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Loto Édition
29 octobre 2023

Folies de flic

I-Grande-77447-t-es-pas-dieu-petit-bonhommeParfois, quand je ne sais pas quoi lire, que je n’ai pas le temps de chercher ma prochaine lecture, je pioche au pif dans ma PAL.

Cette pratique hasardeuse débouche souvent sur une lecture mitigée et, de temps en temps, sur une très bonne expérience…

Et le Dieu des policiers (le hasard) m’a cette fois mis entre les mains le titre « Folies de flic » de Georges Patrick, publié dans la collection « Série Noire » des éditions Gallimard en 1986.

Georges Patrick, de son vrai nom Patrick Pesnot (1943-2023), est un journaliste, écrivain et scénariste.

En tant que journaliste et scénariste, il travailla pour la télévision (entre autres, la première chaîne).

Et il est à noter que « Folies de flic » a été adapté à la télévision puisque ce roman sert de base au premier épisode de la série « Navarro » avec Roger Hanin.

Bref.

Folies de flic :

C’était un petit flic qui rêvait d’être un grand flic. Depuis toujours. Un pur ! Mais une nuit, son rêve s’est brisé. Tout ça à cause d’un beur de 15 ans, abattu stupidement au cours d’une patrouille. Le petit flic est devenu enragé. Pour se venger, il lui fallait tuer des flics. Beaucoup de flics !

Pierre Coulomb est un jeune flic qui, lors de sa première ronde de nuit, abat un jeune maghrébin en lui tirant dans le dos, juste parce qu’il s’enfuyait. Couvert par ses supérieurs et ses collègues qui évoquent une légitime défense inexistante, Pierre sombre lentement mais sûrement dans la haine de la police et décide d’abattre un par un ceux qui ont fait de lui un assassin.

Bon, que dire de ce petit roman ?

La première chose qui frappe le lecteur, c’est l’utilisation (excessive ?) de phrases courtes, sans verbe. Et ce dès le tout début du roman comme le démontre le premier paragraphe :

Le poids de l’arme. La bretelle du holster qui lui sciait la peau. Mais cette présence était rassurante. Ils marchaient de front dans la ruelle. Deux flics en civil. Les deux autres étaient demeurés dans la voiture. Un instant, il les envia. Planqués. Tandis que lui… Son pied glissa. Une merde de chien. Ou pire encore. Il se rétablit, jura à voix basse. Une poubelle, ce quartier. Le trou du cul de la ville. Ils marchaient toujours. Là-bas, une flaque de lumière jaunâtre indiquait la fin du cauchemar. La rue, enfin. L’autre, à côté de lui, marchait comme un automate. Sentait rien celui-là. Pensait-il même ?

L’auteur fait entrer le lecteur immédiatement dans son histoire et dans son style…

On aime ou on n’aime pas ou, comme moi, on demeure entre deux. Un style, c’est bien, une histoire aussi, avoir les deux, c’est mieux.

Ici, le lecteur finit par s’habituer au style en cours de lecture et à ne plus y penser. Du coup, seule l’histoire va le retenir… ou pas.

Et question intrigue… si elle est simple, voire simpliste (un jeune flic qui assassine un gamin et qui rejette sa faute et sa haine sur ses collègues qui l’ont couvert plutôt que d’assumer son crime…), elle s’appuie tout de même sur un personnage central assez étrange.

Car Pierre Coulomb est un être complexe, en apparence, mais dont l’auteur n’approfondit aucun de ses traits de caractère pour le moins incompréhensibles.

Apparemment soucieux de l’éthique et du comportement irréprochable que doit avoir un flic, difficile de croire à la première scène qui le voit tirer dans le dos d’un gamin juste parce qu’il court…

Difficile à croire également à la haine qu’il rejette sur ses collègues pour une faute qu’il a commise lui… sauf si ce comportement était expliqué par l’auteur, ce qu’il ne fait pas.

Difficile également de croire à ce personnage qui se pense intouchable et plus intelligent que les autres alors qu’il commet quand même un nombre incroyable d’erreurs.

Là aussi, l’auteur ne donne aucun renseignement sur le personnage permettant d’expliquer ce trait de caractère… tout comme il n’explique pas la psychologie de Pierre Coulomb qui permettrait au lecteur de comprendre pourquoi ce jeune homme, de belle apparence, semble-t-il, repousse les avances de sa belle voisine qui est folle amoureuse de lui…

Ces éclaircissements auraient d’autant plus de sens qu’ils permettraient peut-être au lecteur de comprendre pourquoi ce même jeune homme se retrouve ému, voire émoustillé, par une gamine de 14 ans…

À part cela, l’auteur nous propose un récit noir, nihiliste, jusqu’au-boutiste et parfois manichéen qu’il est très difficile d’associer à l’image de la série « Navarro » dont il a pourtant servi de pierre liminaire.

Du coup, cela donne très envie de revoir ce premier épisode éponyme pour constater quel traitement a subi ce roman pour entrer dans le moule d’une série très « plan plan » dans mes lointains souvenirs.

Au final, un roman court, âpre, sec dans l’écriture et dans l’intrigue, mais qui souffre soit d’un manque d’un peu d’exposition psychologique pour expliquer le comportement du personnage central… ou bien de crédibilité.

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