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Loto Édition
24 septembre 2023

Le drame de l'express de Chicago

 

MB09Voilà des années et des années que je cherche à réunir les 20 fascicules de la série « Miss Boston, la seule détective-femme du monde entier » d’Antonin Reschal.

Ces fascicules sont parus en 1910 aux éditions Albin Michel, suite à l’immense succès des traductions des aventures du détective américain Nick Carter qui, vers 1906, ont déferlé sur l’Europe entière.

Le succès de Nick Carter a inspiré de nombreux autres personnages construits à partir du même moule, même style de personnage, même format de texte, même genre de fascicules, comme Marc Jordan, chez Ferenczi, ou encore « Ethel King, le Nick Carter au féminin » dont les aventures parurent à partir de 1912.

Oui, mais voilà, si on trouve encore des fascicules de Nick Carter à profusion, ceux de ses confrères sont infiniment plus difficiles à se procurer.

Trouver l’intégrale des aventures de Marc Jordan est une galère devant laquelle j’ai baissé les bras bien que j’en possède plus de la moitié, les 31 premiers épisodes en papier, quelques autres en scans.

Pour la série qui m’intéresse aujourd’hui, « Miss Boston », c’est l’inverse.

Si j’ai réussi à trouver la deuxième moitié de la production (les 10 derniers épisodes), les 10 premiers sont presque introuvables (je dis presque parce qu’un recueil est proposé sur le Net depuis des années par un libraire à un prix que je refuse de mettre, car il correspond à presque 15 fois le prix que j’ai payé l’autre moitié de la série).

Bref, à force d’attendre de trouver les premiers épisodes, au moins le tout premier où Miss Boston résout le meurtre de Sherlock Holmes, rien que ça, j’en ai eu marre et je me suis décidé de découvrir la série à partir des épisodes que j’avais en ma possession.

Aussi, cette découverte s’est fait avec le numéro 9 : « Le drame de l’express de Chicago ».

Pour rappel, l’auteur de la série, Antonin Reschal, est né en 1874 et s’est lancé à l’âge de 20 ans dans le monde de la Presse, en devenant Rédacteur en chef de plusieurs magazines. Il sera d’ailleurs condamné pour publication d’un dessin licencieux dès 1897 ce qui ne l’empêchera pas de verser dans les magazines de photos de nus ou l’écriture de romans légers avant de se lancer dans l’écriture des aventures de Miss Boston.

Une chose est sûre, que ce soit en tant que Rédacteur ou écrivain, la femme fut toujours au centre de son travail.

Il écrivit d’ailleurs également les aventures de Maud, une femme cambrioleuse.

Il mourra en 1935 à Perpignan, ville où il s’était installé depuis quelques années.

LE DRAME DE L’EXPRESS DE CHICAGO

Dans la gare de Chicago, à l’arrivée de l’express venant de New York, après la descente des voyageurs, c’est le sempiternel balai des employés fouillant les compartiments à la recherche d’objets oubliés.

Mais cette nuit-là, à défaut d’objet, c’est le corps d’un homme jeté dans le filet à bagages qui est découvert.

La victime a été tuée de plusieurs balles de revolver dans le dos.

Le commissaire local, face au manque d’indice, sachant que la célèbre détective Miss BOSTON est dans sa ville, décide de faire appel à ses services.

Celle-ci ayant quelques jours devant elle avant de s’occuper d’une autre affaire, accepte d’enquêter sans se douter qu’elle s’apprête à engager un combat contre des ennemis redoutables…

Quand l’express arrivant de New York s’arrête à Chicago en pleine nuit, les employés du chemin de fer, une fois tous les voyageurs descendus, fouillent chaque compartiment pour récupérer les objets oubliés par les passagers. Mais, à défaut d’objet, c’est le corps d’un homme qu’ils découvrent dans un filet à bagages. La victime est morte de plusieurs coups de revolver dans le dos…

Le commissaire chargé de l’enquête, devant le peu d’indices, décide de faire appel à la célèbre détective Miss Boston qui, justement, se trouve dans la ville pour une autre affaire.

Celle-ci accepte à condition de résoudre l’enquête en quelques jours, un autre dossier l’appelant d’urgence ailleurs…

Que dire de ce 9e épisode et de cette découverte des aventures de Miss Boston ?

Déjà que, qui a déjà lu les aventures de Nick Carter, ne se trouve pas en terrain inconnu tant tout est présent pour rappeler le détective américain.

L’histoire se déroulant en Amérique en début du XXe siècle. Le panégyrique fait au personnage principal (tout comme dans les Nick Carter). Les lieux fréquentés par les personnages, le fait que l’action prime sur la réflexion et donc le genre du récit qui se rapproche plus de l’aventure que du réel policier…

La référence est d’autant plus affirmée et assumée que le commissaire chargé de l’enquête préfère faire appel à Miss Boston qu’à Nick Carter, car, comme il est écrit noir sur blanc, « Nick Carter perd de jour en jour de sa subtilité, il vieillit. Mais il y a quelqu’un de bien plus fort que lui… ».

Quelques lignes plus tard, il est même précisé que Miss Boston est « celle qui a dépassé Sherlock Holmes et laissé derrière elle Nick Carter. »

La seule différence notable, alors, réside dans le fait que le héros est une femme.

D’ailleurs, tout est fait pour que la série rappelle celle des Nick Carter. La présentation des fascicules, le style des illustrations, avec une phrase tirée du texte sous le dessin, un bandeau avec le titre et un portrait de l’héroïne, le texte en double colonne…

Et, effectivement, comment ne pas penser à Nick Carter en lisant cette aventure de Miss Boston.

D’ailleurs, l’auteur a poussé la comparaison en se faisant, comme le faisaient les épisodes de Nick Carter, que l’histoire se déroule sur plusieurs fascicules.

Ici, même si l’histoire peut se lire indépendamment, elle se poursuit pourtant dans l’épisode suivant, le n° 10 intitulé « Les souterrains maudits de Clifford » et ce ne sera pas la seule fois.

Alors, on notera, comme différence notable, qu’il ne semble pas que Miss Boston affronte un super méchant, comme Nick Carter le fit avec les Docteurs Quartz et d’autres. Qu’elle avait probablement pour unique équipier le lieutenant Sokes (même si je crois bien qu’elle en avait un autre mort dès le premier épisode) et donc que les récits sont moins grandiloquents, moins flamboyants dans le sens de la démesure.

On retrouvera également la volonté d’insérer dans les récits des innovations technologiques de l’époque comme la voiture, l’aéroplane, les rayons gamma… de façon à contenter les jeunes lecteurs de l’époque férus d’inventions en tous genres.

On notera également comme autre différence, la longueur des épisodes.

Ceux de Nick Carter voisinent les 30 000 mots là où ceux de miss Boston s’approchent des 15 000.

Cette différence de taille, on avait déjà pu la constater pour les aventures de Marc Jordan s’inspirant déjà de celles du détective américain.

Bref.

Qui apprécie les aventures de Nick Carter ne boudera pas celles de miss Boston même si les lecteurs de l’époque, eux, semblent l’avoir fait puisque la série d’Antonin Reschal eut un succès pour le moins limité puisque la série s’arrête brutalement au 20e épisode (celles de Nick Carter en comptent plus de 1000) et dès 1912, Albin Michel, l’éditeur, recyclera les invendus en proposant aux lecteurs des recueils de 10 épisodes.

Au final, une série inspirée des aventures de Nick Carter, introuvable ou presque de nos jours du fait, probablement, du peu de succès qu’elle eut à l’époque.

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