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Loto Édition
2 février 2020

La haine d'une sorcière

NC26

« Rien ne s’invente, tout se transforme... », cet axiome qui régit notre monde est d’autant plus juste en ce qui concerne la littérature populaire.

Et cette justesse vénérable s’applique encore mieux à la série que je vais aborder une nouvelle fois aujourd’hui et dont le titre « La haine d’une sorcière » fait partie : « Nick Carter, détective ».

Nick Carter est un personnage de la littérature populaire américaine créé à la fin du XIXe siècle et dont le succès ne se démentit pas pendant près de 80 ans.

Des centaines (milliers ?) d’épisodes fasciculaires, des romans, des adaptations théâtrales, cinématographiques, radiophoniques... jusqu’à la chanson (n’oublions pas qu’il fit partie du « Boysband » les « Backstreet Boys »... non, je déconne, c’est un homonyme).

Le succès outre-Atlantique poussa des éditeurs européens à introduire les traductions de ses aventures dans le plus de pays possible du vieux continent.

Ce fut le cas en France dès 1907 par l’intermédiaire des éditions Eischler.

Le succès fut immédiat et inspira nombre d’éditeurs et d’auteurs qui voulèrent proposer « leur » Nick Carter aux lecteurs avides de ces aventures d’un nouveau genre.

Si Léon Sazie s’était déjà inspiré du détective américain (en le mixant avec Sherlock Holmes) pour créer Martin Numa, ce sont les éditions Ferenczi qui frappèrent les premiers dans une copie quasi parfaite, tant dans le genre, le style que dans le format.

Effectivement, l’éditeur, jusqu’ici plus spécialisé dans les textes tendancieux (qui, d’ailleurs, lui attirèrent des soucis), publia quelques mois seulement après l’invasion de Nick Carter, les aventures de « Martin Numa » une copie quasi conforme du détective américain.

Formaté de la même façon (grand fascicule de 32 pages, doubles colonnes, récits indépendants d’environ 20 000 mots, couverture illustrée reprenant les codes couleur de la série originale), le détective Martin Numa se vêtait des oripeaux de son prédécesseur : détective intelligent, fort, combatif, perspicace, observateur, aidé dans ses enquêtes par des fidèles lieutenants et devant combattre des ennemis jurés machiavéliques sur une partie de la série.

Les différences étaient rares : le comte Cazalès remplaçait le Dr Quartz (ou autre ennemi juré de Nick Carter car il en eut plusieurs durant sa longue carrière), et la belle Pépita la Rouge, bras droit de Cazalès, prenait la place de la belle Zanoni, la pupille du docteur ; le beau-frère de Zanoni (cherchant vengeance pour la mort de sa femme, la sœur de Zanoni), quant à lui, cédait place au docteur Jarris, un ancien amant de Pépita la Rouge qui cherchait vengeance, lui, par haine de l’amour qu’il avait porté à la terrible femme et à tout ce qu’elle lui avait fait faire...

Bref, vous comprendrez que « rien de s’invente, tout se transforme... » avec plus ou moins de latitude.

Car Nick Carter et Sherlock Holmes engendrèrent nombre de clones, de pâles copies ou de mélanges : Lord Lister, Ethel King, Miss Boston...

Mais revenons-en à Nick Carter et « La Haine de la sorcière ».

Cet épisode fait suite à « Les aventures d’un pendu » qui avait vu l’arrestation de Zanoni et la condamnation et la pendaison du docteur Quartz... emporté par la suite par un ouragan...

Épisode 26 dans la série publiée en France, « La haine de la sorcière » s’avère être une traduction de « The woman wizard's hate », l’épisode n° 417 de la série originale (ceci explique probablement les multiples références, dans la série française, à l’ancien Docteur Quartz, le véritable, dont les Français n’ont probablement jamais pu lire les aventures).

 

LA HAINE D’UNE SORCIÈRE ou LE SQUELETTE MYSTÉRIEUX

 

Après la condamnation et la pendaison du terrible Dr Quartz et l’arrestation de sa diabolique pupille, la belle Zanoni, Nick CARTER, le célèbre détective, devrait être enfin soulagé et prendre un repos bien mérité…

 

Cependant le doute l’assaille !

 

Lorsqu’il a échappé au sort que Zanoni lui réservait, qu’il est parvenu à s’en saisir malgré la faiblesse due au poison qui coulait dans ses veines, n’a-t-il pas entendu la jeune femme appeler à la rescousse le machiavélique médecin ? Et cette ombre chimérique qu’il a aperçue, ne figurait-elle pas la physionomie de son ennemi ?

 

La mort avérée de son rival était susceptible d’apaiser ses craintes…

 

Ah ! S’il pouvait, de lui-même, constater le décès, mais le corps du supplicié a été emporté par une puissante tornade.

 

Et s’il avait miraculeusement survécu ?

 

Nick CARTER n’a pas le choix, il lui faut suivre le parcours de l’ouragan afin de retrouver les traces de son adversaire.

 

Or, c’est un autre cadavre qu’il découvre durant son périple, une dépouille loquace qui va lui apprendre bien des choses…

 

Zanoni est en prison, mais elle jure de s’évader et de rendre visite à Nick Carter.

Dans le même temps, le détective doute de la mort du Docteur Quartz dont le cadavre, à peine pendu, a été emporté par une tornade et receuilli et sauvé par un pauvre hère dans une forêt.

Le détective, après avoir rencontré un spécialiste des évènements climatiques, explore le tracé qu’a dû suivre la tornade afin de retrouver le cadavre du pendu... mais il trouve, à la place, un autre cadavre, dans une cabane...

Nick Carter n’en a pas fini avec Zanoni et le Dr Quartz, d’ailleurs, il n’en finit jamais d’en finir avec ces deux-là qui, même quand ils sont arrêtés, parviennent à s’enfuir et, quand ils sont morts, reviennent à la vie.

C’est un pur jeu du chat et de la souris que se livrent les deux parties, Nick Carter et ses hommes d’un côté, Zanoni et Quartz de l’autre.

Si les rebondissements successifs peuvent, désormais, paraître bien factices et si l’on peut craindre une certaine redondance, admettons tout de même qu’ils apportent un rythme certain à l’ensemble et qu’ils donnent l’assurance aux lecteurs qu’il va se passer toujours quelque chose même et surtout quand on a l’impression que l’affaire est enfin réglée.

Si les premiers épisodes souffraient d’un problème de traduction, se soucis devient moindre par la suite et il faut bien avouer que c’est avec un certain plaisir que l’on suit les multiples assauts de part et d’autre et les plans machiavéliques des uns et des autres tout comme certains peuvent éprouver un plaisir à regarder les pérégrinations des personnages de « Plus belle la vie » depuis des années (sauf qu’il y a un peu plus d’action dans « Nick Carter »).

Il est certain que le style littéraire est assez pauvre, mais cela n’empêche pas le plaisir et je serai même presque tenté de dire qu’il le favorise.

Effectivement, les textes ne donnent pas dans les fioritures et vont droit au but sans pourtant être dénués de certains passages intéressants, comme ici, le monologue de Nick Carter, dans la cabane au fond des bois, en présence du crâne de l’infortuné sauveur du docteur Quartz.

Le détective fait parler le mort en l’observant, en observant les objets et lui parle et obtient des réponses comme si l’autre lui répondait, ce qui n’est pas sans apporter une certaine cocasserie, mais également une ambiance un peu étrange.

Le reste du récit, s’il est à l’image de la série, nous offre, vers la fin, un autre passage intéressant, malheureusement sur lequel l’auteur ne s’appesantit pas, quand Nick Carter demande à chacun de ses lieutenants, Chick, Patsy et Ten Itchi, comment chacun s’y prendrait s’il était tout seul, pour retrouver le docteur Quartz.

Chacun propose une piste à suivre, une manière de faire et Nick Carter les encourage à se lancer à leur manière dans l’affaire, ce qui n’est pas sans rappeler ce que développera, par la suite, Gabriel Bernard, dans son roman « Les cinq détectives », histoire dans laquelle plusieurs détectives usent de méthodes différentes pour résoudre une même enquête.

Malheureusement, l’auteur, lui, ne s’attarde par sur cette idée pourtant fort intéressante et se content d’arriver directement à la résolution en zappant un passage qui aurait pu faire à lui seul le bonheur d’un épisode complet.

Dommage.

Au final, à l’image de Nick Carter, un épisode rythmé, aux idées foisonnantes, parfois rocambolesques, parfois ingénieuses, dont l’unique but est de proposer une lecture agréable et sans temps mort...

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