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Loto Édition
8 décembre 2019

L'énigme de la tête coupée

CouvLEDLTC

Henry de Golen (1882-1944) est un auteur de la littérature populaire, auteurs de romans dramatiques, d’amour et également des romans policiers.

Il a notamment écrit des textes pour la cultissime collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi, durant les années 1920, une collection de fascicules pour la plupart de 32 pages dont la couverture était illustrée par Gil Baer.

C’est dans cette collection que l’on découvre le brigadier Poncet, qui deviendra par la suite inspecteur, à travers sa première enquête écrite : « L’énigme de la tête coupée ».

Le brigadier Poncet, un policier de 35 ans, marié à Lucienne, fait équipe avec Trêves.

L’ÉNIGME DE LA TÊTE COUPÉE

Un petit matin d’avril, à Paris, avenue Henry-Martin, deux badauds découvrent un paquet déposé sous un banc.

Poussés par la curiosité, ils l’ouvrent et aperçoivent un spectacle effrayant : une tête surmonte un amoncellement sanglant de débris humains.

C’est le brigadier PONCET, auréolé de la gloire de ses enquêtes passées, qui est chargé de l’affaire.

Or celle-ci s’avère très compliquée du fait que la victime n’est pas identifiable, pas plus que les raisons du trépas à cause de l’absence des viscères et du cœur du défunt.

Si le médecin légiste penche pour l’hypothèse d’un empoisonnement suivi d’un dépeçage post-mortem, PONCET, lui, privilégie une théorie étrange, mais tout aussi difficile à démontrer : une mort naturelle par arrêt cardiaque…

Au petit matin, à la sortie d’un club, deux fêtards découvrent un étrange paquet sous un banc de la rue. La curiosité, qui est un vilain défaut, les pousse à ouvrir le colis qui se révèle contenir une tête découpée, des membres, un torse...

Le brigadier Poncet et son compère Trêves, sont chargés de cette délicate enquête.

Si le corps semble appartenir à un homme dans la force de l’âge possédant un statut social enviable, le visage défiguré ainsi que l’absence des viscères et du cœur, empêchent non seulement d’identifier le mort, mais également la façon dont il a été tué.

Le médecin légiste, face à l’impossibilité de trouver une marque sur le corps, pencherait pour un empoisonnement, suivi d’un démembrement post-mortem.

Mais le brigadier Poncet, lui, est plutôt partisan d’une mort naturelle par arrêt du cœur... ce qui n’explique en rien que quelqu’un ait fait un puzzle avec le corps du défunt.

Première enquête, apparemment, du brigadier Poncet qui passera inspecteur par la suite, que nous propose ce texte d’un peu plus de 15 000 mots, initialement publié sous la forme d’un fascicule de 32 pages en mars 1920, au sein de la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi, puis réédité dans une version un peu rallongée en juin 1932, sous la forme d’un fascicule 64 pages dans la collection « Police et Mystère » du même éditeur.

Je dis « apparemment », car étant donné les abysses que représentent la littérature populaire de l’époque, le nombre de collections, de pseudonymes des auteurs, il est possible, bien qu’improbable, qu’un texte mettant en scène le futur inspecteur Poncet soit antérieur à celui-ci. Du moins, le fait qu’il est stipulé dans le texte que le brigadier Poncet est déjà célèbre pour avoir résolu plusieurs enquêtes pourrait laisser penser que cette possibilité existe.

Un crime sanglant donc, pour lequel, comme bien souvent dans la littérature de l’époque et de ce format, l’enquêteur a déjà sa petite idée même si celle-ci est la moins évidente et la moins probable.

Histoire de 15 000 mots, qui, comme tout récit de cette taille, ne propose pas une intrigue phénoménale et dont l’enquête va être rapide et linéaire.

Comme souvent dans ce cas, les deux alliés de l’enquêteur vont être le hasard et/ou les discrets interrogatoires.

Ici, ce sera un peu des deux avec le témoin clé qui va se présenter de lui-même et le témoignage d’un second témoin qui va quasiment révéler la vérité.

Si l’on peut reprocher dans les enquêtes suivantes de Poncet, à l’auteur, de sombrer un peu trop dans un certain sentimentalisme fleur bleue, certes, de rigueur à l’époque, mais un peu trop présent au détriment de l’aspect policier alors que la concision fait déjà que cette part d’intrigue va être minime, ce ne sera pas vraiment le cas ici bien que, comme toujours, la femme va être au centre du crime.

On peut reconnaître à Henry de Golen une certaine crudité pour des récits du début du XXe siècle destiné à tout public et surtout à un public jeune que le format attire pour des raisons de praticité et de prix, une crudité toute relative et totalement incomparable avec celle des romans policiers actuels, mais qui dénote un peu par rapport à ceux des autres auteurs des mêmes collections.

On avait déjà trouvé ce sens-là chez l’auteur, soit dans la cruauté et l’horreur à travers le texte « L’épouvante » ou par une certaine frivolité dans quelque autre enquête de Poncet (une frivolité qui ferait sourire aujourd’hui, mais qui, encore une fois, était absente des textes similaires).

Là encore, à travers ce crime horrible, si crime il y a, du dépeçage d’un homme, l’auteur fait preuve de cette crudité.

Mais l’autre aspect qui semble toucher à l’obsession chez Henry de Golen, est celui de la folie, qui a également découvert dans « L’épouvante », que l’on retrouve ici à nouveau et dont les titres de certains de ces romans laissent présager également la présence.

En ce qui concerne le personnage principal de Poncet, avec 15 000 mots, l’auteur n’a pas le temps de le développer et, surtout, de lui conférer un caractère complexe et se contente d’en faire un homme courageux, intelligent, perspicace et assez froid.

La différence réside dans le fait que Poncet est marié, avec Lucienne, et que ce rapport avec sa femme, s’il est ici uniquement annoncé, va être assez récurrent par la suite.

Rares sont les détectives ou policiers de ces fascicules qui aient une vie de famille, ou, du moins, jamais elle n’est mise en avant ni même signifiée.

Henry de Golen va appuyer son récit sur une révélation finale assez forte en émotion, tant pour les personnages que pour le lecteur qui renforce la volonté de celui-ci de jouer avec l’effroi des actes ou des situations...

Au final, comparé aux textes suivants mettant en scène Poncet, celui-ci, qui semble le premier, est également, probablement le plus intéressant, car le plus « froid » de par bien des aspects. Dans tous les cas, il assure un bon moment de lecture.

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