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Loto Édition
11 octobre 2020

Le suspendu de Conakry

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 Il est parfois des rencontres qui ne sont dues qu’au hasard.

C’est une nouvelle fois le cas avec Aurel Timescu, le consul de France né de la plume de Jean-Christophe Rufin.

C’est en survolant les nouvelles critiques littéraires déposées sur un site regroupant des passionnés de lecture que je tombais, presque par hasard, sur une critique dithyrambique sur « Le suspendu de Conakry », le premier tome d’une série policière mettant en scène l’étrange personnage qu’est Aurel Timescu, un roumain ayant obtenu la nationalité française et devenu Consul de France dans divers pays dont, pour ce premier opus, la Guinée.

Raaa, si vous lisez mes différentes critiques, vous savez désormais que je ne lis que du roman policier de langue française et que je raffole des personnages récurrents, encore plus, lorsqu’ils sont atypiques.

Pourtant, voilà bien un livre sur lequel je ne me serais jamais penché (sans cette critique) tant la couverture de me donnait pas envie de découvrir le texte qu’elle est sensée défendre.

De plus, ne connaissant pas Christophe Rufin, n’étant pas spécialement attiré par l’univers des consulats ni celui des pays lointains, il y avait de fortes chances que jamais je ne me penchasse sur ce roman.

Mais comme les belles rencontres (comme les mauvaises et comme les anodines) sont souvent le fruit du hasard, c’est par le truchement d’un avis éclairé et passionné d’un lecteur que je me décidais à m’intéresser au petit Aurel.

Jean-Christophe Rufin, l’auteur, est né en 1952 et, en plus d’être écrivain, est médecin et, surtout, ancien diplomate et ambassadeur de France en Afrique. De plus, il est devenu membre de l’Académie Française.

Comme les auteurs ont souvent tendance à parler de ce qu’ils connaissent le mieux et à mettre leurs expériences au service de leur plume, il n’y a donc rien d’étonnant que J.C. Rufin ait développé un personnage de Consul ni que celui-ci exerce en Afrique.

Pourtant, le personnage d’Aurel Timescu est né sur le tard, en 2018 et n’a, pour l’instant, vécu que trois enquêtes : « Le suspendu de Conakry », « Les trois femmes du Consul » et « Les flambeurs de la Caspienne ».

Aurel Timescu, outre ses origines (pour un consul de France) a pour autres originalités, pour un enquêteur, d’être un petit gabarit, hyper sensible, timide, ancien pianiste de boxons et de porter des tenues d’un autre temps. Mais sa capacité première est de posséder une résistance hors norme aux vexations, aux critiques et aux remarques désobligeantes que son accent, son physique et sa vêture ne cessent de provoquer.

Le suspendu de Conakry :

Comment Aurel Timescu peut-il être Consul de France ? Avec sa dégaine des années trente et son accent roumain, il n’a pourtant rien à faire au Quai d’Orsay. D’ailleurs, lui qui déteste la chaleur, on l’a envoyé végéter en Guinée où il prend son mal en patience.
Tout à coup survient la seule chose qui puisse encore le passionner : un crime inexpliqué. Un plaisancier est retrouvé mort, suspendu au mât de son voilier. Son assassinat resterait impuni si Aurel n’avait pas trouvé là l’occasion de livrer enfin son grand combat contre l’injustice.

Aurel Timescu, roumain exilé politique en France, ayant subi la dictature de Ceausescu, obtient la nationalité française et un poste dans la diplomatie grâce à un mariage avec la fille d’un diplomate à laquelle il donnait des leçons de piano pour gagner quelques sous après une expérience qu’il trouvait dégradante de pianiste de bars à hôtesses.

Mais sa timidité, son physique et sa façon de s’habiller font qu’il est souvent méprisé par ses supérieurs, ce qui est le cas à Conakry, et, comme il ne peut être viré du fait de son statut, on le met souvent au placard.

Mais Aurel Timescu accepte son sort et passe son temps à rêver... à rêver d’énigmes, une de ses passions avec le piano et le vin blanc.

Aussi, quand, un matin, le corps d’un français est retrouvé suspendu par le pied au mat de son bateau dans la Marina de la ville, Aurel Timescu, sous couvert de faire son métier de consul de France, se lance dans une enquête qui va le consumer et le révéler...

Autant le dire tout de suite, la grande force de ce roman réside dans l’originalité du personnage d’Aurel Timescu. De par sa profession, déjà, car il est rare qu’un enquêteur soit diplomate. De par son passé et ses origines, ensuite. De par sa façon d’être, de se comporter, de s’habiller, enfin.

Si ce n’était son penchant pour l’alcool, malheureusement défaut chronique de la plupart des policiers et enquêteurs littéraires, Aurel Timescu serait l’image même de l’originalité.

Ce petit consul s’habillant avec une recherche d’un autre temps, d’un autre monde, et ce malgré une chaleur accablante, s’exprimant avec un accent prononcé, d’une émotivité et d’une timidité handicapantes, a tout du souffre-douleur, de l’homme que l’on méprise et que l’on sous-estime.

Mais Aurel Timescu fait avec et se plonge dans la musique et dans l’alcool pour oublier ou pour avancer.

Voilà donc pour le grand point fort : Aurel Timescu.

La plume de l’auteur est agréable et efficace et le milieu de la diplomatie suffisamment peu usité dans les romans policiers pour ajouter de la plus-value à l’ensemble.

Pourtant, force est de constater que je ne fus pas emballé pendant une bonne moitié du roman.

Non pas que la lecture soit indigeste, encore moins indigente ou que le personnage soit inintéressant. L’ambiance, plutôt bien rendue, n’était pas non plus la raison de cette réticence.

Les raisons de cette retenue viennent, selon moi, de l’intrigue, qui n’est pas folle, loin de là, et du personnage principal qui, dans la première moitié du roman, est, certes, attachant, mais peine à enthousiasmer le lecteur que je suis. Il ne suffit pas d’apporter des originalités à un personnage pour en faire un héros intéressant. Encore faut-il que ces particularités en fassent un enquêteur si ce n’est efficace, au moins, particulier.

Et c’est, effectivement, dès qu’Aurel Timescu dévoile sa façon d’enquêter, de réfléchir, de conclure et d’agir, qu’il prend alors sa pleine puissance et qu’il devient exaltant à suivre.

Malheureusement, dans ce premier opus, probablement du fait de devoir présenter progressivement le personnage, cette métamorphose intervient un peu trop tardivement.

Cependant, la première partie du roman est tout de même agréable à lire. On apprend à connaître Aurel Timescu, à l’apprécier, mais pas encore à le respecter en tant qu’enquêteur. Cela viendra après.

Mais je ne peux m’empêcher, avant de conclure, de revenir sur cette fameuse couverture qui aurait dû me faire fuir ce roman et que j’aurais, d’ailleurs, boudé, sans l’auteur de cette critique empreinte de passion.

Elle comporte tout ce que je déteste en matière de couverture, du moins dans la plupart des versions.

Déjà, je ne raffole pas des photos en couverture. C’est mon côté passionné de littérature populaire du siècle dernier et du travail des illustrateurs qui ont tant fait pour magnifier les ouvrages (Michel Gourdon, Gil Baer, René Brantonne...).

Ensuite, je déteste, par-dessus tout, quand le nom de l’auteur est plus grand que le titre du roman. C’est un roman que je veux lire, pas la bio d’un auteur.

Enfin, si je ne trouve pas nécessaire, loin de là, que la photographie de l’auteur soit placardée en 4e de couverture, je ne comprends pas le besoin de l’afficher en 1re de couverture. Là encore, c’est un livre que je veux lire, une histoire, avec un personnage, pas la bio d’un auteur.

Au final, s’il ne faut pas juger un livre à sa couverture et si l’habit ne fait pas le moine, il ne faut quand même pas pousser mémé dans les orties. Un bon roman prometteur pour la suite de la série, mais qui pêche par une intrigue un peu légère.

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