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Loto Édition
7 avril 2024

Max Carrados

J’adore le genre policier, les personnages récurrents et les récits courts !

Vous le sauriez si vous lisiez mes chroniques en grande partie consacrées à cette triplette savoureuse.

Comme les récits courts n’ont plus cours de nos jours, voilà des années que je me plonge avec délectation dans la littérature populaire française du début du siècle dernier, l’ère du fascicule policier, qui, on va dire, s’étale entre 1910 et 1960.

Je ne dirai pas que j’ai fait le tour de la question, loin de là, mais depuis quelques semaines, j’ai décidé de m’intéresser à la même triplette, mais hors de l’Hexagone… plus précisément dans les pays anglophones (ceux qui ont le plus œuvré en la matière), Angleterre et États-Unis en tête.

Si, outre-Atlantique, les fascicules furent à la mode bien avant chez nous (c’est d’ailleurs les traductions de la série « Nick Carter » qui imposa en France le format fasciculaire), en Angleterre, ce furent plus souvent les magazines qui accueillirent les récits courts comme nous le démontre Sherlock Holmes avec le succès de ses aventures dans le « Strand Magazine ».

Et ces personnages ayant vécu de courtes enquêtes dans journaux et magazines dans les pays anglophones n’eurent pas le même destin dans nos frontières.

Très rares furent ceux à avoir du succès (on pourrait les compter presque sur un seul doigt avec Sherlock Holmes), quelques-uns eurent le droit à des traductions, mais pas à un succès pérenne (« Le vieil homme dans le coin » d’Emma Orczy ; « Raffles, cambrioleur amateur » de Ernest William Hornung – personnage qui inspira pourtant celui d’Arsène Lupin…) et la plupart n’eurent même pas les honneurs d’être découverts par les lecteurs français faute de l’intérêt d’éditeurs…

Récemment, grâce à « OXYMORON Éditions », les lecteurs d’aujourd’hui purent découvrir tardivement les enquêtes de La Machine à Penser de l’américain Jacques Futrelle (mort à bord du Titanic) ou encore celles de Lady Molly de Scotland Yard d’Emma Orczy…

Mais ces deux personnages n’étant pas les seuls qui méritaient d’être découverts par chez nous, voilà qu’un troisième enquêteur débarque et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a une particularité très particulière… puisqu’il est aveugle !

Il s’agit de Max Carrados, un personnage créé par l’anglais Ernest Bramah (1868-1942) et qui apparaît dans une vingtaine de récits courts et un roman.

Max Carrados apparaît dans la nouvelle « The Coin of Dyonisius » dans laquelle un détective privé, M. Carlyle, cherche un expert numismate afin de déterminer si une pièce est fausse ou non. Un bijoutier lui conseille alors de rendre visite à un amateur éclairé en la personne de Max Carrados.

Mais arrivé chez le bonhomme, deux surprises l’attendent. La première est que Max Carrados est aveugle et la seconde est que celui-ci le reconnaît à la voix et ils se rendent alors compte qu’ils se connaissent depuis le collège et que chacun a changé de nom à la suite de démêlés avec la justice…

D’abord sceptique face au handicap de Carrados, Carlyle va vite se rendre compte que celui-ci, bien qu’aveugle, voit bien mieux les choses grâce à ses autres sens, à son intelligence et à sa perspicacité. De plus, s’il ne voit rien, son majordome, Parkinson, est lui un fin observateur qui lui sert souvent d’yeux.

Ernest Bramah nous propose donc un détective original qui va œuvrer dans de courtes enquêtes de 7 à 8000 mots (excepté le roman, « The Bravo of London »).

On retrouve dans ces nouvelles l’ambiance du Londres de l’époque post-victorienne et celle d’un monde bouillonnant d’inventivité et d’inventions balbutiantes.

De plus, Max Carrados n’hésite jamais à jouer de son handicap pour mettre mal à l’aise, pour rire ou tout simplement pour servir ses enquêtes.

On notera qu’ici, la narration se fait à la troisième personne et qu’aucun des deux héros n’est alors le narrateur de l’histoire, contrairement à la mode lancée par John Watson avec les enquêtes de Sherlock Holmes.

Cependant, le principe du duo de personnages aux caractères opposés, mais complémentaires est ici à l’œuvre.

Car Max Carrados épaulera M. Carlyle dans ses enquêtes, lui apportant ses « lumières » et la relation amicale entre eux se renforcera de facto.

Le personnage singulier de Parkinson, homme qui voit, mais ne réfléchit pas au service d’un homme qui ne voit pas, mais réfléchit, n’est pas toujours utilisé, du moins dans les premiers épisodes et c’est un peu dommage tant ce duo-là avait un intérêt.

Malgré tout, et même si les intrigues sont forcément, du fait de la concision des textes, pas trop élaborées, l’ensemble est très plaisant à lire et le personnage de Max Carrados suffisamment attachant, de par son humour, son recul sur son handicap, sa façon d’en jouer pour mettre mal à l’aise son interlocuteur ou pour faire avancer ses enquêtes.

Au final, une petite série qui méritait d’être redécouverte et cela tombe bien, c’est ce que permettent les traductions effectuées par « OXYMORON Éditions »…

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