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Loto Édition
20 novembre 2023

L'énigme des têtes tranchées

CouvLEDTTDans le monde du fascicule policier du siècle dernier, il y a quelques collections que j’affectionne tout particulièrement pour des raisons diverses.

L’une des plus anciennes, « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi, parce que c’est l’une si ce n’est la toute première collection fasciculaire policière française. Mais aussi pour les illustrations de couvertures toutes signées de l’excellent Gil Baer. Enfin, parce qu’on y découvre un genre et un format encore balbutiant dont les récits hésitent toujours entre l’aventure, le sentimental et le policier.

Presque un quart de siècle plus tard, une autre collection que j’apprécie tout particulièrement est « La Collection Rouge » des éditions Janicot.

Si je reste dubitatif sur les illustrations, ne sachant si je les trouve belles ou pas vraiment, c’est surtout et avant tout pour les textes que je me penche régulièrement sur le contenu de cette collection.

Effectivement, on y retrouve des récits parmi les mieux écrits et maîtrisés du diptyque fascicule/policier. Et, dans le lot, on peut apprécier les histoires d’un auteur qui excellait dans cet art difficile : Géo Duvic alias Maurice Lambert, dans la collection.

On doit à cet auteur des textes d’une qualité rarement atteinte dans ce format contraignant, notamment dans les enquêtes de ses personnages récurrents que sont le commissaire Mazère, l’inspecteur Machard ou encore l’impayable A.B.C. Mine.

Mais Maurice Lambert n’est pas le seul auteur a performer dans cette collection.

Dans les autres écrivains ayant alimenté « La Collection Rouge » on retrouve l’énigmatique Lucien Van Der Haeghe sur lequel je n’ai comme information que sa collaboration avec l’auteur et éditeur Jean des Marchenelles… qui est probablement à l’origine de ladite collection puisqu’il en signe les 5 premiers titres.

« L’énigme des têtes tranchées » est un des tout premiers titres, également, de cette collection, le premier signé par l’auteur pour celle-ci (suivront des récits mettant en scène deux de ses personnages récurrents, le commissaire Barma et le détective Duval).

L’ÉNIGME DES TÊTES TRANCHÉES

« HORRIBLE MEURTRE – L’éminent savant Georges Bernard est trouvé dans son lit la tête tranchée. La tête a disparu. »

C’est par cet encart dans un journal que les inspecteurs Joufflu et Dick qui se morfondent en attendant une affaire digne d’eux, apprennent ce fait divers.

Aussitôt, Joufflu va dans le bureau du chef de la Police Judiciaire pour demander à être chargé du dossier.

Ce dernier accédant aux doléances de son subordonné, Joufflu et Dick se rendent immédiatement sur la scène de crime pour constater l’absence totale d’indice…

L’éminent savant Georges Bernard a été assassiné. Sa tête a été tranchée et celle-ci demeure introuvable. Les inspecteurs Joufflu et Dick sont chargés de l’enquête, mais celle-ci s’avère ardue, car aucun indice n’est découvert sur la scène de crime. Aussi, l’inspecteur Joufflu finit-il par s’attacher à la seule piste qu’il ait bien que celle-ci ne semble pas très pertinente…

Que dire de ce récit de 13 500 mots ?

Déjà, que l’on retrouve, dès ce premier titre de l’auteur (en a-t-il écrit d’autres pour d’autres collections, avant ?) sa volonté de narrer son histoire au présent.

On retrouvera cette particularité dans les autres titres signés Van Der Haeghe dans la collection.

Ce choix était suffisamment rare, à l’époque, dans le monde du fascicule policier pour le noter.

Ensuite, que l’intrigue a mal vieilli.

Effectivement, quand un récit de l’époque aborde ce genre de sujet (la raison du meurtre que je ne peux dévoiler au risque de trop révéler), il est évident que le ressenti n’est pas le même entre un lecteur d’alors et un de maintenant.

Pour le reste… j’ai eu immédiatement envie de m’attacher aux deux policiers du récit, l’inspecteur Joufflu, surnommé ainsi pour son embonpoint et l’inspecteur Dick. Le premier est actif, malgré son physique, il dirige le duo quand le second se contente d’acquiescer et d’écluser des calvas (ou autres alcools).

Malheureusement, l’auteur ne parvient jamais à totalement imposer ses deux enquêteurs, la faute d’un manque de maîtrise du format et d’une intrigue qui ne le met pas forcément en valeur, d’autant qu’elle fonctionne un peu trop sur les hasards et les coïncidences.

Du coup, le plaisir de lecture n’est jamais totalement présent du fait que le lecteur a la sensation que l’intrigue et la narration ne sont pas à la hauteur des personnages (hauteur toute relative et étalonnée au prisme des possibilités du récit fasciculaire).

En reste ces personnages que l’on aurait aimé retrouver (ce qui ne sera pas le cas, apparemment), cette narration au présent de l’indicatif trop rare à l’époque… et pas grand-chose de plus.

Au final, un récit policier qui met en scène deux personnages intéressants, mais qui souffre d’une intrigue ayant mal vieilli…

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