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Loto Édition
11 juillet 2021

L'homme à la bague

CouvIS02

H.J. Magog est, pour moi, une énigme.

Je sais, il l’est pour la plupart d’entre vous qui ne devez pas connaître cet auteur de littérature populaire.

Mais, même si j’ai déjà lu de nombreux textes de lui, il reste pourtant une énigme.

Énigme, car, depuis ses quasi-débuts jusqu’à la fin de sa carrière, Henry-Georges Jeanne, né en 1877 et mort en 1947, il fut capable d’écrire d’excellents romans policiers, modernes pour leur époque et à l’intrigue intéressante, mais également d’autres, bien plus désuets et dont les histoires étaient pour le moins tirées par les cheveux.

H.J. Magog signa de nombreux textes de ce pseudonyme ou d’autres (Jean de la Tardoire, Yves Chorsin, Jean Noal, Jean de Laon…) dans des genres aussi variés que le récit policier, sentimental, fantastique ou d’aventures.

Dans le domaine policier, il utilisa au moins deux personnages récurrents : le détective Paddy Wellgone et l’inspecteur Sive.

C’est pour ces deux héros qu’il écrivit ses meilleurs romans : « L’énigme de la malle rouge » pour Paddy Wellgone en 1912 ; « Le monsieur de Vichy » pour l’inspecteur Sive en 1940.

Entre les deux, ses récits fluctuent entre « Sympathiques », « Naïfs », « Désuets »…

C’est ce qui fait que l’auteur demeure pour moi une énigme.

C’est d’autant plus le cas que la lecture de « L’homme à la bague », publié en 1940 aux éditions R. Simon d’après un feuilleton publié en 1936 dans le magazine « Police Magazine », intervient après ma relecture de l’excellent « Le monsieur de Vichy » et que le style et le genre des deux romans sont diamétralement opposés, l’intérêt également.

L’HOMME A LA BAGUE

À l’Hôtel National, le richissime Tim Horgan a été agressé et abattu d’une balle de revolver en plein cœur par un individu lui ayant volé l’inestimable bague qu’il portait au doigt.

C’est en tout cas le témoignage que fait le valet de la victime, témoin furtif de la scène et qui a eu le temps d’enfermer l’assassin avant de prévenir les voisins puis de filer chercher la police.

Quand ceux-ci pénètrent courageusement dans l’appartement, ils ont la stupéfaction de découvrir Tim Horgan debout et surpris de cette intrusion.

Bientôt, l’inspecteur SIVE arrive à son tour pour mener son enquête, mais en lieu de mort, il se trouve face à un milliardaire bien vivant lui assurant n’avoir pas été touché par des coups de feu tirés pourtant à bout portant, qu’il ne sait où est passé son assaillant et qu’il ne désire pas déposer plainte malgré le vol de son bijou…

L’inspecteur Sive est chargé d’une bien étrange affaire. Un milliardaire a été agressé dans son appartement, par un homme armé qui lui a tiré dessus à bout portant par deux fois et lui a arraché la somptueuse bague qu’il portait au doigt. Le valet, témoin de la fin de la scène n’a que le temps de fuir, prévenant les voisins pour empêcher l’assassin de fuir le temps qu’il prévienne la police. Mais les voisins, courageux, pénètrent les lieux et découvrent le riche homme bien vivant et seul.

Quand l’inspecteur Sive arrive, la victime assure qu’il n’a pas été touché et qu’il ne sait pas par où a fui son agresseur et que, d’ailleurs, il ne porte pas plainte malgré le vol de sa bague.

Intrigué, l’inspecteur Sive décide de s’intéresser à cet étrange milliardaire…

H. J. Magog propose, dans ce court roman de pas tout à fait 24 000 mots, tous les ingrédients usuels de la plupart des petites enquêtes de son détective Paddy Wellgone : mystification, rebondissement rocambolesque s’appuyant sur des coïncidences et des hasards difficilement crédibles, usurpation d’identité, maquillages, multiples scènes manquant de liant, laissant à penser à une juxtaposition de récits indépendants reliés par une rapide réécriture…

D’ailleurs, cette dernière sensation (celle de raccrocher des petits récits indépendants pour simuler un roman d’une taille plus imposante afin de le proposer à un autre éditeur) naît également du fait que l’auteur était coutumier du fait. Changer le nom de ses protagonistes, relier plusieurs petits récits indépendants déjà publiés pour composer un roman et le proposer à un autre éditeur, il l’a déjà fait. Le jeu, après, consiste à retrouver les titres ainsi concaténés.

Ici, des détails laissent à penser que le texte résulte de telles pratiques sans pour autant que j’en ai acquis la confirmation.

D’abord, il y a cette impression que deux histoires différentes ont été liées. Ou alors, l’auteur a conçu une histoire manquant singulièrement de liant.

Ensuite, la présence du mot « détective » pour définir l’inspecteur Sive, peut résulter d’une réécriture d’une aventure de Paddy Wellgone (lui, détective). D’autant qu’on peut noter qu’un autre roman mettant en scène l’inspecteur Sive, « Un film dans la vie » datant de 1933 a été réécrite pour créer une enquête de Paddy Wellgone, « L’énigme des diamants », datant de 1936.

Toujours est-il que l’intrigue de ce titre est réellement rocambolesque, bien trop pour être crédible, et que les agissements de certains personnages sont difficiles à comprendre.

Certes, l’ensemble ne se démarque pas des enquêtes de Paddy Wellgone (excepté « L’énigme de la malle rouge ») de par le genre et le style, tant de l’écriture que de l’intrigue. Les personnages passent leur temps à se grimer pour passer pour un autre, les coïncidences sont nombreuses, trop et difficilement crédibles…

Alors, certes, la naïveté de l’ensemble, la désuétude du texte, peut participer à son charme, mais quand cette lecture fait suite à celle de « Le monsieur de Vichy », mettant en scène le même personnage principal, difficile de ne pas être déçu tant « L’homme à la bague » est loin de posséder les qualités de « Le monsieur de Vichy ».

Si on peut admettre et apprécier ces aventures abracadabrantes lorsqu’elles s’étalent sur 10 000 mots, la concision du récit pouvant justifier les facilités utilisées par l’auteur, il est plus difficile d’en faire autant sur un volume de texte permettant tout de même de développer une intrigue un peu plus chiadée.

Au final, « L’homme à la bague » est un petit roman décevant quand il intervient après la lecture de « Le monsieur de Vichy », avec le même personnage central, mais il plaira à ceux qui apprécient les enquêtes de Paddy Wellgone, du même auteur, tant le style est comparable.

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