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Loto Édition
12 juin 2022

Une infirmière est morte

IP19

Je poursuis petit à petit ma découverte des textes de Marcel Priollet publiés dans la collection « Les Grands Détectives » des Éditions Modernes à la fin des années 1930.

Cette collection de près d’une centaine de fascicules de 24 à 32 pages est portée à bout de bras par l’auteur qui, sous le pseudonyme de Marcelle-Renée Noll, signe la quasi-intégralité des titres.

Bien que les récits soient courts (environ 8 000 mots), en écrire autant en si peu de temps nécessite, de la part de Priollet, de beaucoup de pratique et de quelques astuces.

La principale astuce en la matière est d’utiliser des personnages récurrents. On écrit plus vite quand on maîtrise bien son héros. Et, dans cette collection, l’auteur fait vivre plusieurs enquêteurs. On retrouve régulièrement le détective radiesthésiste Claude Prince ; l’inspecteur de la Brigade Mondaine Bob Rex ; le détective Sébastien Renard et l’inspecteur principal François Pessart.

Parfois plusieurs de ces personnages se croisent.

Dans « Une infirmière est morte » probablement écrit en 1938 (les titres ne sont pas signés, mais, parfois, des dates dans les textes aident à situer le récit et le texte dans le temps), le héros est l’inspecteur principal François Pessart.

On n’y croisera aucun des autres récurrents de l’auteur.

Pour rappel, Marcel Priollet fut l’un des principaux piliers de la littérature fasciculaire, tant par sa production policière que celle sentimentale et dramatique. Il fit vivre d’un côté des hommes enquêteurs et de l’autre de pauvres femmes brisées par la vie ou d’autres, amoureuses…

UNE INFIRMIÈRE EST MORTE

Une infirmière est morte !

Madame Massard est retrouvée égorgée à son domicile.

La porte d’entrée et les fenêtres de l’appartement de la victime étant fermées de l’intérieur, le juge d’instruction pense immédiatement à un suicide.

Mais l’inspecteur principal François PESSART, chargé de l’enquête, n’est pas du même avis que le magistrat.

Et, pour trouver l’assassin, il va devoir découvrir un mobile à ce meurtre et surtout expliquer comment le coupable s’y est pris pour pénétrer et sortir de la scène de crime…

Alors que le concierge monte du courrier à Mme Massard, infirmière de son état, il est surpris de ne pas avoir de réponse en frappant à la porte de celle-ci. Pis, il découvre que la poignée est couverte de sang.

La police est alors appelée, un serrurier débarque pour ouvrir la porte et l’on découvre, à l’intérieur de l’appartement, Mme Massard, allongée dans son sang, la gorge tranchée.

Comme la porte et les fenêtres étaient fermées de l’intérieur, la question du suicide se pose. Mais l’inspecteur Pessart, chargé de l’enquête, rejette immédiatement cette idée et s’attelle à découvrir l’identité du meurtrier et la façon dont il s’y est pris pour sortir de l’appartement…

Un crime en chambre close ! Un de plus !

Si l’idée, sur le papier, est alléchante, le lecteur habitué à ce genre de littérature sait que ce sous-genre nécessite un certain épanchement pour prendre toute son ampleur.

Aussi, s’y confronter dans un format aussi concis que le fascicule de 32 pages est une gageure que peu d’auteurs peuvent tenir, d’autant plus que les fascicules de cette collection sont encore plus courts que leurs confrères et que ce récit atteint péniblement 7 200 mots (au lieu des 10 000 usuels).

Autant dire tout de suite que Marcel Priollet ne réussira pas l’exploit de parvenir, en si peu de mots, à maîtriser un sous-genre aussi codifié.

Du coup, on se doute que la solution va être un peu bancale (déjà qu’elle peut l’être dans des romans de plusieurs centaines de pages).

On ne sera pas déçu (puisque nos doutes seront confirmés).

Effectivement, la résolution ne tient guère la route. Du moins, pour que l’hypothèse finale soit plausible, certains effets auraient été immédiatement visibles par les enquêteurs les moins perspicaces.

Mais, n’oublions pas que ce récit a plus de 80 ans et qu’à l’époque, les lecteurs étaient moins au fait des choses policières, ils n’avaient pas encore regardé les séries télévisées comme « Les experts à Trucville » ni lu des romans policiers qui expliquaient en détail toutes les démarches d’une enquête.

Et, surtout, il faut prendre en considération le format court, qui, généralement, débouche sur des récits concis qui se soucient un peu moins des incohérences.

Bref, une fois pris en considération ces particularités, on peut goûter ce récit pour ce qu’il est et se dire qu’il est plutôt plaisant à lire.

Du moins, hormis les quelques incohérences durant l’enquête, le texte pâtit-il un peu moins du laxisme usuel de l’éditeur qui veut que ses fascicules soient bourrés de fautes d’orthographe, de coquilles et de passages soit manquants, soit déplacés…

Bien évidemment, pour profiter pleinement de la plume de Marcel Priollet, il vaudra mieux se tourner vers d’autres séries comme « Old Jeep et Marcassin », parue quelques années plus tard chez Tallandier.

Au final, un petit récit qui se lit sans déplaisir pour peu que l’on ne soit pas trop exigeant.

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