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Loto Édition
7 mai 2023

L'Anneau de Platine

LADP

Voilà bien longtemps que je voulais découvrir la plume de l’auteur Jules Esquirol et que quelques-uns de ses romans attendaient dans un coin que je trouve le bon moment pour me pencher dessus.

Quand le moment fut venu, mon choix s’est porté sur « L’Anneau de Platine » un roman de 250 pages publié en 1933 aux Éditions de l’Avenir.

Pour rappel, Jules François Théodore Esquirol (1881-1954) est un écrivain qui se fit connaître pour ses romans policiers qu’il qualifiait lui-même de « Romans policiers romancés ».

Il eut bonne Presse à son époque, à tel point qu’il aurait postulé à l’Académie Française sans être pour autant retenu.

Jules Esquirol a écrit plusieurs romans policiers dont certains mettent en scène le journaliste Songeac.

L’ANNEAU DE PLATINE

Monsieur Loisel, un riche industriel vieillissant, est enfin parvenu à convaincre Mademoiselle Trémoise, une championne de tennis, d’accepter de l’épouser.

Afin d’orner d’un tableau de choix le studio de l’hôtel particulier qu’il fait aménager pour l’occasion, il a demandé à Cérans, un artiste peintre renommé, l’honneur et la faveur d’exécuter le portrait de sa promise.

À quelques jours du mariage, s’étonnant que la toile ne soit pas encore terminée, il se rend à l’atelier pour aller chercher son amour et discuter avec l’artiste peintre.

Mais, à son arrivée, le domestique lui annonce qu’il vient juste de rentrer et qu’il n’a trouvé personne, ni son maître ni le modèle de celui-ci…

M. Loisel décide alors d’attendre dans la bibliothèque le retour de Cérans. Là, il remarque un coffre du couvercle duquel dépasse l’écharpe que portait Mademoiselle Trémoise.

En ouvrant le bahut, il ne peut réprimer un cri d’effroi, à l’intérieur gît le corps sans vie de la jeune femme.

M. Loisel, un riche industriel, est parvenu à convaincre la belle Melle Trémoise, championne de Tennis, de l’épouser. Pour aménager l’hôtel qu’il a acheté pour vivre avec sa future épouse, il désire faire faire un portrait de la jeune femme par l’artiste peintre réputé Cérans.

Alors que le mariage approche, M. Loisel s’inquiète que le tableau n’avance pas. Il décide alors de rendre visite au peintre pendant que sa femme pose, mais, arrivé à l’atelier, il ne trouve personne d’autre que le majordome qui lui a ouvert. Ce dernier l’ayant prévenu que Cérans a été appelé à l’Hôtel des Ventes et qu’il sera bientôt de retour, Loisel décide d’attendre dans la bibliothèque. Il remarque alors un grand coffre duquel dépasse un bout d’écharpe, en ouvrant ledit coffre, c’est la stupeur et l’horreur, il découvre Melle Trémoise morte étranglée et brutalisée…

Quel bien étrange roman policier dans le monde du roman policier de l’époque !

Bien étrange, déjà, parce que l’éditeur est un filou et qu’il publie un roman de 250 pages alors que le récit ne fait que 28 500 mots (ce qui couvrirait, en temps ordinaire, même pas une centaine de pages).

Mais l’éditeur, pour faire passer l’ensemble pour un roman conséquent, a fait imprimer le texte gros caractères et, comme cela ne lui suffisait apparemment pas, a rajouté plusieurs pages sur lesquels il reproduit des passages d’articles élogieux sur différents romans de l’auteur, publiés dans divers journaux de l’époque.

Mais passons, en littérature comme ailleurs, ce n’est pas la taille qui compte.

Ce qui rend ce roman étrange, par rapport à ceux de l’époque, c’est l’ambiance un brin plus perverse et polissonne que ce que l’on peut habituellement lire dans les romans policiers des années 1920-1930.

Alors, je vous rassure (ou pas), cette légèreté n’est rien, comparée à ce que l’on retrouve, de nos jours dans n’importe quel roman policier, mais, pour l’époque où ce genre de littérature aborde rarement les perversions des protagonistes, même des méchants assassins, on peut être surpris de quitter le monde fleur bleue usuel pour aborder, même de façon succincte, un récit un peu plus proche de la réalité, car, hier comme aujourd’hui ou demain, l’attrait de la chair est la source de toutes les vicissitudes.

Mais, si l’auteur, de par l’ambiance et les sous-sujets, se démarque de ses confrères, ce n’est malheureusement pas le cas par son système narratif qui, lui, était déjà présent à l’origine du roman policier.

Effectivement, chaque protagoniste a le droit à un chapitre de présentation, pour expliquer son passé ou son présent.

On notera cependant un autre point qui « choque », dans le bon sens du terme, par rapport aux romans policiers de l’époque, c’est la volonté de l’auteur d’apporter une critique virulente sur la société et, en particulier, ici, l’exploitation à des fins commerciales des dons des enfants, que ce soient des dons virtuoses (enfants pianistes ou autres) ou de dons choquants comme les enfants élevés dans le but de mettre en avant leurs difformités pour les vendre à des cirques recherchant des « monstres » pour leurs attractions.

Pour ces fameux « monstres de cirque » peut-être l’auteur a-t-il été influencé par le film « Freaks – La parade monstrueuse » de Tod Browning, sorti l’année précédente et qui est un chef-d’œuvre absolu d’un humanisme sans commune mesure mettant en scène de véritables monstres de foire, mais qui ne cherche aucunement à faire du sensationnalisme, bien au contraire, puisque ces « monstres » se révèlent bien plus humains que les humaines.

Bref.

Je pense également que le personnage de la pianiste Marewska est inspiré par la véritable pianiste polonaise Maria Szymanowska, mais cela est une autre histoire.

Penchons-nous maintenant sur les divers personnages.

Le riche industriel vieillissant et bedonnant tombant amoureux d’une jeune championne de tennis et qui est prêt à passer outre la légèreté de sa future épouse n’offre rien de bien original ni de très approfondi.

L’artiste peintre vieillissant lui aussi et qui se laisse séduire par ses modèles n’est intéressant qu’à travers sa relation, à peine abordée, avec la pianiste de l’histoire.

Le journaliste Songeac, bien qu’un personnage récurrent de l’auteur, apparaît ici tardivement et est à peine esquissé.

Quant au policier, l’inspecteur Auffray, pourtant prétendument un crack, là aussi, pas grand-chose n’est révélé sur lui.

Le personnage le plus intéressant de l’histoire aurait donc pu être Melle Trémoise, si l’auteur s’était un peu plus penché sur son tempérament et ses… mœurs… mais ce n’est pas réellement le cas, alors…

Il me reste encore à parler de l’intrigue…

Elle est en substance simpliste : le meurtre d’une femme, deux suspects : l’amant et le futur mari… rien de ien nouveau donc… même si, bientôt, un troisième suspect apparaîtra, transformant le trio en éventuel quatuor.

Alors, oui, l’auteur nous livre un rebondissement final que le lecteur ne voit pas forcément arrivé du fait que l’écrivain cache quelques informations…

Au final, un roman policier romancé qui s’épanche plus sur les personnages que sur l’enquête, mais qui se lit agréablement tout de même.

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