Oskal
Comme vous ne le savez peut-être pas (auquel cas cela veut dire que vous ne lisez pas toutes mes chroniques), je suis toujours à la recherche d’auteurs de récits policiers de langue française (pour éviter les problèmes de traduction et être certain de lire ce que l’auteur a voulu écrire) et encore plus de personnages récurrents…
Aussi, quand j’apprends l’existence d’un auteur que je ne connaissais pas et que celui-ci a écrit plusieurs romans autour des mêmes enquêteurs, j’ai du mal à résister à l’envie de découvrir la plume du premier et le talent d’investigation des seconds.
Et le choix du jour se porte sur Guillaume Coquery publié chez « M+ éditions » et auteur d’une trilogie autour d’un groupe de policier dirigé par le capitaine Damien Sergent…
« Oskal » est donc le premier opus de cette trilogie (peut-être amenée à se développer encore)…
Ce roman a été publié en 2020.
Oskal:
Été 2010, dans un bois proche de Besançon, une joggeuse disparaît. Elle ne sera jamais retrouvée et, étrangement, l’affaire sera vite classée.
2018, à proximité de Toulouse, une danseuse de cirque est retrouvée morte.
Pour le jeune capitaine Damien Sergent et ses coéquipiers, cette affaire a toutes les apparences d’un suicide… jusqu’à ce que certains éléments les conduisent à Besançon.
Sur place, certaines personnes ont tout intérêt à ce que le passé ne soit pas déterré…
Entre manipulation, influence et souvenirs douloureux, l’équipe de Damien Sergent évolue désormais en terrain hostile.
Le Capitaine Damien Sergent et ses trois assesseurs (Frédo, le vieux de la vieille, Sandrine, la boxeuse et Yanis, le jeune geek) vont enquêter sur le suicide d’une jeune danseuse de cirque dans sa caravane. Seulement, ils se rendent vite compte qu’il ne s’agit pas d’un suicide et l’enquête va les mener vers une affaire sur la disparition d’une joggeuse 8 ans plus tôt… la femme de Frédo)…
Bon, je le dis tout de suite, ce roman me laisse dubitatif.
Autant, certains livres, je suis capable immédiatement ce qui m’a fortement déplu (d’ailleurs, dans ce cas-là, je vais rarement au bout de ma lecture).
La plupart du temps, je suis aussi apte à cerner les points positifs d’une plume, d’une intrigue.
Et, plus rarement, je ne sais quoi pointer sur un roman.
C’est un peu le cas de « Oskal ».
Point positif, l’originalité et la curiosité apportées par le titre (oui, c’est peu, mais c’est déjà ça).
Ensuite…
On se rend compte immédiatement que la narration du roman est celle utilisée ad nauseam par les auteurs de thrillers à succès (ou sans succès, d’ailleurs). Narration alternative, doublement alternative, ici.
D’abord, l’auteur nous fait voyager dans le temps pour aborder une affaire qui n’a a priori rien avoir avec l’intrigue du roman (la disparition de la joggeuse). Bon, comme je ne suis pas plus bête qu’un autre, je me doute que si l’auteur aborde ce sujet, c’est qu’il est en rapport avec le reste (sinon, quel intérêt).
Ensuite, la narration alterne entre le passé et le présent pour expliquer l’histoire de certains personnages et permettre de comprendre leurs actions, leurs réactions.
Enfin, la narration alterne entre le passé et le présent pour permettre au lecteur de comprendre l’intrigue.
Voilà qui fait beaucoup d’alternance de narration pour un lecteur (comme moi) que ce procédé agace (car trop utilisé et souvent sans que cela apporte un plus au roman).
Oui, je le dis clairement, je préfère les narrations linéaires. Au moins, dans un tel cas, l’auteur doit se creuser le citron pour rythmer son histoire et la rendre exaltante.
Que dire des personnages ? Classiques ou presque. Le capitaine, forcément doué, car jeune. Le vieux briscard. La fliquette (car il faut toujours une fliquette dans un groupe de policiers dans un roman). Le jeune geek (car un geek est forcément jeune même s’il existe des geeks depuis 50 ans).
Les policiers s’entraident, se font du souci les uns pour les autres, mangent ensemble, boivent, plaisantent… bref, font tout ce que font des policiers dans un roman policier.
La plume est au diapason du reste. Commune. Pas indigente ou indigeste, mais loin d’être originale ou virevoltante.
Quant à l’intrigue…
Arff. Elle se veut complexe, mais les rebondissements ne tiennent bien souvent qu’à une facilité de l’auteur et de ses personnages comme la révélation finale sur l’identité du tueur qui aurait pu être évitée par une simple analyse ADN du principal suspect…
Et puis la fin, toute fin, qui permet de comprendre tout le reste…
Non pas qu’elle explique l’intrigue, non, mais elle explique probablement où l’auteur a été cherché son inspiration pour tout le reste. Du moins par qui, par quoi, il a été influencé.
Oui, ce final, qui n’en est pas un puisqu’il sert d’introduction au prochain opus, me laisse forcément penser que Guillaume Coquery s’est inspiré des auteurs de romans policiers à succès, Olivier Norek et, surtout, Bernard Minier en tête.
Norek, pour le groupe de policiers, la vie dans ce groupe, etc. Minier pour cette volonté de vouloir proposer un tueur en série psychopathe, intelligent et qui se joue de la police en général et du héros en particulier.
Et à l’aulne de ce final, on se rend compte, qu’en fait, tout le roman est construit comme un mixe d’un roman de Norek et d’un autre de Minier…
Le manque d’originalité se comprend donc à ce moment-là.
La seule inconnue est de savoir, alors, si ce parti pris est conscient, inconscient, volontaire ou encouragé.
L’auteur a-t-il juste été influencé par des lectures qui l’ont marquée ? Ou bien a-t-il juste cherché à reproduire des recettes qui ont fait le succès de certains romanciers ?
Dans le second cas, son but était-il de plaire à un éditeur, puis aux lecteurs ou bien dans l’espoir d’avoir du succès...
Bref.
Je semble être un peu dur avec ce roman, mais si je l’ai terminé (et je l’ai terminé puisque j’évoque la fin) c’est donc que la lecture n’a pas été indigeste, ce qui est déjà mieux que pas mal de romans policiers actuels que j’ai lus (j’ai d’ailleurs abandonné les romans de Bernard Minier pour cela et été déçu par les derniers Norek).
Mais, si j’ai abandonné Minier, vous pensez bien qu’il y a de fortes chances que j’en fasse autant avec Coquery… à moins que je lui redonne une chance dans quelque temps, allez savoir…
Au final, un roman qui pêche principalement par le fait qu’il est un peu trop influencé par les thrillers à succès actuels…