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Loto Édition
13 avril 2013

Frilosité numérique

78583802_oSi vous êtes déjà venu sur ce blog, vous n'êtes pas sans savoir que j'évoque énormément l'édition numérique, à travers des articles sur la Kobo Glo qui remportent de beaux succès, mais aussi à travers des explications sur le code HTML permettant de créer des ePubs.

Mais, plus que tout cela, c'est par la numérisation du catalogue d'OXYMORON Éditions que je me confronte le plus directement avec l'univers du livre numérique.

Confronter semble le bon mot puisque les éditeurs sont toujours aussi frileux envers le numérique et encore plus les éditeurs des Pyrénées-Orientales.

Effectivement, après quelques recherches, je n'ai trouvé aucun ePub proposé par l'un de mes confrères du département. Il y a bien quelques fichiers PDF, mais ceux qui sont habitués à consommer des livres numériques conviendront avec moi qu'un PDF n'est pas réellement un livre numérique et, surtout est bien moins pratique à livre qu'un fichier ePub.

Mais, pourquoi proposer un fichier PDF et non un fichier ePub, me direz-vous ? Uniquement parce que, pour faire imprimer un livre, l'éditeur fournit un fichier PDF à l'imprimeur et qu'il est tentant de proposer cette maquette comme un eBook. Problème, c'est que la tentation est grande de ne même pas toucher le fichier et de le distribuer tel que.

Malheureusement, tous les éditeurs ne savent apparemment pas que chaque format d'un livre doit posséder un numéro ISBN différent (en tout cas l'éditrice de livres auxquels j'avais participé avant de créer ma maison d'édition, l'ignorait et au moins un éditeur du coin ne le sait pas non plus).

Du coup, pour changer d'ISBN, il faut entrer dans la maquette. Mais tous les éditeurs sont-ils maitres de leurs maquettes ? Entendez par là, tous les éditeurs sont-ils capables de retoucher leurs maquettes sans passer par une tierce personne qu'il faudra forcément rémunérer ? Oui, il existe des éditeurs qui rémunèrent des maquettistes et ne reçoivent, en échange d'un salaire, que le fichier PDF et pas le fichier natif. L'auraient-ils, d'ailleurs, qu'ils n'auraient pas forcément les connaissances pour le modifier eux-mêmes.

Mais, en distribuant ainsi leur maquette, ces mêmes éditeurs enfreignent les obligations spécifiées par l'AFNIL pour l'obtention d'un numéro ISBN :

Un ISBN distinct doit être attribué aux différents supports et aux différents formats d’une même publication (édition brochée, reliée, en braille, livre audio, publication électronique en ligne). Quand des publications électroniques sont réalisées dans plusieurs formats distincts, chaque format disponible séparément doit recevoir un ISBN propre.

La question importante est donc : pourquoi les petits éditeurs ne se lancent-ils pas dans le livre numérique ?

Il peut y avoir plusieurs réponses à cette interrogation.

Premièrement, les petits éditeurs sont tout aussi frileux envers les nouvelles technologies que leurs pères et préfèrent s'accrocher au livre papier pensant que le livre numérique en est l'ennemi.

Deuxièmement, une méconnaissance évidente du marché grandissant et des possibilités qu'offre le livre numérique (je ne les blâmerai pas, j'étais, moi-même, dans le même état d'esprit il y a plus d'un an).

Troisièmement, un problème d'investissement. Effectivement, la création d'un livre numérique ne nécessitant ni les mêmes compétences ni les mêmes logiciels, et pas la même vision créatrice, pour obtenir une version numérique de ses ouvrages, l'éditeur devra faire, la plupart du temps, appel à un spécialiste de la création d'ePub.

Je dis la plupart du temps puisqu'il semblerait que certains aient tenté la conversion automatique via des logiciels comme Calibre, se fichant, comme de leur première couche, que le résultat ainsi obtenu fût de très mauvaise qualité.

Il y a encore peu, un mauvais ePub ne déclenchait pas l’ire des lecteurs vu qu'il était déjà difficile de trouver une version numérique du livre convoité. Seulement, maintenant que le livre numérique se démocratise, les lecteurs sont plus exigeants, et c'est normal, et les éditeurs se doivent de fournir des fichiers les meilleurs possible.

Car, si, dans un premier temps, le but de l'éditeur va être de fournir un ePub lisible, dans un second temps, il faudra envisager de fournir un code pur, afin de faciliter la compatibilité d'un système de lecture à un autre et, ensuite, de faciliter les futures modifications du fichier.

Et tout cela a un coût, un minimum de 100 euros par livre (prix en fonction des prestataires, de la taille du livre, du fichier de départ, de la richesse du livre...).

Effectivement, difficile de donner un prix fixe puisque le travail ne sera pas le même en fonction du livre et du format de départ. À partir d'un format PDF, le travail sera plus long puisqu'il faudra en extraire le texte et les images...

Bref, investir 100 euros par livre n'est pas anodin, mais si l'on compte l'investissement nécessaire à l'impression d'un livre, le coût est d'une moindre mesure et si les ventes numériques sont encore en deçà des ventes papier il ne faut tout occulter le fait que de plus en plus de livres numériques se vendent d'année en année.

Au final, les petits éditeurs boudent le livre numérique, pour l'instant, sauf, bien sûr, les petits éditeurs numériques, mais il serait temps que ces éditeurs montent dans le train s'ils ne veulent pas rester sur le quai et voir leurs collègues moins frileux se diriger vers de belles rentrées d'argent.

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  • Parce que l'édition est une véritable loterie dans laquelle il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus, il est grand temps que quelqu'un mette sa plume dans la fourmilière afin de faire connaître aux lecteurs la cruauté du milieu du livre !
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