Un mort en visite
Je poursuis ma découverte de la collection « Les Trois As » des éditions Chantal, une collection d’une vingtaine de fascicules de 32 pages débutée en 1941 puis reprise après la Seconde Guerre mondiale, en proposant à la fois des nouveaux titres et des rééditions, ce qui bouleverse un peu l’ensemble et laisse un flou quant à l’ordre réel des titres puisqu’ils ont la fâcheuse tendance à changer de numérotation voire d’illustration de couverture.
« Un mort en visite » est ce que le troisième titre de cette collection et il est signé Claude Odet.
Je ne vous dirais rien sur l’auteur, je n’ai trouvé aucune information le concernant.
UN MORT EN VISITE
Il y a des moyens plus joyeux, pour fêter son troisième anniversaire de mariage, que de poireauter au restaurant en attendant que son épouse arrive enfin.
Mais, surtout, pour cet événement spécial, il est meilleur cadeau que de retrouver, ensuite, dans le salon de son appartement, un inconnu… mort d’un coup de couteau dans la poitrine…
Qui aurait prédit qu’un macchabée pouvait à ce point embêter les habitants de tout un immeuble ?
Pierre Larçon attend désespérément sa femme au restaurant pour fêter leur troisième anniversaire de mariage. Celle-ci finit par arriver, un peu agitée, et la soirée se déroule sous les meilleurs auspices jusqu’à ce que, de retour du cinéma, le couple découvre, dans le salon de son appartement, un inconnu mort poignardé.
Pierre ne peut s’empêcher d’imaginer qu’il s’agit là de l’amant de sa femme, qu’elle l’a assassiné, raison pour laquelle est était en retard.
Et puis les ragots vont bon train dans l’immeuble. Pas de fumée sans feu… mais chacun, à sa manière, est affecté par ce crime…
Bon, que dire sur ce très court récit de 8 000 mots ?
D’une, que le style de l’auteur n’est pas flamboyant. Mais bon, dans le monde du fascicule de 32 pages, il ne faut pas trop en demander.
Ensuite que l’intrigue n’a d’intéressant que le côté non policier, surtout psychologique, de celle-ci.
Car, il faut bien reconnaître que d’un point de vue purement policier, l’intrigue est simple et le lecteur se doute rapidement de quel côté chercher le coupable. De plus, les fausses pistes sont à mettre, comme souvent du côté des coïncidences.
Non, ce qui est réellement intéressant dans l’histoire, c’est l’incidence psychologique du crime sur les habitants de l’immeuble et les idées que ces réactions font naître dans l’esprit des locataires et gardiens.
Dommage, donc, que le récit ne s’étale que sur 8 000 mots, car il est impossible, en si peu d’espace, de profiter pleinement de toutes les possibilités offertes.
Pour ce faire, il faudrait avoir le temps de poser une ambiance légère, chez chacun des protagonistes, avant de jeter le mort tel un chien dans un jeu de quilles puis de faire monter lentement la sauce, chez les uns et chez les autres, jusqu’à ce que la cocotte minute explose…
Mais non, seulement 8 000 mots alors, le lecteur doit se contenter d’imaginer lui-même ce que le récit aurait pu donner ou bien, pour les moins imaginatifs ou les plus fainéants, ou bien juste ceux qui se contentent de lire ce qui est écrit et rien de plus, d’assister à une petite enquête sans envergure et sans presque de surprise.
Dommage. Bien dommage, car, le roman que l’idée fait naître dans ma tête aurait pu être excellent, du moins aurait-il été plus agréable à lire que ce fascicule qui, sans être indigent, s’avère agréable sans plus à lire.
Au final, petit récit, petit plaisir, tout petit et grande frustration qu’un bon sujet ne soit qu’à peine abordé…