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Loto Édition
24 octobre 2021

Le Diable des Pyrénées

 

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Avant de me plonger avec délectation dans la littérature policière du début du siècle dernier, j’aimais à déguster de ces romans que l’on nomme « Thriller » et qui mettent en scène des tueurs en série violents (pléonasme) et pervers (périssologie).

Ainsi, je naviguais en compagnie des flics et des assassins de Jean-Christophe Grangé, Maxime Chattam, Franck Thilliez, Bernard Minier et consorts (oui, même en la matière, ma préférence va aux auteurs de langue française).

Mais il est vrai qu’à force, étant de plus en plus déçu par mes lectures, du fait d’un schéma par trop récurrent, de ficelles par trop grossières, de révélations finales souvent amarescentes, je me détachais de ces lectures sanglantes pour d’autres, plus légères, mais surtout moins basées sur ce canevas qui, pour satisfaire la masse, reprenait sans surprise et sans risque ni innovation, une structure ad nauseam.

Aussi, est-il étonnant que je m’intéressasse à « Le diable des Pyrénées », un roman de Alexandre Leoty.

Effectivement, un roman évoquant la chasse au tueur en série machiavélique et sanglant, voilà qui promettait de retrouver un schéma que je délaissais depuis quelques années.

Oui, mais voilà. Plusieurs points m’ont poussé à replonger dans ces sanglantes lectures.

D’abord, le fait que le roman se déroule en Occitanie (ma région, même si pas dans mon département).

Ensuite, le fait que l’éditeur, lui, soit de mon département.

Mais, surtout, le fait que je connaisse un peu l’éditeur, un éditeur que j’ai vu débuter et à l’ascension duquel j’ai assisté, année après année, avec un grand plaisir.

Si j’avais déjà lu un roman publié par les éditions TDO, c’était parce qu’il s’agissait d’un roman d’un auteur que je croisais de temps en temps, et que son roman « Le Pilier assassiné » abordait à la fois le genre policier et le rugby, deux sujets qui me passionnent.

Mais, depuis, je dois avouer que je m’étais peu penché sur la production de l’éditeur.

Alexandre Leoty, l’auteur, est un jeune journaliste et écrivain (il est né en 1983) ayant une formation en histoire et vivant dans la région de Toulouse.

Il a écrit plusieurs romans, dont notamment « Ni Dieu ni Diable » et « Le tueur du Canal », deux romans mettant en scène le même personnage que dans « Le Diable des Pyrénées ».

Le Diable des Pyrénées :

Occitanie, de nos jours.

Si, pour écrire son prochain livre, le journaliste toulousain Gabriel Hadour choisit de s’installer à Saint-Martin d’Ayguevives, petit village perdu au cœur des Pyrénées, ce n’est pas par hasard. L’ouvrage qu’il prépare est consacré, justement, à une série de meurtres atroces ayant ensanglanté cette vallée isolée en 1921. Ces terres glacées, il veut les sentir, il veut les comprendre.

Mais ce qui ne devait initialement être qu’une paisible retraite d’écriture se transforme vite en cauchemar, lorsqu’un mystérieux tueur se met en tête de reproduire à l’identique les crimes du passé. Pour tous, cela ne fait aucun doute, le « Diable des Pyrénées » est de retour. Gabriel, lui, en est certain : la traque ne fait que commencer.

Gabriel Hadour, le « journaliste du crime », décide de passer quelques jours à Saint-Martin d’Ayguevives, un village perdu dans les Pyrénées, afin de se mettre dans l’ambiance du livre qu’il est en train d’écrire sur le Diable des Pyrénées, un mystérieux tueur en série qui, en 1921, dans ce fameux village, a assassiné trois gamins, les exposants à la vue de tous, le torse ouvert et le cœur remplacé par un petit galet blanc.

Mais, à peine est-il arrivé au village qu’un gamin est retrouvé mort au même endroit et dans les mêmes circonstances que la première victime du Diable.

Chloé Savignole, enfant du village qu’elle a fui adolescente est envoyé sur place pour enquêter, une affectation sous forme de sanction après une violente bavure…

Tout d’abord, il est utile de préciser que si le personnage de Gabriel Hadour apparaît précédemment dans deux romans « Ni Dieu ni Diable » et « Le tueur du Canal », il n’est pas nécessaire d’avoir lu ceux-ci pour entreprendre la lecture de « Le Diable des Pyrénées ». L’histoire est totalement indépendante.

Dans les romans policiers du genre, le lecteur fait très souvent face à un flic alcoolique, violent, traumatisé par un mystérieux passé.

Ici, l’auteur propose une flic, violente, traumatisée par son passé et un journaliste, ancien alcoolique.

Lorsqu’il s’agit d’un duo d’enquêteurs, celui-ci fonctionne toujours ou presque sous la forme de ce que l’on appelle au cinéma le « Buddy Movie », un duo composé de deux personnages totalement opposés ne se supportant pas au départ et apprenant petit à petit à se connaître et à s’apprécier jusqu’à devenir amis. On pensera à « 48 heures » avec Nick Nolte et Eddy Murphy ou à « L’arme fatale » avec Mel Gibson et Danny Glover ou encore, en France, à « La chèvre » avec Gérard Depardieu et Pierre Richard.

Pas de surprise, c’est ici également le cas avec ce journaliste railleur, qui ne prend rien au sérieux, toujours prêt à plaisanter et cette policière, dure, violente, sèche…

Généralement, quand il s’agit de deux hommes, ils finissent amis, et s’il s’agit d’un homme et une femme… vous devinez la pente que suivra leur relation.

Pour ce qui est du tueur en série, il doit être violent, sanglant, mystérieux, machiavélique, très cinématographique dans ses meurtres.

C’est forcément le cas.

Enfin, un roman de ce genre se doit de proposer des poursuites, des fausses pistes ou des rebondissements, des héros en danger…

Quant à la narration, un thriller à succès alterne forcément entre deux ou trois histoires, entre un personnage et un autre ou entre le passé et le présent.

Dans le cas présent, Alexandre Leoty fait un combo parfait puisque sa narration alterne entre le passé et le présent, entre l’histoire du journaliste et celle de la flic, sans oublier un troisième personnage, le Monstre du roman.

Et vous aurez compris que ce roman possède tout ces ingrédients. En clair, il possède toutes les qualités et tous les défauts inhérents au genre et, surtout, au genre de Thriller qui a fait le succès d’auteurs comme Grangé, Minier et compagnie.

Alors, me direz-vous, voici une déception de plus à mettre au compteur de mes lectures…

Pas si certain.

Déjà, et je ne sais si cela n’a pas participé en partie à mon plaisir de lecture, ce roman possède un défaut que les autres n’ont pas et qui, chez moi, est devenu un jeu, celui de l’abus d’une locution résultant probablement d’un manque de relectures critiques.

Effectivement, je sais très bien, et c’est humain, qu’un auteur a tendance, naturellement, à utiliser les mêmes mots, les mêmes expressions, dans de mêmes situations.

C’est soit grâce à une attention permanente, un contrôle de sa plume, mais plus sûrement à des relectures et plus assurément encore au travail de relecteurs, que ces répétitions (que l’auteur, bien souvent, n’identifie pas malgré ses nombreuses lectures) finissent par se réduire jusqu’à ne plus être gênantes.

Mais ici, dès le début du second chapitre, c’est-à-dire très tôt dans le roman, et ce sur quelques lignes, on retrouve trois fois l’expression « hocha la tête ».

Il n’en fallait pas plus pour que mon attention soit attirée vers ce groupe de mots au point de les identifier et de les compter et il y en a beaucoup, plus d’une cinquantaine et, parfois, deux ou trois en quelques lignes.

Et tout le monde y va de son hochement de tête. La flic, le journaliste et les autres.

Et quand ils ne hochent pas la tête, ils dodelinent de la tête ou ils opinent du chef.

Pour ce qui est du reste, il faut bien avouer que malgré les défauts inhérents au genre, malgré les poncifs, les passages obligés, un rebondissement final un peu moyen, la tendance exagérée qu’ont les méchants, avant de tuer les gentils, d’être extrêmement bavards pour leur permettre de trouver un moyen de s’en tirer ou/et d’utiliser des méthodes qui retardent l’échéance au lieu de les abattre immédiatement… il faut bien avouer, donc, que cela marche. En tout cas, cela a marché avec moi et, pourtant, comme je l’ai dit, je suis un peu devenu imperméable au genre.

Alors, on pourra reprocher, mais comme dans tous les autres romans, que la fin n’est pas à la mesure du reste de l’histoire, que la fin est décevante et même assez peu crédible que l’ensemble tient sur des éléments dont il est difficile de croire à l’enchaînement et même quelques détails qui ne tiennent pas la route (notamment à propos de la mère du Monstre).

Oui, ce roman n’est pas parfait et, pourtant, il est parvenu à me séduire plus que bien d’autres qui pourtant ont eu du succès (je pense, par exemple, aux derniers romans de Bernard Minier).

Alors, suis-je moins exigeant du fait que le roman n’est pas écrit par un auteur à la réputation exagérée ? Qu’il est édité par un éditeur à la renommée moindre, par un éditeur que je connais un peu ?

Ou bien mon plaisir a-t-il été exacerbé par le petit jeu du « hochement de tête » qui, il faut bien avouer, a rapidement égayé ma lecture ?

Peut-être ! Peut-être un peu de tout cela. Ou, peut-être pas !

Peut-être, juste, que ce roman fonctionne bien, malgré les défauts inhérents au genre.

Car l’auteur respecte parfaitement le cahier des charges et si on peut lui reprocher de ne pas prendre trop de risques ni de chercher à innover, aussi bien dans son intrigue que dans ses personnages, on peut aussi lui concéder qu’il fait preuve d’application et qu’il prend l’aspect du bon élève à défaut du statut du maître précurseur.

Et s’il est difficile d’ouvrir la piste, il n’est pas forcément très aisé de la suivre sans s’écrouler en cours de route.

Au final, un roman que j’ai apprécié, pour ses qualités, malgré et parfois pour ses défauts et qui m’encourage à redonner sa chance au genre, mais, peut-être, à travers des auteurs et des éditeurs ayant moins pignon sur rue, comme ce fut le cas avec « Le Diable des Pyrénées ».

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