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Loto Édition
16 octobre 2022

N'accusez personne

BK06

Yann Le Cœur est un auteur dont seuls les amateurs de récits d’enquêteurs de la première moitié du siècle antérieur ont été des lecteurs.

Né en 1902 et mort prématurément en 1951, Yann Le Cœur, de son vrai nom Jean-Marie Le Lec, s’est lancé dans l’écriture de romans policiers au début des années 1940.

En quelques années, il écrivit une demi-douzaine de romans dont la double particularité est de se dérouler dans la région de Quimper et de mettre en scène Martial Le Venn alias le commissaire Mars (et quelques autres personnages secondaires)…

Chacun de ces romans est l’occasion de mettre la lumière sur son Pays, ses habitants, ses coutumes et, parfois, sa langue…

« N’accusez personne » est un roman paru en 1948 dans la collection « Le Labyrinthe » des éditions S.E.P.E.

N’ACCUSEZ PERSONNE

Le village de Pont-Abbat se prépare à fêter la Tréminou pour célébrer la fin de l’été.

Pour l’occasion, le « Grand Cirque Buffalo Bill » s’installe au centre de l’agglomération.

C’est donc dans l’effervescence que vivront les habitants pendant les prochains jours.

D’autant qu’en plus des réjouissances, deux suicides, ceux du dompteur de fauves récemment débarqué et de l’organiste vont exciter les craintes et les doutes de certains.

Mais, sont-ce réellement des suicides ?

Le commissaire MARS n’en est pas convaincu, intrigué par l’identique message que les suppliciés ont laissé derrière eux : « N’accusez personne »…

Or, le commissaire MARS fait fi des injonctions, même quand elles proviennent des morts…

La fête de la Tréminou approche. Pour l’occasion le Grand Cirque Buffalo Bill et ses romanichels vont s’installer au centre du village de Pont-Abbat.

Le clou du spectacle est le dressage d’une panthère noire par le major Young.

Mais, quand l’organiste du village et le major sont retrouvés, à quelques heures d’intervalle, suicidés, de façon différente, après avoir laissé pour message d’adieu « N’accusez personne », Martial Le Venn alias le commissaire Mars ne tarde pas à douter de l’aspect suicidaire de ces deux morts…

On retrouve donc le commissaire Mars et toute une foule de personnages croisés dans les précédents romans de l’auteur : Arianne de Charmaz (l’épouse de Mars), l’abbé Le Venn (le frère de Mars), les trois femmes du café Les Trois sans Homme et quelques notables…

Mais, si l’auteur ne se contente pas de naviguer en terres connues avec des personnages familiers, il fait à nouveau reposer son intrigue sur les sentiments communs à ces romans précédents : l’amour, le désir de mariage, l’envie, la jalousie, l’argent, bref, des sujets, de tout temps, sont au cœur des pires drames de la société.

Les femmes cherchent toujours à se marier, chez Yann Le Cœur et, pour cela, elles sont souvent prêtes à beaucoup. Par amour ? Des fois, pas toujours, car le célibat est souvent rapproché (à l’époque ou du moins dans les récits de Yann Le Cœur) au statut peu enviable de celle dont personne ne veut, qui ne mérite pas d’être demandée en mariage.

Les hommes cherchent toujours à se marier également. Par amour ? Parfois aussi, mais, souvent, par appât du gain, le gain étant la dot ramenée par la mariée.

Histoire d’amour, histoire d’agent, histoire de crimes, les derniers étant souvent inspirés par les premiers.

Bref.

Le lecteur habitué aux romans de l’auteur sait à quoi s’attendre.

Pourtant, cette fois-ci, Yann Le Cœur ne prend pas le temps d’instiller une ambiance délétère, de faire monter lentement la sauce, de mettre le lecteur au cœur d’un typhon en formation…

Non, les crimes viennent rapidement (du moins plus rapidement que d’ordinaire) et le récit est moins « contemplatif » et l’auteur retourne son récit comme une chaussette. C’est-à-dire que là où d’ordinaire l’ambiance gonflait et expliquait le crime à venir, là, les crimes sont par la suite expliqués par des éléments révélés au lecteur.

Yann Le Cœur distille les informations au compte goutte afin de permettre (ou non) aux lecteurs de deviner l’identité du meurtrier. Mais, même là, les suspicions s’égarent sur plusieurs personnages et le lecteur que je suis se met douter de la justesse de son intuition.

Le récit est toujours l’occasion, pour l’auteur, de nous conter les us et coutumes de son époque et de sa région et il n’est pas étonnant que la fête de la Tréminou soit à nouveau au cœur de son intrigue.

Quelques expressions bretonnes viennent s’ajouter à tout cela.

La séquence de la révélation finale est certes quelque trop exubérante, démonstrative, trop mise en scène pour être crédible, mais on se trouve dans un roman policier et, après tout, elle se fond parfaitement dans le décorum du monde du cirque.

Il me semble que c’est là la dernière fois qu’apparaîtra le personnage du commissaire Mars.

D’autres titres de l’auteur sont cités dans les rubriques « À paraître » des divers romans, mais, excepté « Cateya ou le faux témoignage » paru l’année suivante dans la collection « Le Bandeau Noir », mais qui ne doit pas mettre en scène Mars, les autres semblent ne jamais être parus.

Au final, un roman dans la veine des précédents de l’auteur, toujours aussi agréable à lire.

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