Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Loto Édition
3 octobre 2021

La fugue de monsieur Victor

NOB09

Je poursuis donc ma lecture des aventures de « Mister Nobody, l’Homme au masque de satin », une série de 16 fascicules de 16 pages, double colonne, contenant des récits indépendants d’environ 12 000 mots et publiée à partir de 1946.

L’auteur en est un dénommé Edward Brooker, de son vrai nom Édouard Ostermann, né en 1904, est un écrivain dont on connaît peu de choses. À ce point même que l’on n’en trouve plus trace après 1947.

Avant la Guerre, il écrivit un bon nombre de romans policiers et d’espionnages.

Durant la Guerre, il se concentra sur des séries fasciculaires dont on retiendra « Pao Tchéou, le Maître de l’invisible » et, bien sûr, « Mister Nobody, l’Homme au masque de satin ».

Pour rappel, dans les 6 premiers épisodes, Mister Nobody, un gentleman cambrioleur dans la veine de ce qu’il se fait dans la littérature populaire de l’époque, fait équipe avec son fidèle serviteur, Jonas Cobb, alias Froggy parce qu’il a la face d’un batracien. Pendant que Nobody vole les riches Londoniens, Froggy fait les comptes et boit dès qu’il peut.

Mais, après être tombé amoureux, lors d’une traversée, d’une vieille et riche Américaine aussi éprise de la boisson que lui, Froggy va quitter son Maître pour retrouver son amour. Dans la foulée, Mister Nobody va rencontrer Évelyne, une voleuse dont il va s’éprendre et qu’il va prendre sous son bras.

Dès lors, les petites notes d’humour qu’apportait Froggy disparaissent et le récit se tend plus vers un genre sentimentalo-policier.

« La fugue de monsieur Victor » est le 9e épisode de la série :

LA FUGUE DE MONSIEUR VICTOR

Mister NOBODY, le gentleman cambrioleur, poursuit ses « vacances » en compagnie de sa belle Évelyne, à Paris.

Un soir, dans une boîte de nuit, alors que Mister NOBODY s’est absenté quelques minutes, un monsieur galant aborde la jeune femme pour lui rendre son gant tombé par mégarde.

Évelyne se laisse séduire par celui qui se présente sous le nom de Victor Burthier et le retour de son compagnon ne semble pas rompre le charme.

Après le départ de l’importun, Mister NOBODY la prévient : « Cet homme me déplaît foncièrement, darling. Vous êtes libre d’agir à votre guise, bien entendu. Puissiez-vous, cependant, ne regretter jamais, un jour, d’avoir dédaigné mes sages conseils. »

Mais Évelyne, à son grand désespoir, va faire fi de la mise en garde !

Toujours à Paris, Mister Nobody décide d’amener Évelyne au Negresco. Alors qu’il se rend aux toilettes, un inconnu en profiter pour aborder Évelyne pour lui tendre le gant qu’elle a fait tomber.

Celle-ci tombe immédiatement sous le charme du jeune homme qui se prénomme Victor.

Quand Mister Nobody revient, Victor poursuit malgré tout son entreprise de séduction.

Quand, enfin, Victor s’en va, Mister Nobody prévient Évelyne qu’il ne sent pas du tout l’inconnu. Mais celle-ci, déjà sous le charme, n’en a que faire.

Tandis que des affaires rappellent Nobody à Londres, Évelyne va en profiter pour revoir et revoir encore Victor…

Bon, autant le dire tout de suite, cet épisode n’a de policier que la toute fin. Le reste navigue, au mieux, vers le drame et au pire vers la bluette sentimentale.

D’ailleurs, Mister Nobody est quasiment absent du récit. Il apparaît au tout début et à la toute fin.

C’est dire si l’ensemble dénote des premiers épisodes de la série même si les deux précédents laissaient craindre un tel débordement.

Heureusement, dans l’épisode suivant, Froggy revient (il s’intitule « Le retour de Froggy »).

Heureusement bis, il semble bien qu’Évelyne disparaisse de la série. Tant mieux !

Tant mieux, car, outre le fait de pervertir une série policière d’aventures et d’humour pour la transformer en comédie romantique, le personnage s’avère, en plus, bien pâle.

Pâle, comme peuvent l’être à peu près tous les personnages féminins de la littérature populaire policière de l’époque.

Dans ce monde, une femme n’a pas une place prépondérante ni même glorieuse, même les meilleures.

Attention, des révélations vont être faites par la suite :

Ce sera le cas pour Évelyne qui va bien vite oublier son mentor, lui mentir, le tromper…

Ceci dit, elle en sera punie.

L’auteur s’appuie sur un phénomène souvent utilisé à l’époque (parce que courant dans la vraie vie), la traite des blanches et l’envoi de femmes en Amérique du Sud pour les faire travailler dans des maisons closes.

Pour autant, vu de notre époque (était-ce la même chose dans les années 1940), il semble que les moyens employés par Victor pour arriver à ses fins sont à la fois chronophages et bien coûteux pour un résultat pouvant être obtenu par un simple kidnapping.

Fin des révélations :

Pour ce qui est du texte lui-même, s’il n’est pas désagréable à lire, la naïveté exaspérante d’Évelyne, le fait que l’on se doute de ce qu’il va se passer par la suite, et surtout, la sortie du genre policier, font que l’épisode est assez décevant (même si la fin est un soulagement à plus d’un titre).

On ne peut donc qu’être pressé de lire l’épisode suivant et de retrouver enfin Jonas Cobb en espérant, pauvre de lui, que son histoire d’amour avec la vieille Américaine ait pris du plomb dans l’aile et qu’il revienne définitivement auprès de son maître.

Au final, plus bluette sentimentalo dramatique que récit policier d’aventures, cet épisode est décevant de par son changement de genre.

Publicité
Commentaires
Loto Édition
Publicité
Loto Édition
  • Parce que l'édition est une véritable loterie dans laquelle il y a beaucoup d'appelés et très peu d'élus, il est grand temps que quelqu'un mette sa plume dans la fourmilière afin de faire connaître aux lecteurs la cruauté du milieu du livre !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Archives
Pages
Publicité