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Loto Édition
4 décembre 2022

Casse, cavale et bascule

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Si j’étais une miss France, ce que mon physique et mon intelligence m’empêchent (j’ai un surplus rédhibitoire dans les deux cas) je dirais que la guerre, c’est mal et que la prison, ce n’est pas bien.

Cependant, je dois accorder aux jeunes femmes participant à ce genre d’élection qu’elles n’ont pas tort (la guerre, c’est mal et la prison, c’est pas bien) et même que certaines sont bien moins bêtes que ce qu’elles paraissent (certaines).

Hé oui, la prison, c’est mal. Pour celui qui s’y trouve, quel que soit le côté des barreaux, ce qui fait que j’ai toujours refusé, quand je cherchais un boulot, les propositions de gardien de prison et que je n’ai de cesse de respecter les lois (même les plus bêtes) pour ne pas me retrouver enfermé dans une cellule de quelques mètres carrés.

Bref, la prison, c’est mal… mais, parfois, cela te permet de découvrir certaines pratiques… dont je ne ferai pas le détail, mais dans lesquelles se trouve l’écriture.

Oui, tout ça pour dire que pas mal d’auteurs de romans policiers ont découvert leur voie d’auteurs de polar pendant leur incarcération.

Je ne ferai pas non plus une liste exhaustive, cherchez si cela vous intéresse, mais je peux ajouter un nom à celle des « auteurs ayant découvert l’écriture en prison que j’ai lu », celui de Jacques Risser, né en 1938 et qui découvrit l’art de la plume durant ses six années d’incarcération.

Jacques Risser écrivit d’abord pour la mythique « Série Noire » avant de passer chez Plon.

On lui doit plus d’une douzaine de romans et deux scénarios pour le cinéma et la télévision.

Je découvre l’auteur par son troisième roman : « Casse, cavale et bascule », paru dans la collection « Série Noire » en 1969.

Casse, cavale et bascule :

Dans ce coup, c’est deux cents briques à nous partager à quatre, ou on risque d’y aller du gadin, si on se fait sauter. À toi de voir… » Telle était la proposition qu’Étienne-le-Toubib venait de me faire alors que je sortais du trou où j’avais tiré dix-huit mois. Il y avait de quoi réfléchir. Pourtant je n’ai pas attendu longtemps avant de donner mon acceptation. Tout ça c’était pour Dolly, une môme que je voulais à tout prix embarquer. Mais je ne pensais pas l’entraîner aussi loin.

Paul Fernier sort de prison et est attend par son ami Étienne le Toubib qui lui propose un coup du tonnerre qui leur rapportera soit la fortune, soit la prison et la chaise à bascule…

Paul Fernier demande à réfléchir, pas très chaud pour retourner d’où il vient de sortir, mais quand il croise la belle Dolly dans un cabaret, il tombe immédiatement amoureux et décide de faire la casse pour pouvoir apporter à Dolly tout ce qu’elle désire…

Ce roman est parfaitement résumé par son titre : un casse, une cavale… et la bascule…

Jacques Risser décide de conter son histoire à la première personne du point de vue de Paul Fernier en alternant les chapitres où ce dernier passe ses dernières heures dans sa cellule en attendant de faire la connaissance de la grande veuve, de la chaise à bascule, de la machine à Deibler, bref, de la guillotine et d’autres chapitres contant comment et pourquoi il a été condamné à mort.

L’amour, l’argent, la rage, la vengeance, la cavale, la passion, la folie, la mort…

Tout y passe et l’on assiste, impuissant, à la déchéance morale et physique d’un homme qui, au départ, n’avait d’autre intention que de se ranger définitivement avec la femme qu’il aime.

Mais, bien évidemment, les choses ne vont pas se passer comme prévu et, à cause d’une boulette, Paul Fernier va se retrouver avec les flics et ses comparses aux fesses, les uns pour l’arrêter et les autres pour le faire taire…

S’en suit alors une cavale sanglante qui va finir par une condamnation à mort, légale, pour Paul Fernier, et d’autres, plus expéditives et violentes…

Si je ne suis pas fan des récits alternés, il faut bien reconnaître à l’auteur qu’ici, c’est le choix qui s’imposait à la fois pour rythmer son récit, mais aussi pour tenir le lecteur en haleine.

Si l’on sait dès le début comment l’histoire va se terminer, on découvre au fur et à mesure les raisons de cette sentence capitale…

Écrit sans fioriture, ce récit ne cherche jamais à faire du personnage central un héros même si, au départ, ses intentions sont louables. Pas d’excuses, juste, peut-être un constat : difficile d’échapper à son destin et à son statut de criminel.

Certes, on ne retrouvera pas, ici la flamboyance de la plume d’un Léo Malet ou d’un André Helena, par exemple, ni la langue brute et argotique du milieu d’un Albert Simonin, mais juste un récit sans concession, si bien du côté du style que de l’histoire.

Sans exceller outre mesure, la plume de Jacques Risser se met au diapason de son histoire, la sert sans se servir d’elle, afin de proposer aux lecteurs de suivre la déchéance de son personnage central.

Pas de manichéisme ni d’angélisme.

Au final, un récit d’une brutalité physique dans les phases de casse et de cavale et psychologique dans celle consacrée à l’attente du couperet. Efficace à défaut d’être flamboyant.

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