Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Loto Édition
20 décembre 2016

Rosic et Vorgan, deux flics à l'ancienne

Arthur Conan Doyle est resté dans la mémoire collective grâce à son Sherlock Holmes. Tout d’abord publiées dans un magazine, les aventures de son héros ont très vite été regroupées et canalisées.

Georges Simenon doit grandement sa notoriété à son commissaire Maigret. Si le célèbre policier est déjà esquissé à travers les traits de l’inspecteur N° 49 dans « les aventures de Yves Jarry » – une série de romans signés Georges Sim, un pseudo évident de l’auteur – et si Maigret apparaît nommément, de façon très secondaire, dans « Train de nuit », toujours signé Georges Sim, la toute première enquête officielle de Jules Maigret, « Pietr le Letton », a d’abord été proposée aux lecteurs du magazine « Ric et Rac » le 19 juillet 1930 avant de débuter la série des « Maigret », aux éditions Arthème Fayard, qui fit la renommée planétaire du personnage.

Frédéric Dard a débuté en tant que journaliste avant de se lancer dans l’écriture de romans et, tout comme Georges Simenon, est l’auteur, sous de multiples pseudonymes, d’une production impressionnante. Contrairement à Simenon, dont l’éditeur était, au départ, sceptique quant aux qualités de son héros, le succès de San Antonio s’est fait lentement grâce à l’insistance de l’éditeur de Frédéric Dard, et ce malgré l’échec commercial du premier roman de la série : « Réglez-lui son compte ! ».

Léo Malet, qui a également beaucoup écrit sous pseudonymes (Franck Harding, Léo Latimer, Omer Refreger, Lionel Doucet…) a eu plus de chance avec son détective fétiche, Nestor Burma, car sa toute première aventure, « 120 rue de la gare », fut un succès immédiat.

Mais qui se souvient de Rodolphe Bringer et son « Commissaire Rosic » ou de Gustave Gailhard et son « Serge Vorgan » ?

Rodolphe BRINGER (1 869 – 1 943) fait partie de la longue liste des auteurs qui ont participé grandement à l’essor de la littérature populaire au début du XXème siècle et qui faute de chance ou d’une meilleure mise en valeur de leurs personnages récurrents ont, peu à peu, sombré dans l’oubli.

Rodolphe Bringer, de son vrai nom Bérenger, a voué l’entièreté de sa vie à sa plume, que ce soit en tant que journaliste en collaborant à divers journaux (« L’Humanité », « Le Sourire », « La Baïonnette », « Le Canard Enchaîné », « Le Pélican »), ou, surtout, en tant qu’écrivain à travers d’innombrables nouvelles ou romans et sous maints pseudonymes (Rodolphe Bringer, Géo Blackmussel, Gaston de Fontbesse, J.W. Killbear…).

Rodolphe Bringer a œuvré dans différents genres (policier, sentimental, cape et épée, aventures, humour…) soit au travers de nouvelles diffusées par de nombreux magazines et journaux (« La Gaudriole », « L’Épatant », « Le Sourire », « Midinette », « Floréal », « Jean qui rit », « Le Journal amusant », « Cyrano », « Ceux qui font rire »…) ou bien de romans proposés dans de multiples collections chez un large panel d’éditeurs (« Tallandier », « Ferenczi », « Éditions Chantal », « Rouff », « La Baudinière », « Flammarion », « Hachette », « Éditions Cosmopolites », « Éditions Méridionales », « La Technique du Livre », « Albin Michel », « Éditions Félix Juven », « Société Parisienne d’édition », « Éditions Pierre Lafitte », « Éditions Nillson », « La renaissance du livre »…)

Rodolphe Bringer n’a pas eu la même réussite que ses successeurs ou de son prédécesseur, et ce, malgré un personnage récurrent très intéressant et extrêmement complexe qu’est le commissaire Emmanuel Rosic.

Plusieurs raisons peuvent expliquer qu’Emmanuel Rosic et son auteur Rodolphe Bringer n’aient pas marqué les esprits des lecteurs au point de faire la renommée de l’un comme de l’autre.

La principale raison regroupe des causes variables : la difficulté pour un lecteur de l’époque de pouvoir lire l’intégralité des aventures du policier.

Effectivement, les enquêtes du commissaire Rosic s’étalent sur presque trente ans, dans diverses collections chez presque une dizaine d’éditeurs et à travers des formats divers (depuis le roman classique, jusqu’au fascicule de 32 pages).

Puisqu’il était quasiment impossible, pour le lecteur lambda, de suivre les aventures de Rosic, il lui était tout aussi impossible de s’attacher fortement à ce héros. Et, sans attachement, point de renommée. C’est ce qui fit la grande faiblesse d’Emmanuel Rosic.

Car, excepté cette arduité, les enquêtes d’Emmanuel Rosic offrent de nombreux intérêts.

Tout d’abord, la plume de l’auteur et ses qualités indéniables de conteur.

Ensuite, la complexité du personnage. En effet, Rosic (évitons de trop citer le prénom du policier qui n’apparaît que fugacement au détour d’une enquête), n’est pas un héros ordinaire, du moins pas un policier sans peur et sans reproche, dur à cuire, fin limier et qui gagne toujours à la fin.

Non, le commissaire Rosic est bien plus humain que la plupart des héros de papier parce qu’il est faillible. Pire, il est égocentrique et par gloriole personnelle il est capable de s’approprier les résultats d’un autre, sans aucun remords. Pourtant, l’homme est à la fois courageux et généreux, bien qu’il soit obtus et, parfois, détestable.

Les enquêtes de Rosic, comme précisé précédemment, font l’objet de textes de tailles variables. Si cet aspect est plutôt gênant pour qu’elles puissent être regroupées chez un éditeur « classique » (OXYMORON Éditions n’étant pas un éditeur « classique »), il confère un attrait tout particulier à l’œuvre. Car, en effet, le lecteur n’appréhendera pas d’une façon identique un texte de 32 pages qu’un roman. De la même façon, l’auteur usera sa plume autrement d’un roman à un fascicule.

De plus, l’écrivain pousse la perversité à ne pas faire, forcément, de son protagoniste récurrent, l’intervenant principal de son texte. À chaque titre, le lecteur ne sait donc pas à quoi s’attendre, à quel moment le héros va apparaître dans l’histoire ni même s’il sera réellement le héros de celle-ci.

Cette particularité assez rare dans le domaine littéraire en fait tout le sel (en plus de toutes les autres qualités).

Enfin, pour finir de replacer le personnage et son auteur dans leurs contextes, il est utile de préciser que la collection « Commissaire ROSIC », s’attache à regrouper les divers textes dans lesquels il apparaît, dans l’ordre d’écriture, à l’exception, qui fait la règle, de la toute première enquête « Le premier crime de Rosic », qui n’apparut que dans les rééditions de « Le poignard de Cristal » aux éditions « Le Masque », à la suite du texte original. 

Gustave GAILHARD (???? – 1 943) fait, lui aussi partie, de la longue liste des auteurs qui ont participé grandement à l’essor de la littérature populaire à la première moitié du XXème siècle et qui faute de chance ou d’une meilleure mise en valeur de leurs personnages récurrents ont, peu à peu, sombré dans l’oubli.

L’auteur est à ce point énigmatique que l’on ne connaît pas sa date de naissance. D’ailleurs, on ne sait pas grand-chose de sa vie si ce n’est qu’il fut directeur de collection pour les Éditions Ferenczi.

C’est donc à travers sa plume que le lecteur a pu faire connaissance avec l’écrivain, et c’est souvent mieux ainsi.

Gustave Gailhard laisse derrière lui une passionnante et grande production dans des genres aussi différents que le roman policier, le roman d’amour, le roman d’aventures ou le roman de cape et d’épée.

Publié dans plusieurs collections chez de nombreux éditeurs (« Arthème Fayard », « Ferenczi & Fils », « Éditions La Baudinière », « La nouvelle revue », « Jules Tallandier », « Éditions du Livre Moderne »… et sous divers pseudonymes [Gustave Gailhard, Louis Bonzom, Silvio…], c’est avant tout dans les collections « Ferenczi & Fils » qu’il s’épanouit dans le roman policier.

Le « polar » lui permet de développer deux personnages récurrents, Marc Bigle et Serge Vorgan qui se croisent sur plusieurs titres.

Effectivement, si, contrairement au Commissaire Rosic de Rodolphe Bringer, les enquêtes de Serge Vorgan ont quasiment toutes été éditées et rééditées au sein d’une même collection [« Crime et Police » et « Le verrou » aux éditions « Ferenczi & Fils »], elles se sont malheureusement retrouvées noyées au sein de centaines de titres composants ces dites collections.

Pourtant plus homogènes et moins étalées dans le temps [si l’on excepte les rééditions] que les enquêtes de Rosic de Rodolphe Bringer, les aventures de Serge Vorgan n’ont pas traversé le temps comme elles l’auraient mérité.

Car, si la première enquête de Serge Vorgan entre dans le cadre exact de ce qui se faisait à l’époque, tant dans le développement du héros que dans l’intrique elle-même, l’un comme l’autre évolue au cours des titres, évolution s’accompagnant de celle du style de l’auteur dont la gouaille est annonciatrice de la plume d’un Frédéric Dard ou d’un Léo Malet.

Puisqu’il était quasiment impossible, pour le lecteur lambda, de suivre les aventures de Serge Vorgan, il lui était tout aussi impossible de s’attacher fortement à ce personnage. Et, sans attachement, point de renommée.

Les enquêtes de Serge Vorgan font l’objet de textes de tailles différentes. Cet aspect, qui n’était pas si rare à l’époque confère, comme déjà dit, un attrait tout particulier à ce genre d’œuvre. 

Enfin, pour finir de replacer le personnage et son auteur dans leurs contextes, il est utile de préciser que la collection « Serge Vorgan », s’attache à regrouper les divers textes dans lesquels apparaît le policier, dans l’ordre d’écriture, même si les deux dernières aventures ont été rééditées en premier [la raison en étant la complexité à établir une liste la plus exhaustive possible des titres mettant en scène Serge Vorgan], mais qui retrouveront leur place au fur et à mesure des publications.

Les deux collections font donc leur apparition dans le catalogue numérique d’OXYMORON Éditions. La plupart des titres de celles-ci sont proposés au modique prix de 0,99 euro [à part « Le premier crime de Rosic » dans la collection « Commissaire Rosic » et « Ophélia & Cie » dans la collection « Serge Vorgan » qui sont offerts aux lecteurs afin de leur permettre de découvrir les deux auteurs et les deux personnages et « Le poignard de Cristal » dans la collection « Commissaire Rosic » et « La police est en alerte » dans la collection « Serge Vorgan », qui sont proposés à 1,49 euro du fait que les textes sont bien plus longs que ceux des autres épisodes].

Alors, n’hésitez pas à aller sur votre librairie numérique préférée afin de découvrir ces deux auteurs et ces deux personnages.

 

Collection Commissaire Rosic

  

Collection Serge Vorgan

 

Publicité
Commentaires
Loto Édition
Publicité
Loto Édition
  • Parce que l'édition est une véritable loterie dans laquelle il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus, il est grand temps que quelqu'un mette sa plume dans la fourmilière afin de faire connaître aux lecteurs la cruauté du milieu du livre !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
Pages
Publicité