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Loto Édition
23 avril 2023

L'été tous les chats s'ennuient

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Comme vous devez commencer à le savoir si vous lisez mes chroniques (oui, il est toujours bon de rêver), je suis un féru de romans policiers, encore plus quand ils mettent en scène un enquêteur récurrent.

Lassé par les thrillers à succès suivant toujours la même recette pour ne pas décevoir les lecteurs, je me plonge souvent dans les récits d’antan. Mais, parfois, j’aime aussi découvrir des auteurs contemporains moins connus et le travail d’éditeurs régionaux.

Après avoir testé des ouvrages d’un éditeur de ma région, T.D.O. Éditions, ceux de petits (pas si petits) éditeurs bretons comme Palémon, voilà que je me penche enfin sur le travail d’un éditeur qui me fait de l’œil depuis longtemps : les éditions Jigal ou Jigal Polar.

Il était temps, me direz-vous, pour un éditeur qui existe depuis 1998.

Oui, il était d’autant plus temps que l’éditeur a mis la clef sous la porte voici six mois.

Peu importe, les éditeurs passent, les écrits restent.

Alors, qui choisir dans ce vaste catalogue ? Mon choix s’est porté sur des récits se déroulant dans mon département : aux alentours de Perpignan.

Et c’est donc « L’été tous les chats s’ennuient » de Philippe Georget qui a remporté la timbale.

Philippe Georget, bien que né en région parisienne, a fini, après moult aventures, à se retrouver à Perpignan suite à une mutation en tant que journaliste pour France 3.

En 2009, il fait publier son premier roman, « L’été tous les chats s’ennuient » mettant en scène un personnage qu’il reprendra par la suite dans toutes les saisons, Gilles Sebag, un lieutenant de Police muté à Perpignan avec femme et enfant.

Ce roman a remporté trois prix littéraires en 2010 (le prix Sang pour Sang polar ; le prix Arsène Lupin ; le prix Polar).

Le policier, depuis la naissance de son fils maintenant grand ado, s’est plus concentré sur sa famille que sur son boulot et fait bien souvent le strict minimum au travail. Pourtant, il n’est pas dénué de qualités en tant qu’enquêteur…

L’été tous les chats s’ennuient :

L'été à Perpignan, le serial killer s’ennuie à mourir. Heureusement, l’arrivée des jeunes touristes hollandaises apporte son lot d’activités. Au programme cette année : agression, enlèvement et assassinat. Reste à trouver un partenaire de jeu. Gilles Sebag, flic plus habitué aux blagues vaseuses qu’aux affaires sordides, est missionné.
D’obscurs indices en éclairs de génie, les adversaires se croisent, se toisent et se rapprochent. Forcément, passer des vacances ensemble, ça crée des liens…

Gilles Sebag, inspecteur de Police muté quelques années auparavant à Perpignan avec toute sa famille, craint l’été qui débute. Son grand fils va partir à un stage d’apprentissage de la moto, sa grande fille, s’en va en vacances avec la famille d’une copine en Espagne. Et il craint de se retrouver seul avec sa femme pour la première fois depuis la naissance des enfants. Mais sa femme aussi, va le laisser, pour partir en croisière avec une amie.

Heureusement pour lui, une sordide affaire va le tirer de l’ennui. Quelqu’un semble s’en prendre à de jeunes Hollandaises en vacances dans le département. Une jeune femme est assassinée à Argelès plage, une autre disparaît et une troisième échappe de peu à un enlèvement…

L’été, tous les chats s’ennuient, sauf quand les souris les narguent. Mais qui est le chat, qui est la souris dans cette histoire ?

C’est étrange de découvrir son département par les yeux d’un « étranger », encore plus quand celui-ci les voit par ceux d’un autre « étranger ». En clair, quand le département est mis en valeur par un personnage étranger au département et que l’auteur qui le fait vivre est lui aussi étranger au département.

Ainsi, Philippe Georget s’empresse de présenter les beautés de la région à travers les yeux de Sebag qui aiment faire son jogging dans les montagnes, que ce soit autour de Castelnou ou lors de randonnées au Canigou (le symbole du département avec le Castillet).

L’auteur doit apprécier la région pour en occulter certains travers, mais passons sur le sujet.

La seconde chose qui titille l’esprit est l’impression de ne pas se retrouver dans un premier roman. Cette impression est autant due à une plume fluide et maîtrisée que, surtout, au fait que le personnage semble présenté comme si le lecteur avait déjà eu l’occasion de le découvrir auparavant.

Gilles Sebag n’est pas fraîchement muté à Perpignan, l’auteur évoque très légèrement son passé de policier…

Bref.

Philippe Georget fait donc jouer un second rôle au département, à Perpignan, au Canigou, à Castelnou, à Força Réal, à Saint-Estève, que des endroits que je côtoie depuis des lustres ou que je vois tous les jours (de loin, en ce qui concerne le Canigou et Força Réal)…

C’est étrange cette sensation de suivre l’enquêteur en terrain connu… Étrange pour un Catalan (du nord, comme dirait l’auteur), car rares sont les auteurs (à part moi) à utiliser mon département comme terrain de jeu de ses personnages.

Alors, l’auteur oublie d’évoquer la tramontane omniprésente, les côtés négatifs de Perpignan et plein d’autres choses, mais passons.

L’auteur nous propose un personnage assez éloigné des héros-enquêteurs usuels, ce qui est un atout.

Il évoque beaucoup les problèmes familiaux du policier (trop ?) surtout ceux de couple (trop !) notamment l’amour immodéré du policier pour sa femme et ses enfants et ses doutes concernant la fidélité de sa femme.

C’est d’ailleurs cette question (sa femme le trompe-t-elle ?) qui prend souvent le pas sur l’enquête criminelle à tel point que le lecteur est pressé de savoir pour passer à autre chose (enfin, moi, car c’est souvent un travers qui me lasse, les affaires de famille dans un récit policier).

Côté enquête criminelle… on ne peut pas dire que l’auteur élève le genre à un niveau extraordinaire. L’intrigue, bien que cherchant à jouer sur différents niveaux (le potentiel tueur en série ; le psychopathe égocentrique ; le criminel intelligent cherchant à jouer avec la police…) ne parvient pas à se hisser à un niveau qui tient le lecteur en haleine.

Finalement, assez simple, cette intrigue n’est finalement qu’un prétexte (ou presque) à faire visiter certains points du département au personnage (j’oubliais Collioure dans le lot).

D’ailleurs, Gilles Sebag, malgré son flair, a toujours un train de retard sur le criminel, ce qui permet de faire durer l’histoire, mais surtout sur le lecteur qui, lui, découvre bien avant le policier l’identité du coupable et, pire encore, comprend avant lui l’énigme finale tellement évidente que l’on se demande comment les policiers peuvent passer à côté aussi longtemps.

Heureusement, il reste un personnage intéressant, original, attachant, une plume très fluide, agréable, et les décors (du moins pour ceux habitant ma région).

Au final, loin d’être totalement convaincant, ce premier roman est pourtant empreint de nombreuses promesses et donne envie de découvrir la seconde enquête de Gilles Sebag, ce que je vais m’empresser de faire. 

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