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Loto Édition
10 février 2019

Le petit détective

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Difficile d’évoquer la littérature populaire en général et la littérature populaire fasciculaire en particulier sans s’intéresser à l’écrivain Arnould Galopin.

Arnould Galopin (1863-1934) s’oriente tout d’abord vers le métier de journaliste (comme nombre d’écrivains de la littérature populaire) avant d’écrire des œuvres historiques avant de se lancer dans des récits fantastiques, d’aventures ou policiers.

Si quelques-uns de ses romans sont encore accessibles de nos jours (les aventures d’Edgar Pipe, un gentleman cambrioleur qui apparaît dans trois romans, « Mémoires d’un cambrioleur retiré des affaires », « La résurrection d’Edgar Pipe » et « La dernière incarnation d’Edgar Pipe » ; les aventures d’Allan Dickson qui apparaît dans quatre histoires : « La ténébreuse affaire de Green Park », « L’homme au complet gris », « La sandale rouge » et « Les suites d’un mariage d’amour » ; « Le Bacille »...), c’est avant tout et surtout par l’intermédiaire de séries fasciculaires quArnould Galopin a participé à la littérature populaire de son époque.

L’auteur a écrit de nombreuses séries jeunesse autour d’aventures d’un jeune héros (« Le tour du monde de deux gosses », « Un aviateur de quinze ans », « Un poilu de douze ans », « Le chasseur de panthères »...) dont chacune comptait plusieurs dizaines voire centaines de titres qui s’étendaient généralement sur 16 pages en doubles colonnes.

C’est le cas, notamment, de sa toute dernière série : « Le Petit Détective », qui comptera 83 épisodes de 16 pages et qui était illustrés, en couverture et à l’intérieur, par l’illustrateur Louis Maitrejean.

LE PETIT DÉTECTIVE

C’est l’histoire émouvante, passionnante, d’un audacieux gamin de Paris qui se trouve mêlé, un peu malgré lui, aux plus tragiques aventures. Il s’est tout d’un coup révélé détective et en arrive à étonner, par son flair et son courage, les grands chefs de la police eux-mêmes.

Jean TIXIER, jeune garçon doué d’une perspicacité merveilleuse, débrouillera comme à plaisir les affaires les plus mystérieuses et fera, en compagnie de son maître, le grand détective Gaston CERVIER, la chasse aux malfaiteurs pour les livrer à la justice et rendre ainsi service à la société.

Jean Tixier est un jeune homme de 15 ans, sportif et courageux, qui travaille dans une petite entreprise pour un salaire de misère afin d’aider sa mère et sa petite sœur à s’en sortir depuis que son père est mort.

Un jour, il entend deux hommes patibulaires en train de préparer un mauvais coup et décide d’aller chercher un policier pour mettre un terme à un cambriolage. Il aide le policier à arrêter un des malfaiteurs, mais celui qui faisait le guet parvient à s’échapper et à prévenir sa bande qui décide d’enlever le gamin pour le punir et s’en débarrasser. Mais Jean parvient à s’échapper et revient bien vite avec la police pour tenter d’arrêter la bande.

Repéré par Gaston Cervier, un célèbre détective, Jean Tixier est convié à devenir son secrétaire et, très vite, il montre des qualités exceptionnelles pour ce métier, mais les dangers sont nombreux d’autant que la bande des « As de Carreaux » celle avec qui il a eu maille à partir, est coriace et bien organisées.

Va alors s’engager un affrontement de tous les instants entre les détectives et les criminels...

83 fascicules de 16 pages doubles colonne (soit entre 9 000 et 10 000 mots par épisode), voilà une série qui nous amène aux environs de 800 000 mots ce qui représenterait une fois et demie le roman « Guerre et Paix » de Léon Tolstoï, œuvre considérée comme un immense pavé.

Et, pourtant, la série n’est qu’une partie infime de l’œuvre de Galopin. Je vous laisse imaginer le temps qu’il faudrait à un lecteur pour lire l’intégrale de la production de l’auteur.

C’est cette production immense qui fait d’Arnould Galopin un des principaux pourvoyeurs de la littérature populaire de son époque. Mais, si cette production n’était que quantitative, l’homme serait désormais totalement oublié. Heureusement, pour les lecteurs, le qualitatif est également présent malgré le fait que les textes devaient probablement être développés en écriture automatique sans véritablement être relus.

Ces séries fasciculaires, mettant en scène un adolescent, étaient, à l’époque, destinées à la jeunesse. Cependant, il faut reconnaître que les textes jeunesses d’hier et d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir et que les textes jeunesses d’hier sont appréciables, désormais, par toutes les catégories d’âge.

Arnould Galopin, outre une imagination débordante (il en fallait pour écrire autant), avait indéniablement une plume fluide et un sens inné de la narration.

C’est particulièrement visible dans « Le petit détective » tant les aventures de Jean Tixier se dévorent rapidement sans que le lecteur prenne conscience de la taille des textes. L’ensemble est dénué de temps morts, d’intrigue, aussi, mais la série est plus basée sur l’aventure que sur le suspens.

Et de l’aventure, Jean Tixier va en vivre malgré ses 15 ans. Devenu le protégé d’un grand détective, il va très vite faire ses armes et ses preuves en affrontant la terrible bande des « As de Carreau » à laquelle il a involontairement déclaré la guerre en participant à l’arrestation d’un des membres lors du cambriolage d’une maison. Dès lors, le gang va avoir à charge de laver cet affront et comme Gaston Cervier veut mettre un terme aux agissements des gredins, les deux hommes (l’homme et l’adolescent) vont devenir des cibles de choix.

Les aventures de Jean Tixier sont trépidantes, sans temps morts, insufflant, dans le récit, principalement de l’action, mais parfois aussi un peu de suspens quant aux devenirs de l’un ou de l’autre des héros en fonction des situations.

De par son jeune âge, sa relation avec sa mère et sa jeune sœur ajoute un petit côté touchant un brin mélodramatique.

N.B. Il est à noter l’excellence des nombreuses illustrations (couverture, mais également intérieur) de l’illustrateur Louis Maitrejean qui participent, pour beaucoup, dans la qualité de l’ensemble de la série.

Au final, « Le petit détective » n’est petit que par son nom et son âge, car, la série, développée sur 83 fascicules et la qualité littéraire (pour un tel format) ont, elles, tout d’une grande. Il est temps de redonner à Arnould Galopin ses lettres de noblesse. 

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