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Loto Édition
31 janvier 2021

Malemort

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J’ai beau y mettre beaucoup de bonnes volontés, avoir, pour cela, réduit l’éventail de mes choix de lecture, je sais depuis bien longtemps que jamais je n’aurai le temps de découvrir tous les auteurs de langue française de récits policiers.

Pourtant, malgré cela, il m’arrive parfois de me demander comment j’ai fait pour ne pas connaître encore tel ou tel auteur. De par la qualité de sa plume ou, au moins, par l’immensité de sa production.

C’est une nouvelle fois le cas avec l’auteur du jour : Serge Laforest.

Serge Arcouët de son vrai nom, l’auteur, sous divers pseudonymes (Serge Laforest, Russ Rasher, Terry Stewart ou... John-Lee Silver – un pseudonyme commun utilisé également par Léo Malet).

Né en 1916, mort en 1983, à Nantes, il débute sa carrière d’écrivain en 1947.

Serge Arcouët a pour particularité, sous le pseudonyme de Terry Stewart, est le premier auteur français a être publié dans la mythique « Série Noire » chez Gallimard, en 1948.

On notera également qu’il est l’auteur de plus de 140 romans dont 115 pour les éditions Fleuve Noir, 35 pour la collection « Spéciale Police », 80 pour « Espionnage »…

« Malemort » est un roman publié dans « Spéciale Police » en 1967.

Malemort :

Qu’est-ce que l’homme ? L’homme est un être souvent absurde, créateur de la guerre et des larmes, et souverain maître de ce qui ne lui appartient pas. 

Cette paraphrase audacieuse s’ajuste à la personnalité d’Édouard Fluet ; comme un complet-veston du grand faiseur. 

Certes, dans cette histoire, il y a meurtre, douleur, amour et déchirements, mais, au-dessus du drame, plane quelque chose qui ressemble d’assez près à une énorme farce.

À Eytranglon-le-petit, c’est la stupeur. Valérie Cloque s’est suicidée par crainte de la honte d’être tombée enceinte de Édouard Fluet, fils de la famille influente de la région…

Le jeune homme profite de sa position et du fait de diriger l’usine de bouton-pression, principale source d’emploi de la région pour courir les jupons…

Aussi, quand Édouard Fluet est retrouvé étranglé au milieu d’un étang gelé, les suspects et suspectes ne manquent pas.

Ce sont les gendarmes Belhomme et Carbucci qui vont devoir enquêter…

Serge Laforest fait revivre les deux gendarmes de son roman précédent (et peut-être d’autres), « Un pas en enfer » paru dans la même collection en 1966.

D’ailleurs, en exergue de ce roman, Serge Laforest avoue avoir écrit une bouffonnerie, un simple divertissement. Ce sera encore le cas avec « Malemort ».

Car les noms des lieux et des protagonistes ne laissent aucun doute sur l’envie de l’auteur de s’amuser, d’empreigner son récit policier d’humour. Depuis le nom du village, Eytranglon-le-petit, jusqu’aux noms des protagonistes : Valérie Cloque, la fille enceinte, Germain Fluet, un colosse, sa femme, né Coltoux-Memlefert, l’abbé Satant, le colonel Frousse, Irma Bausesque, Lavasse, Visigaux… la marquise de Meytondoix…

C’est d’ailleurs, à mon sens, souvent le problème lorsqu’un auteur veut faire de la galéjade, de sombrer dans les noms rigolos. L’artifice est facile et pollue souvent la lecture, car, à trop l’utiliser, le lecteur (du moins, moi) cherche derrière tous les patronymes, le jeu de mots, même quand il n’y en a pas.

Le second souci est la multiplicité des personnages de ce roman. Certes, celui se pose comme une sorte de chronique d’un village et, par conséquent, se doit d’exposer les habitants dudit village, mais on a du mal à se rappeler qui est qui.

Question intrigue, bien évidemment, celle-ci ne vole pas très haut, mais l’on pouvait s’en douter et ce n’est sûrement pas ce que voulait mettre en avant l’auteur.

Si l’écriture est fluide, agréable dans son ensemble, on pourra regretter que l’auteur ne s’intéresse pas plus aux deux personnages qu’il a pourtant ressortis des placards pour l’occasion : les deux gendarmes.

Car, effectivement, ce sont ces deux personnages le point fort du roman et, surtout, la relation de ceux-ci avec une femme particulière. Carbucci et son amour pour Suzanne Chandoiseau et, surtout, Stanislas Belhomme et son rapprochement avec la marquise de Meytondoix, une femme d’une soixantaine d’années. Rapprochement platonique et intellectuel, mais pour le moins intéressant et plutôt bien mené.

On suivra donc des deux aventures en parallèle d’une enquête plutôt banale.

On notera le travail de l’illustrateur Michel Gourdon pour la couverture.

Au final, un roman policier à ambiance humoristique qui, s’il ne permet pas de se bidonner et s’il ne révolutionne pas le genre, est plutôt plaisant à lire.

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