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Loto Édition
19 décembre 2021

La puce à l'oreille

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La littérature policière est un monde particulièrement machiste. C’est encore plus le cas quand celle-ci devient plus populaire.

Du coup, les femmes se font rares, en tant qu’auteurs, dans cette littérature.

Certes, on pourra avancer les noms de Agatha Christie, et, un peu plus tard, Patricia Highsmith ou Mary Higgins Clark. Mais quand on se penche sur la littérature francophone et plus encore dans les couches moins visibles de celle-ci, on découvre rarement des pseudos féminins. Ce qui ne veut pas dire qu’aucune femme ne pratiquait, seulement, elles prenaient des pseudos masculins pour être publiées et lues comme les hommes, eux, empruntaient parfois des pseudonymes à consonance anglo-saxonne pour séduire le lecteur.

Pourtant, certaines femmes n’ont pas revêtu de costumes d’hommes pour vivre de leur passion.

Récemment, j’ai découvert l’une d’elles : Geneviève Manceron, même si celle-ci a également signé des romans du pseudonyme masculin de Bruno Bax.

Geneviève Manceron (1906 - 1994) a débuté, comme beaucoup de ses confrères et consœurs par le journalisme. Elle s’est ensuite dirigée vers le monde de l’édition en devenant lectrice pour la collection « Détective-Club » ce qui lui permet d’entrer en contact avec Frédéric Ditis pour lequel elle écrira, dans la collection « La Chouette » une série de romans d’espionnage qu’elle signera donc Bruno Bax.

Puis, en parallèle, elle décide de reprendre son nom pour écrire plusieurs romans que je classerai dans « Le Bestiaire de Geneviève Manceron », les titres de ceux-ci comportant tous un nom d’animal ou de bestiole

Ayant apprécié « Pauvres petites crevettes » et « Les brebis tondues », je décidais de chercher d’autres titres de l’auteur et de les lire.

C’est donc sur « La puce à l’oreille » que mon choix s’est porté, un roman publié en 1957 chez Ditis pour la collection « La Chouette ».

La puce à l’oreille :

Non, vraiment ce n’est pas un enterrement comme les autres. Dans le vieux cimetière Saint-Louis à Versailles, un spectateur insolite ajouta par sa présence à l’angoisse des assistants.
Qui avait intérêt à la mort de cette femme ? se demande l’inspecteur Barberi en observant les membres du cortège qui suivent l’enterrement de la vieille couturière.
Qui avait intérêt à ce suicide ?
Cette femme blonde en manteau de vison ?
Cette fille rousse aux yeux insolents ?
Cet avocat ou bien la vieille chouette qui a découvert le corps, Germaine Bièvre qui est ruinée ?
Ou Colette Malaguet, qui boit pour dissimuler un regret trop lourd ? D’ailleurs, était-ce vraiment un suicide ?

Francine Déchant revient d’Angleterre où elle tient une maison de couture pour assister à l’enterrement de sa grand-mère qu’elle adorait.

Les rumeurs vont bon train, mais la plus persistante assure que la vieille dame s’est suicidée au gaz.

Mémé ? Un suicide ? Une femme si pieuse, si pleine de vie, partir dans un acte de péché, voilà qui ne lui correspond pas. Et puis, que fait ce policier Georges Barberi à l’enterrement, s’il n’y a pas meurtre ?

Non, décidément, Francine Déchant ne peut croire ni à la thèse officieuse, celle du suicide, ni à celle officielle, un accident de gaz. Aussi est-elle bien décidée à ne repartir que quand elle aura éclairci ce mystère. Mais Francine n’est pas policier, comment peut-elle mener son enquête ?

Que dire sur ce roman ?

Déjà que la forme pâtit, à mes yeux, du fond.

Effectivement, l’histoire ne m’a pas tellement intéressée, faute à un personnage principal, Francine Déchant, manquant cruellement de charisme et de profondeurs, mais également à une intrigue finalement assez simple et, là aussi, dénuée d’un certain intérêt.

Non pas que la mort d’un grand-parent ne puisse engendrer un excellent roman, il suffit de se plonger dans « Pour venger Pépère » d’A.D.G. Non, mais c’est plutôt le traitement ou l’intrigue qui sont à remettre en cause.

Avec une intrigue aussi simple, la narration, l’histoire, le style, auraient mérité d’être plus rythmés, moins plats afin de faire un bel emballage enthousiasmant au contenu un peu mièvre.

Au contraire, en choisissant un rythme plutôt lent, une ambiance un peu trop mélancolique, il aurait fallu une intrigue bien plus recherchée, ou, au moins, des personnages plus complexes, moins transparents.

Car, si Francine Déchant manque de charisme, ce n’est pas le policier Barberi qui rehausse le tableau. Et le jeu de séduction débutant, entre les deux, par une détestation réciproque avant de basculer dans un sens inverse n’a pas plus d’intérêt que d’originalité.

Alors, certes, cette séduction n’apparaît qu’en filigrane et n’est pas au centre du récit, mais la naïveté fleur bleue de celle-ci, pour un cœur de pierre comme le mien, est un point négatif qui n’aide pas à apprécier un roman qui, d’autre part, souffre des quelques défauts déjà cités.

Si j’avais pu à la fois apprécier l’intrigue et les personnages dans les deux romans de l’auteur précédemment lus, ce n’est pas vraiment le cas ici et si j’ai tout de même été au bout de ma lecture, c’est sans réel enthousiasme et surtout, parce que le roman est suffisamment court pour se dire qu’il serait bête de le refermer avant la dernière page.

Dommage !

En espérant que ma prochaine lecture d’un roman de Genevière Manceron soit plus exaltante.

Au final, un roman qui pèche par une intrigue trop simple, des personnages manquant de charismes, un rythme trop lent et une ambiance trop mélancolique.

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