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Loto Édition
28 février 2021

Le nez de Siméon

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Il est assez rare, quand je lis un livre, que je connaisse plus l’auteur par sa voix et son visage que par ses talents de romancier.

Ce ne fut le cas, si je ne me trompe, qu’une fois, en dégustant « Des femmes qui tombent » de Pierre Desproges.

Voilà que je réitère l’expérience avec « Le nez de Siméon » de Roger Couderc.

Roger Couderc, les personnes de moins de 50 ans ne doivent pas connaître et si, n’ayant pas encore atteint la limite fatidique, ce journaliste sportif évoque en moi des souvenirs impérissables, je le dois avant tout à mon père et à sa passion dévorante qu’il m’a transmise pour le rugby.

Effectivement, Roger Couderc, bien qu’il ait commenté des matchs de catch, du tennis, participé à la présentation d’émission comme Intervilles ou La Tête et les Jambes, demeurera dans l’esprit de la plupart des gens l’ayant connu comme LE commentateur de matchs de rugby et sa célèbre maxime « Allez les petits » résonne probablement encore dans l’esprit de ces chanceux.

Si le bonhomme a commenté des matchs à la radio, c’est avant tout et surtout et uniquement par ses commentaires à la télévision, sur France 2 (qui se nommait à l’époque Antenne 2) que, épaulé par Pierre Albaladejo, ses mots remontent à la surface de ma mémoire.

Car, il fait partie des premiers souvenirs de rugby télévisuels partagés avec mon père qui coïncidaient avec la première victoire du XV de France sur les terribles All Black en terre ennemie, le 14 juillet 1979.

Bien que tout petit, je n’étais pas bien grand, mais ces images et les paroles de Roger Couderc sont ma madeleine de Proust et la première brique de la construction de souvenirs en commun avec mon père dont un des derniers pans s’est écroulé il y a peu avec la mort de Christophe Dominici.

Bref, tout cela pour dire, bien que le temps passé en compagnie de la voix de l’auteur fut très court, puisque son dernier match international commenté fut le France-Galles de 1983, resté dans la mémoire des passionnés du ballon ovale à travers l’image du casque d’or et du maillot de Jean-Pierre Rives ensanglanté après un choc avec Serge Blanco, combien fut et est encore important dans ma vie ce fameux Roger Couderc.

Mais ce que les gens savent probablement, moi, d’ailleurs, je l’ignorais moi-même encore récemment, c’est que Roger Couderc écrivit un roman policier : « Le nez de Siméon » paru dans la collection « Le Masque » en 1965.

Le nez de Siméon :

Les habitants de Cariac, un village du Sud-Ouest, coulent des jours sans histoire, loin des remous des grandes villes. Mais un crime mystérieux secoue leur quiétude et la crainte s’installe dans les esprits, faisant tomber le masque de respectabilité qui recouvrait le visage de certains notables du pays. À la nuit, que se passe-t-il derrière les murs de Cariac, de ce village qui a peur ?… Un jeune détective amateur, Siméon Presignac, voudrait réussir à démasquer l’assassin avant l’inspecteur Bruel, de la Sûreté Nationale. Ces deux hommes sont amoureux de la ravissante Sylvie et ils savent très bien que le cœur de la jeune fille ira vers celui qui triomphera… Mais l’enquête piétine… et le meurtrier s’apprête à frapper une deuxième fois !

Un étranger retrouvé mort à l’extérieur d’un petit village du sud-ouest, un brigadier de gendarmerie se voit déjà résoudre le crime, mais on lui envoie un inspecteur de la capitale dans les pattes.

Siméon Presignac, chargé de faire des repérages pour la télévision dans la région, voit là une occasion pour se lancer dans une passion dévorante, l’activité de détective… Il s’adjoint les services de la belle Sylvie, dont il est amoureux.

Mais, alors que les trois parties cherchent le coupable, un second meurtre est perpétré…

De la part de Roger Couderc, on pouvait s’attendre à ce que son roman, bien que policier, alterne entre sa passion du rugby et celle des bons mots en prenant le chemin rassurant de l’humour…

Si l’ensemble baigne dans une certaine légèreté malgré des meurtres qui s’enchaînent, il n’en est pourtant rien.

Certes, il y a bien un match de rugby dans le roman, mais il est bien vite expédié et n’a aucune utilité dans l’intrigue.

Évidemment, il y a bien un peu d’humour, notamment à travers le personnage de Siméon Presignac dont le nez est l’atout principal (pour le flair de détective, mais également parce qu’il le tripote en toute occasion) détective et amoureux timide, mais déterminé.

Roger Couderc nous livre un panel de personnages hauts en couleur bien qu’il ne s’attarde sur aucun. D’ailleurs, le voudrait-il, qu’en 34 000 mots, il ne pourrait pas le faire, du moins, pas avec tous.

Aussi se concentre-t-il sur Siméon et Jean Bruel (l’inspecteur de Paris), délaissant quelques personnages intéressants et qui auraient mérité plus d’exposition, notamment, le petit Jules, pas si petit, mais garçon d’hôtel et ancien voyou, qui donnera un sacré coup de main au détective.

Il faut reconnaître à l’auteur une certaine aisance de plume et une habile et fragile narration. Car, sa façon d’enchaîner des passages très courts pour évoquer la situation des personnages aurait pu être, à force, rébarbative. Mais il n’en est rien.

Question intrigue, si celle-ci ne vole pas très haut, elle n’en est pas pour autant inintéressante et insipide et, mieux, dès que le détective annonce qu’il connaît le coupable, grâce à des informations que l’auteur nous a malicieusement tues, on se met à chercher qui peut bien être le criminel d’autant que, dans un final à la Agatha Christie, Siméon réuni, dans une scène finale, tous les protagonistes de l’histoire afin de les innocenter un à un jusqu’à pointer le coupable du doigt.

Si cette scène est malheureusement trop rapidement expédiée, notamment dans l’éviction des innocents, elle a au moins l’intérêt de laisser la suspicion sur les personnages que le lecteur n’aura pas manqué de suspecter successivement.

Et, alors que le lecteur pense avoir été perspicace, Roger Couderc, dans un habile subterfuge, trompe le criminel et le lecteur en dévoilant le coupable.

Ainsi, voilà un petit roman policier qui ne manque pas d’atout : une plume alerte, un peu d’humour, quelques portraits bien brossés, une intrigue qui tient la route, quelques rebondissements dont le dernier est inattendu… que demander de mieux ?

Au final, un petit roman policier rafraîchissant qui laisse regretter que Roger Couderc ne se soit pas plus penché sur le genre dans sa carrière, ce qui m’aurait permis de partager un peu plus de temps avec lui.

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