époque à laquelle il a écrit ce récit).
Max-André Dazergues, de son vrai nom André Compère (1903-1963) n'est pas un auteur de littérature populaire lambda. Il fut d'ailleurs, paraît-il, à l'origine de la carrière de Frédéric Dard avec lequel il fut ami (ils habitaient alors tous deux à Lyon).
Auteur prolifique, il signa plus de 300 fascicules sous divers pseudonymes (Max-André Dazergues, André Mad, André Star, Paul ou André Madandre...) inscrits dans les genres à la mode à l'époque (Sentimental, aventures, policier).
En parallèle il écrivit une cinquantaine de romans.
La guinguette aux orties :
André Truchot, ancien gérant d'une grande brasserie lyonnaise, achète une guinguette au bord de l'eau nommée " Chalet des Îles ". Il entreprend de la rénover avec l'aide d'un ami.
L'aventure à venir s'annonce paisible, rythmée par les jeux de boules, la danse et les consommations. Cependant, un cadavre est découvert dans la cave du " Chalet des Îles ".
L'inspecteur Lestrades est appelé sur les lieux pour mener l'enquête.
Qui est l'inconnu assassiné ? Quel est le mobile du crime ? Lestrades, secondé par Truchot, explore les méandres d'une affaire complexe, où les secrets et les mensonges se mêlent aux amours naissantes et aux jalousies refoulées.
Entre parties de pêche, promenades en tandem et observations discrètes, Lestrades démêle peu à peu les fils de l'intrigue, menant le lecteur au cœur d'un été mouvementé sur les bords de Saône.
Une enquête captivante, pleine de rebondissements, où le charme pittoresque de la guinguette contraste avec la noirceur du crime.
Truchot a décidé d'acheter une guinguette, dans les bois, au bord de l'eau, dont le propriétaire fut retrouvé noyé.
Il demande à son ami Carteret de faire les travaux de rénovation nécessaires à la réouverture de l'endroit. En visitant la cave du troquet, ils découvrent un cadavre simplement vêtu d'un maillot de bain.
L'inspecteur Lestrades est chargé de l'enquête et va bien avoir du mal à démêler tous les fils de l'affaire, d'autant que le maillot de bain appartient à un marin d'une péniche arrivée bien après le moment de la mort estimée...
J'ai bien du mal à savoir réellement ce que j'ai pensé de ce petit roman de 33 000 mots.
En effet, avant d'entamer la lecture, je pensais découvrir un récit à l'ambiance Simenonesque, comme le premier que j'avais lu de l'auteur. Mais ce roman n'est pas du tout écrit dans la même ambiance, et, du coup, j'ai été un peu perturbé.
Tout comme j'ai été perturbé par le fait qu'il n'y ait pas réellement de personnage principal dans ce récit, car, même si c'est l'inspecteur Lestrades qui est chargé de l'enquête, Truchot est souvent présent dans le récit. Mais, au final, aucun des deux n'est réellement le héros de l'histoire.
Les personnages secondaires sont également un petit peu trop nombreux entre le vieux habitant dans l'île, les marins de la péniche, les habitants de la villa, les cyclistes...
Enfin, l'intrigue semble bien alambiquée pour, au final, pas grand-chose, car elle est en réalité très simple.
Mais le récit est écrit d'une plume agréable et certains personnages sont un peu plus complexes et mystérieux que les autres (le vieux de l'île, le demeuré de la péniche), ce qui rehausse un peu l'ensemble.
Pour autant, « La guinguette aux orties » est loin d'être un récit inoubliable ou même marquant d'un auteur pourtant réputé, au talent indéniable, et qui a déjà démontré ce dont il était capable.
Au final, un petit roman policier qui se lit sans déplaisir mais qui ne s'élève jamais au-dessus de la plupart des récits policiers de l'époque. Dommage.
Parce que l'édition est une véritable loterie dans laquelle il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus, il est grand temps que quelqu'un mette sa plume dans la fourmilière afin de faire connaître aux lecteurs la cruauté du milieu du livre !