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Loto Édition
5 août 2018

L'énigme de la sacristie

CouvOQ43

C’est avec un début de tristesse que je parle aujourd’hui de « L’énigme de la sacristie », 43e enquête du commissaire Odilon Quentin de Charles Richebourg.

Pourquoi cette émotion, me direz-vous ? Parce qu’après cette lecture, je prends conscience qu’il ne me reste plus que trois enquêtes du gros commissaire à déguster. Après ? Après ça, le déluge !!! 

Non, soyons sérieux et évitons les allusions mystiques, même si, en y réfléchissant bien, elles se marient à la perfection avec le sujet de ce très court roman.

Mais revenons-en à « L’énigme de la sacristie ».

Charles Richebourg est un auteur majeur (pour moi et je pense qu’il le serait pour tout le monde si on savait qui se cache derrière ce pseudo tant la qualité de plume et de narration de l’auteur démontre qu’il était un écrivain aguerri) de la littérature populaire de la moitié du XXe siècle et qui œuvra, principalement (uniquement ?) pour les éditions Ferenczi, dans trois collections de l’époque : « Mon Roman Policier » 2e série, « Mon Roman d’Aventures » et « Police et Mystère » 2e série. Mais, comme il est avéré (grâce à une enquête d’Odilon Quentin signée d’un autre pseudo) que derrière Charles Richebourg et Désiré Charlus, se cachait le même écrivain, on peut également rajouté qu’il a écrit des textes pour les collections « Le Verrou », « Mon Roman d’Amour », et même pour la collection « La vie amoureuse », pour un autre éditeur.

Toujours est-il que, sous le pseudonyme de Charles Richebourg, l’auteur n’a quasiment écrit que des enquêtes du commissaire Odilon Quentin (plus quelques courts romans pour la collection « Mon Roman d’Aventures »), soit 46 titres édités, à l’époque, presque exclusivement dans la collection « Mon Roman Policier » 2e série (seuls 4 titres ont été édités dans une autre collection : « Police et Mystère » 2e série.

Tous ces détails, dont le lecteur lambda se moque comme de sa première chemise, pour peu qu’il lui soit venu à l’idée, par le passé, de porter des chemises, ce qui ne se fait plus, il faut bien l’avouer... Quoi ? Ça se fait encore ? OK ! J’ai rien dit.

Peu importe donc, l’auteur, la seule chose qu’il faut retenir est que le bougre avait un sacré talent et, notamment, celui peu commun d’exceller dans un format pourtant très contraignant : le fascicule 32 pages.

32 pages, moins de 10 000 mots, pour poser une intrigue, un personnage, un dénouement, voilà qui n’est pas chose aisée. Et, pourtant, comme j’ai pu le constater à 42 reprises [43 même, avec un titre sans Odilon Quentin], Charles Richebourg était le meilleur dans ce domaine [du moins, le meilleur que j’ai pu lire] et, pourtant, j’en ai lu du fascicule 32 pages. Des titres écrits par des auteurs aguerris à la production immense, dont le métier ni le talent n’est plus à remettre en cause. Des auteurs qui, s’ils sont désormais tombés dans l’oubli, ont eu, à leur époque, un bon succès et ont vu leurs romans adaptés au cinéma, leurs textes adaptés à la télévision, à la radio...

Mais aucun, je dis bien : AUCUN ! si bon fût-il, n’est arrivé à la cheville d’Odilon Quentin et de son commissaire Charles Richebourg [ou l’inverse... désolé, je m’emballe].

Je m’emballe parce que l’émotion me submerge. L’émotion me submerge parce que je sais que très bientôt, dans quelques jours seulement, je n’aurais plus de nouvelle enquête de mon commissaire préféré à déguster. Je n’aurais plus de nouvelle enquête de mon commissaire préféré parce qu’il n’y a en pas plus de 46 !!! Il n’y en a pas plus de 46 parce que l’auteur n’est plus en mesure d’en écrire. L’auteur n’est plus en mesure d’en écrire parce qu’il doit être mort, depuis. Il doit être mort, depuis, car... nul n’est immortel depuis que Dieu, pour punir la Ève, l’a expulsé de l’Eden en compagnie d’Adam [oui, l’homme meurt à cause de la femme...] et l’a rendu mortel...

Mais arrêtons-là les considérations mystiques, quoiqu’elles se marient bien avec le sujet de cette 43e enquête.

L’ÉNIGME DE LA SACRISTIE : Le commissaire Odilon QUENTIN est chargé d’élucider le meurtre par empoisonnement du vieil abbé du village de Bonneuil-sur-Marne, durant une messe. Le policier, lors de ses divers interrogatoires, se rend compte qu’une guerre ouverte y oppose les dévots et les anticléricaux, chaque clan rejetant les soupçons sur l’autre avec, pour seul élément de preuve, la haine qui l’anime. Entre la justice de Dieu et celles des Hommes, Odilon QUENTIN va tout faire pour que la seconde triomphe…

Raaa, que tout ceci me lasse ! Non pas les aventures d’Odilon Quentin, mais le fait de devoir répéter la même chose, encore et encore, depuis 43 épisodes, d’expliquer au lecteur que jamais un auteur n’est parvenu, avant Charles Richebourg, et depuis Charles Richebourg, à exceller dans le format contraignant du fascicule 32 pages, avec la maestria de ce dernier, de lui vanter les qualités du gros commissaire, pourtant dépeint en quelques mots par son auteur, vous dire tout le bien que je pense de la structure de chacun de ces courts romans... pourtant, pourtant, je demeure le seul, l’unique, à mettre en avant cet auteur, cette série, ce personnage.

Ce n’est pourtant plus compliqué de déguster les enquêtes d’Odilon Quentin depuis qu’OXYMORON Éditions les réédite en numérique, pour la modique somme de 0,99 euro le titre [avec un premier titre gratuit pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sans débourser un cent].

Alors, qu’attends-tu, toi, pour découvrir Odilon Quentin, en faire l’apologie sur ton blogue, ton Twitter, ton Facebook, auprès de tes amis, de tes parents, de tes proches pour, qu’enfin, Odilon Quentin obtienne le statut qu’il mérite de héros incontournable de la littérature...

Mais bon, revenons-en au court roman qui nous intéresse aujourd’hui.

Un meurtre a eu lieu durant la messe. Un vieil abbé a été empoisonné à la nicotine. Odilon Quentin, une fois n’est pas coutume, se déplace dans le petit village et commence à interroger les habitants et finit par se rendre compte qu’il existe une tension entre les proches du curé et la famille d’un herboriste du village qui est considéré un peu comme un sorcier.

Pourtant, d’un côté comme de l’autre, des personnes sont suspectes, ont des intérêts dans le meurtre du curé... un si brave homme.

Une fois encore, le crime qu’Odilon Quentin a à résoudre est à échelle humaine [pas de tueurs en série sanguinaires, de complots politiques à échelle internationale...] et quoi de plus humain que la dissension existant entre les bigots et les athées.

Le sujet permet à l’auteur d’égratigner à la fois les grenouilles de bénitier et leurs opposants sans jamais chercher à faire forcément des généralités.

Le procédé n’est pas nouveau, mais il est également l’essence même d’une intrigue, courte ou longue, mais les pistes et les suspects sont multiples. Les éléments pointent parfois l’un parfois l’autre et charge est au policier de démêler cet écheveau et de trouver le bon fil qui le conduira au bon coupable.

Que dire de plus si ce n’est que, comme toujours, l’histoire est bien menée même si le format court de lui permet pas de rivaliser avec celles des romans policiers fleuves. Le personnage principal, bien que moins esquissé que dans la plupart des autres titres est toujours aussi humain et attachant, et que l’ensemble se lit avec un grand plaisir.

Au final, encore un bon épisode, mais il n’y en a pas de mauvais, autour du commissaire Odilon Quentin dont la seule déception est de penser qu’il nous rapproche de la dernière enquête de ce sympathique policier.

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