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Loto Édition
4 avril 2021

Mon oncle a disparu

CouvMOAD

Je poursuis ma découverte de la plume de Maurice Lambert, alias Géo Duvic, un auteur, chansonnier, amateur de pêche né en 1900 et probablement mort en 1968.

Pour ce faire, rien de tel, pour moi, de m’intéresser aux personnages récurrents des auteurs. J’ai de la chance, Maurice Lambert en a développé plusieurs, au moins quatre : le commissaire Mazère, l’inspecteur Machard, le commissaire Garnel et A.B.C. Mine.

Pour l’instant, mes lectures sont alternées entre Mazère et Machard, deux personnages de policiers assez proches (suffisamment pour qu’on puisse les confondre) dont on trouve des aventures dans au moins deux collections entre 1942 et 1945 : « Police Express » des éditions A.B.C. et « Collection Rouge » des éditions Janicot.

Si tous sont des fascicules de 32 pages, les premiers sont de petits fascicules carrés contenant des récits entre 7 500 et 10 000 mots et les derniers des fascicules plus grands, imprimés en double colonne et contenant des récits entre 10 000 et 15 000 mots.

« Mon oncle a disparu » est paru en 1944 dans la « Collection Rouge » des éditions Janicot. On y retrouve le commissaire Mazère.

MON ONCLE A DISPARU

Le commissaire MAZÈRE est envoyé chez M. Grollet, un ami du préfet, dont l’oncle, M. Gravelot, s’est volatilisé.

Étrangement, dans la demeure, personne ne s’inquiète de cette disparition qualifiée d’escapade d’un vieillard un peu excentrique. D’ailleurs, celui-ci serait coutumier du fait.

Quand MAZÈRE apprend que le fugueur s’est rendu dans une bijouterie pour y récupérer ses diamants d’une valeur de deux millions puis qu’il est allé à sa banque encaisser un chèque de plus de 600 000 francs, il pressent qu’un malheur est arrivé.

Aussi n’est-il pas surpris quand la gendarmerie le contacte pour lui annoncer la découverte du corps sans vie de M. Gravelot au volant d’une voiture accidentée, lui qui ne savait pas conduire !

Mais l’étonnement fait place à la stupéfaction lorsqu’un peu plus tard, on trouve à nouveau M. Gravelot mort, un couteau planté dans le cœur…

Deux cadavres de M. Gravelot, indéniablement, il y en a au moins un de trop !...

Le commissaire Mazère doit marcher sur des œufs, il a été envoyé chez un ami du préfet pour enquêter sur la disparition de son oncle avec pour avertissement de prendre des pincettes.

Mais la légèreté avec laquelle les membres de la famille Grollet prennent la disparition du vieux Gravelot énerve le policier au plus haut point même s’il tente de le dissimuler.

Certes, le vieux a déjà fugué, mais, tout de même, on peut s’inquiéter pour un vieil homme qui n’arrive à se déplacer qu’à l’aide de ses béquilles.

La situation devient inquiétante quand il apprend que le vieillard s’est rendu dans une bijouterie récupérer ses bijoux pour une valeur de 2 millions et qu’il a fait un retrait de 680 000 francs à la banque.

Aussi n’est-il pas étonné d’être prévenu que le corps de Gravelot a été découvert même si c’est dans des circonstances étranges. Par contre, il ne s’attendait pas du tout à ce que l’on retrouve une deuxième fois, monsieur Gravelot mort d’une façon différente.

Désormais, je suis certain (même si je n’en doutais pas au vu de mes précédentes lectures) que Maurice Lambert était un auteur maîtrisant parfaitement le format court du fascicule de 32 pages ce qui n’était pas donné à tout le monde.

Encore une fois, l’auteur propose un récit policier qui correspond parfaitement à un roman en condensé comprenant, malgré le manque de place, tous les passages obligatoires du genre.

En effet, bien trop souvent, à la lecture de textes de ce format, rédigés par des auteurs avec moins de maîtrise, on a un peu la sensation que le texte a subi des coupes drastiques, que certains passages ont été sacrifiés, voire éludés totalement afin de rentrer dans les clous.

Ce n’est jamais le cas (jusqu’ici) avec les textes de Maurice Lambert.

En plus, l’auteur ajoute à cette qualité déjà prépondérante, un certain style et n’hésite pas à prendre, parfois, un peu de temps, pour poétiser ou amuser le lecteur. Il n’hésite jamais à appuyer sur un détail et d’en faire un leitmotiv ou un running gag (comique de répétition) voire, une sorte d’anaphore métaphorique (oui, le terme est compliqué à saisir tout comme il l’est à expliquer), utilisant la répétition d’un geste donc d’un acte visuel pour simuler un état d’esprit, qui, lui, n’est pas visuel. Je vous rassure, il ne le fait pas tous les temps, mais cela lui arrive et c’est fort agréable (et ça ne fait pas mal).

Cette fois encore, Maurice Lambert propose une intrigue simple (concision du format oblige) et qui tient, il faut bien le reconnaître, uniquement quand elle est retransposée dans son époque (une période où la police partait à la recherche de suspects à partir de portraits parlés) et ne tiendrait plus la route actuellement. Mais on ne peut reprocher à l’auteur de n’avoir pas su prédire l’avenir, non plus.

Intrigue simple, donc, mais qui elle aussi comporte tous les éléments d’une intrigue plus grande. Elle débute par un acte anodin, se poursuite en inquiétude, puis en mystère et en mystère par dessus le mystère. Se résout par une enquête, des interrogatoires, un peu de chance, de la clairvoyance. Et se termine par un rebondissement (prévisible ou non, tout dépend de la perspicacité du lecteur).

Que demandez de plus ? Un peu d’humour ? Il y en a !

Après, les seuls défauts que l’on pourra trouver au récit sont ceux qui sont inhérents au format : des personnages à peine esquissés, un manque de complexité de l’intrigue, des carences que l’on connaît et que l’on accepte quand on s’intéresse à la littérature fasciculaire.

Au final, plus on lit Maurice Lambert, plus on apprécie ses récits qui sont des sommets dans le monde du fascicule de 32 pages.

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