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Loto Édition
16 juillet 2023

C'est quoi ce bordel ?

41Ez8MGgr8LIl est parfois des auteurs dont je n’attends rien, surtout lorsqu’il s’agit de personnalité se lançant dans l’écriture d’un roman, même s’ils vivent depuis longtemps de leur plume en écrivant autre chose (des articles, des sketches, des chansons… que sais-je).

Alors, autant vous dire que je n’attendais pas grand-chose de « C’est quoi ce bordel ? » de Bruno Gaccio.

Bruno Gaccio, tout le monde ou presque le connaît. Les Guignols de l’Info de Canal +, c’est lui. Pas que lui, mais surtout lui et, quand l’émission s’est poursuivie sans lui, on a vu la différence.

Bruno Gaccio c’est aussi un auteur de sketches pour Charlotte de Turckheim, pour Patrick Timsit.

Bruno Gaccio c’est également l’auteur de plusieurs ouvrages politisés, engagés.

Maintenant, Bruno Gaccio est devenu romancier avec son tout premier roman : « C’est quoi ce bordel ? ».

Alors, je n’attendais rien de ce roman même si le synopsis et le personnage central m’ont beaucoup attiré.

Une promesse d’humour ? De critiques sociétales ? De propos militants ?

Oui, mais tout cela ne suffit pas. Entre manier sa plume et écrire des romans, il y a tout un monde…

Vraiment ?

Pas sûr, et Bruno Gaccio se charge de le démontrer avec son livre.

En effet, d’après le prologue de l’ouvrage, ce roman est né d’un « pari » ou plutôt d’une démonstration faite à une personne qui lui disait qu’elle manquait d’idées pour écrire, que « pour écrire, il faut écrire ».

Pour la convaincre, il lui dit que, dans une heure, il lui livrera deux pages d’une histoire comme ça. Il poursuit ainsi plusieurs jours avant de s’arrêter pour des raisons qui ne regardent que lui.

Plus tard, il reprendra le projet, mais cette fois sur Facebook, continuant, chaque jour, à livrer des bouts de son histoire.

Le prologue annonce qu’au moins les deux premiers chapitres sont présents tels qu’ils ont été écrits.

Il y a plus qu’à lire l’histoire…

C’est quoi ce bordel ? :

Les enquêtes de Bertrand Morillo, flic malgré lui
Bertrand Morillo s’est mis une balle dans la bouche avec son arme de service, il n’en est pas mort. Pourquoi ? Parce qu’il n’a jamais eu de chance. S’il voulait en finir avec sa vie de flic, c’est parce qu’il a lu des livres et qu’il ne faudrait jamais lire des livres si on ne fait pas un métier pour lequel ça peut avoir une utilité. N’empêche… cet acte idiot qui lui vaut une gueule cassée va en entraîner un autre : fréquenter le cimetière où il aurait dû être enterré. Si Dépressif avait un nom ce serait Morillo et si humour noir avait un prénom ce serait Bertrand. Il va y rencontrer une femme qui se rend tous les jours sur la tombe de sa fille de 20 ans. Assassinée. On ne sait par qui. Morrilo se met en tête d’aider. Relance l’enquête alors qu’il n’est plus vraiment flic, s’aperçoit qu’elle a été bâclée, met les pieds où il ne faut pas, gêne ses collègues et le Préfet, emmerde le Ministre et décime une bande de terroristes. Je vous rassure tout ça finit bien : Bertrand Morrilo restera dépressif, mais il sera désormais un
dépressif joyeux.

Bertrand Morillo est un flic dépressif qui décide de se tirer une balle dans la bouche dans son commissariat. Un collègue détourne l’arme au dernier moment, lui sauvant la vie, mais le défigurant. Alors qu'il est placé en congé forcé, Morillo n’a qu’une occupation, fréquenter le cimetière dans lequel il aurait dû être enterré. Là, il rencontre régulièrement une femme qui pleure sur la tombe de sa fille de 20 ans qui a été violée et assassinée sans que le ou les meurtriers aient été retrouvés. Pire, en fouinant un peu, Morillo se rend compte que l’enquête a été bâclée. En décidant de reprendre l’enquête, il va mettre les pieds dans le plat et le nez dans une affaire qui le dépasse de loin.

De Bruno Gaccio, donc, je n’attendais rien…

Pire, je pouvais avoir peur que sa plume dérape dans des considérations politiques, sociétales ou plus grave encore, dans un délire qui ne tiendrait pas debout.

De Bruno Gaccio, je n’attendais rien…

Et c’est probablement lorsque l’on n’attend rien que l’on est le plus agréablement surpris.

Car, autant le dire immédiatement, j’ai été enthousiasmé par ce roman.

Enthousiasmé par un personnage : Bertrand Murillo.

Enthousiasmé par une plume qui se livre à travers une narration à la première personne (ma préférée).

Enthousiasmé, même, par une histoire qui ne part pas trop dans tous les sens (juste ce qu’il faut) et qui ne perd de sa force que dans les dernières pages (on a vu pire chez des auteurs de Thriller à succès).

De l’humour… certes.

Des considérations politiques ou sociétales… certes.

Mais avant tout un vrai roman policier mené d’une plume alerte et mettant en scène un personnage attachant.

Le seul problème du livre consiste en sa position entre deux chaises : le roman et l’exercice de style.

Il a toutes les qualités du premier et les défauts du second.

Mais comme le premier résulte du second, que fallait-il faire ?

Traiter le texte comme un roman ou comme un exercice de style.

De l’exercice de style mis en avant en résulte un chapitrage anarchique, des titres de chapitres indigestes, un manque de recul sur le texte, de corrections, de retravail.

Traité comme un roman, c’est-à-dire relu, retravaillé, corrigé, modifié, la ponctuation absente ou mal placée, avec des dialogues mieux présentés dans leur forme, l’ensemble aurait gagné indéniablement en qualité…

Mais la force du concept, de l’idée de base de dire que, pour écrire, il faut écrire, s’estompait alors au profit du roman.

Quel traitement aurait été le meilleur ? Je ne saurais le dire, mais, en tous cas, dans l’état actuel, une chose est sûre, Bruno Gaccio nous livre un excellent roman foutraque juste ce qu’il faut, avec une intrigue qui tiendrait presque la route, un personnage original et attachant.

Alors, Bruno Gaccio était un auteur, mais est-il un romancier : indéniablement oui.

Et j’espère fortement qu’il ne va pas s’arrêter à son coup d’essai et que sa fin légèrement ouverte est née d’une volonté, de sa part, de poursuivre l’expérience.

En tous cas, si tel n’est pas le cas, espérons que le plébiscite des lecteurs l’encouragera à reprendre les aventures de Bertrand Morillo… ou d’un autre personnage.

Au final, un roman dont je n’attendais pas grand-chose et qui m’a ravi tant par le contenu que par l’esprit dans lequel il a été écrit.

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